Vous pouvez aussi lire sur le même sujet, un texte plus court écris avec deux personnes supplémentaires (Antonin et Xavier) pour Infos et Analyses Libertaire n°94 (fev-mars-avril 2013).
http://www.c-g-a.org/?q=content/le-conspirationnisme-danger-et-impasse-dune-critique-sociale
Le texte est aussi disponible au format PDF A4 (4 pages) : http://www.mediafire.com/view/?3mn21izxet733xz
LE
PROBLÈME DU CONSPIRATIONNISME
Nous sommes confrontés
quotidiennement a des « événements », c’est-à-dire,
en général, des faits sélectionnés par des personnes a qui nous
faisons confiance, ou a un battage médiatique autour d’un thème
qui prend dans un contexte spécifique une forme particulière.
Ces événements sont souvent,
soit « attendues », (dans le sens : qui confirme des
thèses établies, pas forcément que l’on aurait souhaité) et
sont alors employés a titre d’exemple, soit « innatendues »,
mais « divertissante » (au sens de nous sortir du
quotidien), ou alors massive (et il est difficile de ne pas en
parler).
Habituellement, on fourni une
petite explication, raison, cause, à cet événement, et souvent
l’explication courte suffit (ce qui ne veut pas dire qu’on y
accorde la véracité). Mais parfois, et dans certaines conditions
(Internet le plus souvent), on est confrontés à explication qui peu
paraître « folle » ou, « extravagantes », ou
encore « peu crédible ».
La première réaction est
souvent la défense, on accuse le transmetteur de l’idée de
conspirationnisme, et on s’écarte ainsi de partager sa
proposition. Cette réaction pose deux problèmes.
D’abord, il n’est pas
certains que le transmetteur est faux. Il faudrait pouvoir le
vérifier (ce qui pose un problème que nous abordons dans le texte).
Ensuite, l’accusation de
« conspirationnisme » peut-être perçut comme une
insulte, une manière d’éluder le débat.
L’attitude que nous aimerions
prendre plus souvent, relève d’une hygiène mentale, d’un
scepticisme rigoureux. Mais c’est précisément autour et sur le
« doute » lui même, que l’on relie aussi bien le
« conspirationnisme », que les raisonnements rigoureux.
Par ce texte, je cherche
essentiellement à montrer :
D’abord que ce que nous
appelons le « conspiratonnisme », bien qu’ils
paraissent extravagant, baroque, est une pratique qui peut devenir
facilement banale, étant le résultat sommes toutes de processus
mentaux courants.
Ensuite à montrer comment on
peut distinguer, repérer ses types de discours, disons limite.
Enfin, je propose une petite
réflexion sur comment agir vis-a-vis de ces discours.
Je ne pense pas avoir totalement
cernés le sujet, et je suis conscient de nombreuses lacune de ce
texte, mais j’ai ressenti le besoin de ce dernier. Si certains se
sentent de produire autre chose, de plus élaboré, ce sera
bienvenue.
Ambiguité de
la critique (Doute, Nihilisme et Paranoïa). Pour
distinguer l’usage du « scepticisme » que revendique
les dit « climato-sceptique » ou autre partisans d’un
conspirationnisme, il faut retourner a la distinction que proposait
Nietzsche entre l’usage du soupçon à travers le relativisme
(« nihilisme actif »), qui est un outil situant1,
et le nihilisme (« nihilisme passif »), selon
lequel « tout se vaut ».
Je
propose d’identifier une
troisième forme de doute avec
Descartes, sous le nom de
doute aliéné2,
qui
suit le visage en creux d’une idéologie
ou thèse particulière (les
réponses précèdent les questions : existence
de Dieu, conspiration qui
s’emploie a nous tromper etc.)
et adopte certaines
croyances spécifiques (les organisations discrètes ou secrètes
sont forcément
toutes puissantes par ex.). C’est
une forme de doute que l’on met communément en place par peur, ou
méfiance, plus que par raison. Cela traduit un certaine dépendance
psychologiquement à une croyance fondatrice
sur laquelle serait bâtie d’autres croyances secondaires,
voire comportements, ou la personnalité entière. On élabore alors
des défenses plus ou moins proportionnelle a la sensation
d’agression, qui peuvent paraître irrationnelles.
Radicalisé,
ce chemin mène
a un tempérament paranoïde, qui
a la différence de la paranoïa (attaque
de l’égo),
attaque un, ou son
monde3 (il
ne s’agit pas de catégoriser des personnes ou de les
psychologiser).
C’est
la
banalisation de « l’utilisation
de modes d’expression paranoïaques4 »,
comme
style critique, initialement marginal qui certes, n’est pas le
nôtre, mais est susceptible de devenir celui de n’importe qui5.
Il
est remarquable par :
a) L’absence
d’accès « direct » au réel. Tout
est signe de quelque chose. La
représentation est le réel, et le réel n’existe qu’a travers
sa représentation6.
L’absence de preuve ne
vient pas affaiblir ou contredire la proposition, voire au contraire
(« Si on a pas de
preuve, c’est qu’ils sont très fort »).
On fait « feu de tout
bois », des éléments anodins sont confondus a la
fois comme indices et preuve.
Tout tribunal est critique vis-à-vis d’une source figurative
(photo, peinture), ou audiovisuelle, et sceptique vis-à-vis d’un
témoignage. L’essentiel d’une accusation, surtout d’importance,
se base sur d’autres éléments. Le tempérament paranoïde
accordent une attention et un assentiment démesurée au témoignage,
ou a des enregistrements avec très peu de regard critique. Ils
rassemblent aussi des éléments éparses, décontextualisé ou
intriguant (par ex. des morts massive d’oiseau, dont on sait
qu’elles sont souvent le résultat d’empoisonnement collectif ;
ou encore des pannes de boussole ou de radio) comme preuve d’un
complot.
Il
est possible que l’idée terminale paranoïde,
soit
que le monde, et chaque partie du monde à une fin (une
finalité, un objectif). Et
si cette fin guide les objets sans être inscrit en eux, il faut se
détacher des objets du monde et examiner leurs
dynamiques
pour en déterminer, décrypter
la téléologie. C’est une
gigantesque entreprise de déduction.
b)
Un holisme occulte.
Dans cette dynamique « tout
est lié, mais de façon occulte7 »
(contrairement a un holisme scientifique). Il faut trouver les
indices d’interconnexions, là ou rien n’est tel qu’il paraît
être. « Les
ennemis réels ou véritables ne sont pas nécessairement les plus
visibles, ils sont même le plus souvent des ennemis cachés. Quant
aux amis, il convient de s’en méfier. Les pires ennemis savent se
travestir en amis proches. ».
On
passe de la rationalisation a la ratiocination. On
est voué « au
décodage interminable. Le démon du soupçon fait couple avec le
démon de l’analogie. Toute interprétation est vouée à rebondir
en une autre, à être elle-même réinterprétée, sans fin. Car les
indices sont contradictoires et les pistes multiples. ».
La
méfiance est reine, sauf sur la
possibilité de se tromper, d’invalidé sa thèse de départ.
Ce
secret est souvent
douteux ou disons relatif :
« caché »
par rapport « à qui ? ». Il y a peu de chance pour
que ce
que fait une institution gouvernementale soit
secret pour le gouvernement qui est son employeur, alors que pour la
population, c’est trivial.
Ce
secret paraît incohérent, puisqu’il est si bien réalisé qu’en
général une personne suffirai a le révéler8,
là ou il faut des
armées de scientifiques et
de chercheurs pour décrypter
ou briser le moindre code.
Tout ce qui est
caché a t’il la même importance ? Et
qu’est ce qui est caché ? Les conséquences d’un accident,
quelque chose que l’on a pas voulu, mais qui est arrivée de
manière imprévues par un tiers ? Ou une action complète ?
Ces
distinctions échappe totalement au tempérament paranoïaque.
c) Un
Volontarisme omniscient. Tout
est le produit d’intention ou de volonté cachées. Tout à été
pensée, préparé, programmé et donc non seulement rien n’est
insensé (même les catastrophes dites naturelles sont le fruit de
Dieu, ou plus laïque : d’arme climatique), mais en plus, rien
n’arrive par hasard, accident, imprévus, maladresses ou, erreurs
de jugements. La tendance à repousser le hasard est une tendance
commune qui n’a rien de spécifique au tempérament paranoïde,
mais ces derniers ne le fond
pas à l’occasion, mais en
permanence.
Il
en est souvent déduis que «
tout ce qui arrive a été
voulu par ceux à qui cela profite.9»
C’est-à-dire que
l’analyse des personnes qui bénéficie d’une action signe dans
le même mouvement ceux qui en sont à
l’origine. Par conséquent
toute déclaration non critiquée sera
retenue « comme
« confirmée » par accord tacite10 »
En l’absence de preuve le comportement paranoïde consiste
essentiellement en des procès d’intentions, ou des
agresseurs incohérent ou fantasmés11.
Un lieu commun de la rumeur, et qui par ailleurs est une pratique
tellement courante qu’elle explique que beaucoup d’entre nous
participent malgré eux a la transmission de rumeurs, sans même s’en
apercevoir.
On
peut,
aussi
mettre de côté ces
« explications »,
et se contenter de cerner les problèmes de certains
raisonnements :
Enfin plusieurs biais cognitifs reviennent couramment12 :
Biais
de confirmation d'hypothèse :
accorder plus de poids
aux preuves qui confirment les croyances de départ.
Visible a travers des
erreurs systématique en faveur d’une thèse spécifique.
Celles-ci ne sont pas forcément admise, voire corrigée et
finissent au mieux par « disparaître » au lieu
d’établir un historique public de progression.
|
Déséquilibre
des exigences, ou
comparaisons inadéquate : demande
plus de preuves et détails pour la proposition
critiquée,
que pour sa
propre proposition.
|
Effet
de récence :
tendance à mieux se
souvenir des dernières informations auxquelles on a été
confronté.
|
Biais
de disponibilité :
ne
pas chercher d'autres informations que celles immédiatement
disponibles.
|
Biais
sur le négatif :
tendance à prêter
davantage attention aux éléments négatifs.
|
Focus :donner
trop d'importance à l'aspect d'un événement modifie les
perceptions suivantes.
|
Illusion
des séries :
percevoir à tort des
coïncidences dans des données au hasard. Cela est dû à la
sous-estimation systématique par l'esprit humain de la
variabilité des données13.
|
Oubli
de la fréquence de base :
oublier de considérer la
probabilité statistique lorsque survient un événement.
|
Illusion
de causalité par similarité
[ou sophisme du tireur d’élite Texan] : Sélectionner
des événements possédant des caractéristiques similaires et à
en déduire une relation causale sans
preuve et alors même
que leur fréquence
peut-être
aléatoire.
|
Effet
de simple exposition :
augmentation de la probabilité d'avoir un sentiment positif
envers quelqu'un ou quelque chose par la simple exposition répétée
à cette personne ou cet objet.
|
Dissonance
cognitive :
réinterpréter,
approuver, voire
éliminer les faits ou
croyances en
contradictions14.
|
Effet de mode : acceptation plus facile quand un grand
nombre de personnes croient une information ou pratiquent un
comportement donné.
|
L’aporie
qui renverse la charge de la preuve
(Les athées devraient
prouver la non-existence de Dieu ; Le
gouvernement, prouver qu’il n’y a pas de complot...).
Auto-réfutation ou Auto-entretient. Le problème de
certains propos de « types paranoïde », n’est pas
qu’ils évoquent leurs croyances, mais qu’ils refusent que l’on
puisse les critiquer, même sous forme d’analyse de probabilité.
Il n’avance pas de proposition qui, si elle était invalidable (par
la personne a qui elle la propose15)
lui ferai abandonner sa thèse. Au contraire il multiplie les
dispositifs d’auto-réfutation. Ainsi certaines personnes critiques
de la psychanalyse sont considéré comme « à traiter »,
celle du communisme comme des « bourgeois ».
Conspirationnisme
Pourquoi ne pas
parler directement de conspirationnisme ?
Parce qu’il apparaît que le conspirationnisme n’est qu’une
forme d’un problème plus général qui serait le comportement
paranoïde, lui même corrélé a un ensemble de condition favorisant
ce comportement.
1.Origines.
Les
analyses séparent
en général une approche psychologique (perçu souvent comme
dégradante, en tout cas
insuffisante16),
et une approche sociologique. Il s’agira ici, non pas de
culpabiliser les partisans des théories du complots, mais de se
servir des connaissances psychologiques
afin d’éviter des raisonnements de peu de valeurs et de
reconnaître les influences contextuelles pour pouvoir les diminuer
et éviter le raisonnement de type conspirationniste.
La quête du sens se repend communément à travers ses
proches, la philosophie, les religions, les narrations des médias.
Cependant de nombreuses raisons de douter de la qualité et de
l'intérêt de ces narrations sont apparus au cours des siècles.
Organisation sociale. Les guerres de religions et les lumières
ratio-humanistes européennes ont largement miner l'emprise
religieuse (sans complètement la faire disparaître). Les médias
très corporatiste, constitué par une classe relayant non seulement
l'idéologie dominante, mais proche des milieux dont certains
pensaient qu'ils devaient être un contre-pouvoir, ont une influence
grandement relativisé, mais omniprésente (les espaces de liberté
conquis par la diminution du travail se sont reportés sur la
consommation d’industrie médiatique comme la télévision).
Il y a de bonne raison de douter de ces histoires, et le
savoir de type scientifique ne donnant pas de réponse immédiate et
simple a la recherche du sens, celle-ci s'épuise à travers d'autres
moyens.
Mais cet épuisement, cette recherche spécifique de
connaissance ne se pratique pas forcément avec méthode d'une
part, et d'autre part même orienté, tous
les chemins ne se valent pas, même s’ils mènent a un
« sens », un paysage attendu.
Nous avons été formé, instruit. Mais cette formation n'est pas
adéquate à l'acquisition d'une habileté à trier les
propositions en distinguant leur qualité et en établissant des
critères a la fois de vérité et de justice.
Aujourd'hui le problème n’est pas tant la résistance a l’exigence
de clarté et de transparence demandé au pouvoir ou le manque de
sacré (comme le pense Taguieff17),
que l’éviction de la population a la participation18
et la masse d'information est telle que nos capacités,
même entraînées sont rapidement saturées.
Le
doute aliéné, ou comportement paranoïde, peut-être alimenté
par des
d’opinion rapportées et déformées, la
lecture d’un document usant d’un style paranoïaque, un
choc moral important, une situation de conflit,
la
lecture d’un document officiel sur un événement en conflit avec
notre perception personnelle.
L’exigence de vitesse. Si un jugement, une enquête est trop
lente, de multiples jugements alternatifs pullulerons. Si elle est
jugée trop rapide, on accusera les enquêteurs de partialité. Les
déclarations officielles parfois contradictoires et des imprécisions
de journalistes travaillant dans la précipitation, sont aussi
propices aux rumeurs. Les témoignages sont les premiers victimes de
l’exigence rapide d’un jugement impeccable... il est dans les
faits quasi-impossible d’émettre un jugement certains en très peu
de temps d’observation19,
les enquêteurs le savent bien, mais ce savoir pratique de
l’enquêteur, n’est pas celui du récepteur de l’information
médiatique. Pour lui, les témoignages différents ne résulte pas
d’une erreur de jugement, ou d’une difficulté d’estimation,
mais sont la preuve au mieux de mensonge au pire de complot.
Par ailleurs la vitesse des changements importants dans une
organisation sociale favorise un sentiment d’anxiété, de peur,
défavorable au jugement rationnel. L'urgence avec laquelle se pose
la question (difficile de supporter d'être en proie au doute en
permanence, de ne pas avoir de perspective stable), ne facilite en
rien une recherche appliquée sur ces questions.
Il y a des facteurs « naturel » de sélection : la
confiance en une personne (proche, « star », expert). Le
lieu ou la proposition est apparu signifiante (une salle d'attente,
l'univeristé).
Le contenu de la proposition est important aussi, son style
(formulation), mais l'information elle-même. On retransmet plus
facilement une proposition qui conforte nos croyances...
Le raisonnement paranoïde pourrait exister depuis la nuit des temps
(ou se confondre avec la rumeur), mais apparait clairement par écrit
avec la fin de l’hégémonie religieuse (avec comme cible
principale la révolution française20).
Il pourrait être une sorte de sécularisation de la providence21.
Après 1980, les complots changent d’apparences. Dans
les années 8022,
les théories du complot sont réactivée par une hybridation avec
des thèmes ésotériques, satanisme, magie, ancienne civilisation,
extraterrestre, énergie ou armes cachés (Haarp, chemtrails). Voir
mèle les deux, par exemple la théorie des anciens astronautes
rassemble habillement « ancienne civilisation » et
extraterrestre. On la retrouve d’abord sous forme romanesque chez
Lovecraft dans les montagnes hallucinées, puis plus tard avec des
prétentions de réalisme.
Le complot mèlent des domaines parfois plus originaux comme la
géographie (La théorie de la terre creuse), la médecine (vaccins)
ou des mythes plus urbains (11 Septembre 2001, zone 5123,
triangle des bermudes, camps FEMA24).
Avec l’Internet le complot mute.
Il va favoriser : la banalisation et prolongation des rumeurs en
permettant leur support anonymisé a travers la toile (là ou une
personne entendant des arguments contraires pouvait l’abandonner et
participer a son éradication collective), de rassembler les tenants
qui étaient plutôt solitaire et minoritaire, tout en leur
permettant une élaboration collective25
(là ou elles étaient essentiellement le fruit d’une oligarchie,
ou d’une personne a son service, qui avait le pouvoir de faire et
de décider un complot). Le complotisme est une occasion pour la
population peuvent avoir l’impression d’être à l’initiative
de certains raisonnements (même si dans les fait il s’agit en fait
surtout de relayer la voie de quelques « spécialistes »).
L’impression du discours rare, de la « trouvaille »,
qu’éventuellement on à participer a découvrir, va rendre
d’autant plus forte l’adhésion et le sentiment de mission (mêlé
au stress exaltant de devoir rester caché des conspirateurs). Comme
si on venait de trouver au bout d’un long et tortueux chemin
parcouru dans le désert du sens, une source d’eau fraîche...
alors qu’il s’agit d’un mirage.
L’effort a accomplir est variable, mais les raisonnements doivent
beaucoup au principe de « déduction » ou de
généralisation. Partir de fait en apparence semblable pour en
arriver à un principe général... qui ici est prédéterminée. Des
milliers d'oiseaux et poissons mort, au lieu d’être expliqué par
l’empoisonnement de l’air ou de la nourriture, comme c’est
jusqu’a présent le cas, sont relié aux « fléaux
biblique », ou dans sa version « laïque » à une
installation scientifique, transformé pour l’occasion en arme
climatique (HAARP).
2.Conspirations
et Conspirationnismes.
On
peut distinguer 3 éléments :
a) la conspiration comme fait (complot,
ou conspiration
événementielle26),
b) le conspirationnisme (complotisme, vaste
ou méga-complot27,
grande ou
super-conspiration28),
c) la théorie, soupçon ou doute de la conspiration (conspiration
systémique29).
a) Des
conspirations ou complot existent.
Dans les analyses juridique du droit canadiens le complot est reconnu
(comme
crime non parfaits, procédé que peut employer un groupe) ;
Des historiens on
établies certains
complots30.
Ces conspirations existent
de manière isolée.
Mais
si elle désigne le fait de personnes aux pouvoirs d’institutions
(comme la CIA, ou la commission trilatérale) de planifier des
attaques, c’est un fait courant, pour ainsi dire entendu31.
Le
fait que des personnes d’institutions différentes se retrouvent
est banal,
y compris dans les institutions classiques, tout comme le cumul des
mandats.
D’autres
désignent un pouvoir non-institutionnel ou d’institutions
cachées,
secrètes
ou discrètes
(franc maçonnerie). Si ce type de pratiques existent, il
n’est qu’un type parmi d’autres pouvoirs
réels déjà connus (comme les institutions économique, la classe
politique, la reproduction patriarcale, les journaux...).
Ces complots réels, ainsi que le secret d’État (Tchernobyl, la
maladie de Mittérrand), les secrets industriels ou encore le manque
de participation de chacune et chacun aux prises de décisions
permettent des justifications rationnelles de doute sur l’honnêteté
et les agissements des gouvernements, d’institution nationales ou
internationales.
Cependant rester critique et vigilant à l’égard des exploiteurs,
tout en étant ouvert aux théories, n’implique pas de les croire
toute sans discernement. De fait, il est plus facile de trouver des
boucs-émissaires que de vivre avec des doutes.
b) Justice,
Vérité, Égocentrisme. Le
Conspirationnisme ressemble
a une vision politique
autosuffisante
(qui bien que dépourvu d’une véritable philosophie, est de même
genre que le libéralisme, le marxisme, ou l’anarchisme) selon
laquelle l’ensemble des pouvoirs, des
forces, sont le fruit de
conspirations. Ces
conspirations peuvent s’étendre a travers toute l’Histoire et
relevé d’un « plan
global voire cosmique, ourdi à très long terme par une puissance
ayant les attributs de Dieu (omniscience, éternité,
toute-puissance...), plan à l'intérieur duquel les multiples
complots opèreraient de façon hiérarchique ou en réseau.32 »
Le Conspirationnisme peu remplacer d’autres point de vue politique
ou prétendre qu’elles n’expliquent qu’une partie d’une
conspiration plus générale (ce qui n’implique pas qu’ils
connaissent réellement ces autres analyses).
Il
semble avant tout avoir pour objectif, non de rétablir la justice,
mais de dénoncer l’existence de
groupes,
agences33
ou d’intentions occultes.
Habituellement,
il
ne s’achève pas par un appel a la manifestation dans la rue, mais,
à la révélation. A « l’éveil des consciences ». Le
complotisme dénonce mais ne donne aucune méthode pour lutter contre
le complot. Il semblerait que sa révélation suffise à faire
disparaître les rapports de forces.
Plutôt qu’un objectif politique, il s’agit d’une sorte de
méthode de développement personnel. Sur le plan de l’efficacité,
elle apporte beaucoup a l’égo, mais a quel prix d’exclusion
sociale ?
De plus, elle a potentiellement des conséquences sociale :
comme l’impression de supériorité par la détention d’un savoir
plus ou moins caché. Ou encore la nécessité d’éduquer les
autres, de les « réveiller34 ».
Par ailleurs, elles-même sont l’objet de tromperies, d’influence
de différents lobbies (par ex. critiquant la proximité et rapidité
d’un changement climatique et en particulier la participation des
activités industrielles).
c) La théorie
du complot.
Est
une explication qui peut être indépendante d’une adhésion au
Conspirationnisme. On
rattache des situations éparses à un complot a long terme ayant un
rapport avec un pouvoir particulier dans l’objectif de
dénoncer son infiltration, voire de le
faire tomber (moins
courant).
Ces
théories insistent
plus sur l’aspect « caché » ou secret (alors que le
capitalisme, ou le patriarcat n’en relève pas). Cette
attribution est donné parfois a un groupe, a un accord, ou à une
action particulière (le groupe ou l’action peuvent donc aussi,
être connues).
« La
théorie du complot fonctionne elle-même en boucle, sur un mode
manipulatoire, en ce sens que sa grille de lecture est préétablie.
La conspiration et ses bénéficiaires préexistent aux indices qui
sont censés leur donner corps.35 »
3.Politique.
On pourrait voir l’adhésion aux théories du complot facilité par
des esprits critiques ayant en quelque sorte dérapé, n’ayant pas
les outils pour faire leur tri parmi leurs interprétations,
étrangement les esprits critiques rejoignent semble toutefois assez
peu critique pour rejoindre des hypothèses (en fait des
boucs-émissaire) offert sur un plateau. « La
théorie du complot, en simplifiant l'espace politique, permet
l'économie d'un examen attentif des réalités.36 »
Une analyse de l’origine du
contenue politique du conspirationnisme.
Loin d’être une invention populaire, le conspirationnisme est
avant tout celle des dominants et des bourgeois37.
Comme pour les croyances les plus diverses, ce sont les intellectuels
et les cadres qui y sont les plus sensibles. Alors que les ouvriers
ne les perçoivent pas.
Cibles courantes. D’abord « Mage »,
Ventriloque ; Puis Juif, Jésuite et Franc Maçon ; Plus
moderne : Bolchévik et Nazie. Contemporaine : Bildeberg,
Illuminati, Extraterrestre38.
Types. Il semble que si la peur et la méfiance soient corrélé
(sans forcément être cause) à tout les genres de conspirations,
celles accusant les autorités (type « Système ») semble
plutôt marqué par « l’irrationalité » (« croyance
dans certains phénomènes ésotériques et le degré de croyance
religieuse »), et celles mettant en scène des minorités (type
« Minorités », p. ex. juifs ou terroristes musulmans)
marqué par un « conservatisme politique »39.
Ce n’est pas un type de complot qui succède historiquement à
l’autre, mais des types qui co-existent aujourd’hui.
Je pense que l’on peut donc distinguer 3 types de complots, ceux
anti-système, ceux marqué par l’irrationnel, (souvent lié, il
est vrai aux personnes qui croit au précédent) et ceux type
Minorité.
Risques réels. Certaines cibles, ou croyances on des
conséquences sociales moindre que les autres. Accuser Dieu, ou les
Extraterrestres entraînent relativement peu de danger pour la
population (sauf si la personne pense que les extraterrestres ont
pris l’apparence d’humains), par contre quand l’accusation
porte sur des ensembles socialement reconnus (Juif, Noir, Femmes...)
le danger est le plus élevé. Quelque part l’inexistence, le flou,
ou la discrétion (Illuminati, Bildeberg, Franc Maçon) qu’entoure
certains ensemble diminue les risques, sans les éliminer pour
autant : le soupçon lié à une méconnaissance des enjeux
politiques peut amener a soutenir des groupes dangereux, tout comme
le soupçon lié à la méconnaissance à par le passé mené à
brûler des prétendues « sorcières ».
Le livre mythe et mythologie politique
(1986)40
de Raoul Girardet voie dans le conspirationnisme une des méthodes
pour s'accaparer a peu de frais les convictions des masses. À lier
aussi bien avec des recherche de pureté ou d’âge d’or
(justifiant une forte autorité, sécurité, un État fort,
milice/police) que ceux d’homme providentiel.
Ces récupérations sont donc l’objet de parti de gauche comme de
droite. A Gauche par exemple, Bakounine41
a cru a un complot juif, et
l’on trouve ailleurs, des traces d’anti-américanisme
(sans distinction entre population, entreprises, gouvernants,
patrons). Pour les personnes critiques a son sujet, comme Émma
Klotz, le conspirationnisme est le nouveau « socialisme des
imbéciles ».
A
droite la récupération semble revendiqué, et constitue une
tendance profonde, particulièrement avec l’extrême droite.
L’extrême droite
interprète l’histoire « comme
un long processus de décadence et de subversion –
l'«involution»42 ».
Elle est souvent antisémite
et particulièrement anti-juive à travers l’idée d’un complot
« d'un petit nombre de Juifs hyper-puissants qui
auraient établi un plan précis de conquête de l'univers au
détriment des non-Juifs. Certains antisémites persistent à croire
que ce plan est contenu dans les Protocoles des Sages de Sion, un
faux rédigé par les services secrets russes en 1903 ».
Cette tendance se renomme anti-sioniste aujourd’hui « pour
détourner les lois antiracistes »43.
L’extrême
droite ne se réduit pas simplement au front national, ou au pouvoir
d’un dictateur comme Staline, Hitler ou Mussolini (comme le relais
Etienne Chouard44),
dans ses formes contemporaines elle se déploie aussi bien sous la
forme de réseau hiérarchisé assez indépendant entre eux tout en
étant solidaire dans leur grande lignes d’attaques. Ils
s’organisent aussi sous la forme de réseaux associatif ou
médiatique, aux allures apolitiques ou jouant la carte d’un
nouveau rassemblement style front populaire antimondialiste (au
profit d’un nationalisme). Ils font mousser certains articles de
journaux45
et vise des cibles
étrangement redondantes : juifs, bolchévick etc... Ils
essayent de réorienter les critiques conspirationnistes au profit
d’un « anti-mondialisme » et d’un « nationalisme
de raison46 ».
Du nihilisme hyper critique, de la destruction de tout repère, mais
de la nécessité d’en avoir tout de même un minimum, s’encre
d’opportune politiques, qui font ainsi l’économie de partager
les outils d’émancipation mentale pour y préférer l’adhésion
a travers le remaniement de l’aliénation complotiste.
Le problème n’est pas tant la théorie du complot elle-même, mais
le manque de moyen pour s’en défendre, la facilitation de
l’aliénation, les encouragements politiques associés a certaines
de ces idées.
Que faire ?
Certains
propose des lois, une pédagogie du pouvoir, un rappel de la
complexité. Donnons plutôt les outils intellectuels. Combattre
l’ignorance et l’insouciance. L’ignorance peu mener à brûler
des sorcières ou à rejoindre les idées de groupe capable de tirer
profit de cette ignorance. Lié a l’insouciance, elle nourrie
l’apolitisme. Cette méconnaissance fondamentale des rapports de
pouvoir, par inaction laisse s’installer le pire.
Le conspirationnisme pose le problème du partage d’outil sceptique
pour analyser l’information et le savoir faire pour se défaire de
l’exigence de vitesse.
La population est éduquée et informée, mais l’information n’est
plus directement acquise, elle est médiatisée par des experts. Nous
sommes sous tutelles. Les théories du complot se multiplieront tant
que la « démocratie », le pouvoir, s’éloignera de la
population car inévitablement les soupçons sur les méthodes de
gestion et sur les décisions gonfleront.
Sortir de la logique déraisonnable du capitalisme passe par une
restauration du scepticisme (et non une recherche de la « rigueur »
ou de la « discipline ». Conserver une dynamique interne,
autonome, maîtrisable, être un contre-pouvoir plutôt qu’une
logique hétéronome de rigueur ou de discipline.
Considération
des agents
Il faut distinguer d’une part les arguments visant a considéré la
valeur de l’agent et de son savoir, de raisonnement types que l’on
peut retrouver dans toutes les situations.
Les accusations
ou qualifications, peuvent être
perçu comme des insultes (quand elles ne le sont pas réellement),
ou comme des techniques visant à disqualifier par avance l’intérêt
d’un débat (ce qu’elle sont parfois). En tout cas, elle enferme
l’agent
dans une idée, une représentation que l’on se fait de lui, mais a
laquelle il peut par ailleurs ne pas attacher la même définition.
Il convient donc de les éviter. Leur emploi peut mener le partenaire
a des raisonnements de défense, visant plutôt a se protéger lui,
ou un groupe auquel il se sent associé. On perdrait alors l’intérêt
de la discussion. On fera
particulièrement attention avec les termes :
conspirationniste, fasciste, anarchiste, excentrique,
gauchiste, terroriste, radical, fanatique.
Et on évitera plus
classiquement les insultes.
Rasoir d’Hanlon. Il est moins coûteux d’expliquer par
l’incompétence, voire la paresse que par la mauvaise volonté (là,
où le rasoir d'Ockham permet a une personne de faire le tri
dans les croyances, le rasoir d'Hanlon permet d'éviter de
formuler soit même des hypothèses fastidieuses). Les émotions
(indignation) ou l’impression de stratégie que l’on voit chez
les acteurs ne doivent pas être dénoncée, mais critiquer par
l’argumentation.
Débattre. Face a quelqu’un dont c’est le métier de dire
des bétises, de manipuler, etc... tenir une voie raisonnable est
très difficile.
De même face à des croyances incluant des dispositifs
d’auto-réfutation (qui sont autant de dénigrement facile), comme
certains raisonnements psychanalytiques (si vous n’êtes pas
d’accord, c’est que vous avez un problème), conspirationniste
(si vous n’êtes pas d’accord, c’est que vous participez a la
conspiration, vous avez été désinformé, endormi), ou encore
théorie communiste (si vous n’êtes pas d’accord, c’est que,
au mieux, votre raisonnement est bourgeois).
Ou encore face a certaines croyances très ancrés, conspirations,
ésotérisme (faire l’expérience autour de soi de la critique de
l’homéopathie) ou superstition (existence de Dieu).
De plus face à un expert d’un domaine que l’on ignore, ou même
que l’on croît connaître47.
Il est possible toutefois de mettre tous les interlocuteurs quasiment
dans les mêmes capacités de débattre en distinguant les
problèmes épistémologiques, des problèmes éthiques et politiques
et en abordant ces derniers48.
Censure.
Quand la liberté d'expression n'est pas totale, on peut rencontrer
au moins deux conséquences :
1.Plus
grande difficulté à argumenter. En ne
connaissant pas le plus d’avis sur une question, il est difficile
de se positionner d’une part, mais aussi de défendre sa propre
position vis-à-vis d’autres positions. (La censure sur le
négationnisme empêche ceux qui sont confrontés a de telles thèses
d’y répondre sans difficultés.
2.Amplification
perverse. Les censurées peuvent prétendre être des martyrs,
des personnes réprimées par un système. Leurs idées trouvent
alors une nouvelle force pour être diffusés (que les divers moyens
de propagandes ont su mettre a leur service), et éventuellement
partagés parmi les personnes qui n'aime pas le système et voit dans
cette censure une nouvelle raison de le critiquer.
Une méthode
alternative. Pierre Vidal-Naquet, soulève une bonne méthode a
mon avis, qui excluent a la fois la censure des révisionnistes, mais
aussi la discussion avec eux. Par ailleurs elle permet d’identifier
et critiquer leurs arguments (je souligne) : « on peut,
et on doit discuter sur les « révisionnistes »
; on peut analyser leurs textes comme on fait l’anatomie d’un
mensonge ; on peut et on doit analyser leur place spécifique dans la
configuration des idéologies, se demander le pourquoi et le comment
de leur apparition, on ne discute pas avec les
« révisionnistes »49 ».
Une telle position permet d’établir les conditions d’une analyse
et d’une critique sereine détaché des influences affective,
relationelle etc... Ce que les partisans adversent ne manquerons pas
de qualifier de « fuite ». Car pour eux les situations ou
ces influences et manipulations sont possible, sont renommée cadre,
ou « débat loyal ».
Certains
sceptiques acceptent toutefois parfois ces situations instables, mais
ils ne tardent pas à relever les difficultés, comme le fait de
hausser le ton, de savoir se faire le mieux entendre auprès d'une
audience spécifique, plus avide de révélations, que de rigueur, ou
encore la vitesse a laquelle s’enchaîne les « bêtises »
et le temps qu’il faudrait pour a défaut de les démonter, les
refuser sans être accusé de censure ou de refuser finalement le
débat. On comprend assez vite que la demande de débat en vis-à-vis,
de personnes a personnes, face à face, ne relèvent pas tant de la
volonté d’avancer des arguments que de se faire prévaloir
d’intention respectable. Et
quand ils ne l’obtiennent
pas, ils peuvent alors se targuer d’être des « victimes
incomprises » y compris quand leurs positions consiste à nier
l’existence des pires atrocités (pourtant sur documentés) et non
a discutés de certaines questions objet d’importante controverses.
Les confrontations
d’arguments radicaux, ou opposés (quand elles ont lieu dans des
bonnes conditions) permettent de se faire son opinion en connaissance
de cause, sans percevoir de « mépris » si on partait
d’une opinion qui n’est pas celle qu’a retenu, au final,
l’auteur.
À défaut de convertir les tenants d’une proposition, cela peu
permettre a ceux qui doutaient de se faire un avis.
Ce qui
ne relève pas de la liberté d’expression.
Ces moyens quand ils sont
critiqués sont souvent pris pour une limite a la liberté
d’expression, alors qu’il n’en relève pas. Le
harcèlement (répétition) ; l’injonction, l’obligation a
percevoir quelque chose alors que l’on ne l’a pas donner son
accord (refuser de la publicité à des chaînes
qui fonctionne grâce a elle est absurde, par contre il devrait être
normal de ne pas recevoir de publicité sur son téléphone, dans sa
boîte au lettre ou dans la rue).
Experts. Il faut examiner leurs qualifications, leurs
formations, leurs implications dans des groupes politiques
(lobbying), s’il dispose juste d’un titre ou qu’il s’agit
d’une pratique au quotidien. Ils doivent être qualifié pour
parler de leur sujet s’ils prétendent apporter des arguments
scientifiques. Ils arrivent que des experts soient présentés de
manière biaisé50,
ou encore qu’ils aient des avis
contraddictoire, alors qu’ils
sont de compétences et
d’indépendances égale. Il
faut aussi savoir distinguer le savoir d’un expert, d’un
témoignage qu’apporte un expert.
Sur le lobbying,
ce sont souvent des anciens chercheurs dans des domaines différents
de ceux qu’ils critiquent ou dans le même domaine. Ils ont choisis
par les lobbys pour l’impact qu’ils peuvent produire sur la
société aussi bien savante que populaire. Souvent, ces
scientifiques n’ont pas critiqué un sujet en particulier... mais
plusieurs. Par ex. la couche d’ozone, et le réchauffement
climatique. En général un institut est formé pour l’occasion, ou
change étrangement d’orientation (par ex. institut Georges C.
Marshall51).
Le but des lobbyings
c’est de faire croire a un débat parmi les scientifiques (pas un
débat politique), pour faire durer les tergiversions visant à
interférer avec l’industrie. Le
débat scientifique existe, mais il est loin d’être uniforme (par
ex. il y a un accord large sur le fait qu’il y a un réchauffement
climatique, les débats sont sur des questions de bordure).
Les critiques qu’ils portent ne sont pas forcément scientifiques,
elles peuvent être de l’ordre politique, mais réclamant derrière
des arguments scientifiques. Par ex. en disant qu’il n’y a pas
assez d’études, qu’il y a des doutes et qu’il faut que la
science continue ses recherches (pendant que l’industrie vend,
c’est ce qu’il s’est passé pour l’industrie du tabac par
ex.).
Ces chercheurs ne sont pas forcément financé, ils peuvent avoir des
objectifs politiques, mais ensuite ils rejoignent des organisations
qui les finances pour qu’ils puissent continuer a tenir le discours
qu’ils tiennent etc.
Par contre si leurs arguments sont d’une autre ordre que leur
formations il faut les prendre avec mesures.
Comment agir
avec une personne au comportement paranoïde ?
Montrer que le problème n’est pas fondamentalement son idéologie
(en tout cas dans un premier temps), mais le raisonnement en
question, sa forme et ses biais. Rester
sérieux (l’humour est souvent ambigu). Ne pas laisser d’équivoque.
Établir des écrits, traces
des propositions. Désamorcer les doutes.
Pour
aller plus loin.
L’ensemble
de ces réflexions m’est venues en grande partie en m’inspirant
d’un milieu particulier, que j’appelerai un peu rapidement
« septicisme rigoureux52 »,
avec diverses lectures que l’on peut retracer a travers les notes
de bas de pages.
En terme de livre, dans ce
« courant » d’hygiène mentale, on trouve en français
peu de lecture, mais je conseillerai rapidement :
Normand
Baillargeon.
Petit
cours d’autodéfense intellectuelle.
éd. Lux, 2006.
Jean-Léon
Beauvois,
Les
influences sournoises, précis des manipulations ordinaires.
éd. François Bourin, 2011.
Anastasios
Brenner, Raison
scientifique et valeurs humaines, Essai sur les critères du choix
objectif. Puf, 2011.
Bertrand
Russell, Essais
Sceptiques. [1928],
2010
fr éd. Les Belles Lettres.
On
trouvera aussi sur le sujet, le site de
l’observatoire du conspirationnisme (Conspiracy
watch http://www.conspiracywatch.info/.).
On trouve aussi des sites focalisé sur le confusionnisme généré
par l’extrême droite : Pratique de l’histoire et
dévoiements négationnistes (http://www.phdn.org/) et
Anti-dieudomania (où l’on ne taxe pas d’antisémitisme à la
légère) (http://jeankoong.unblog.fr/).
Florian OLIVIER
1On
attendrait communément ici : recontextualisation. Mais
précisément il ne s’agit pas que de « texte », mais
de situation réelle, avec des rapports de force. Tout un courant
post-moderniste a plongé dans le nihilisme en réduisant le réel
et ce que l’on peut en dire, aux seuls textes.
2Les
commentateurs classiques parlent de
doute hyperbolique,
je pense qu’il faut tenir compte de l’introduction pour ce
doute, du genium
malignum [malin
ou mauvais génie]
indiqué dans la première
méditation métaphysique. Je
ne dis pas par la, que Descartes a eu un comportement paranoïaque,
ou qu’il était conspirationniste, mais juste qu’il a identifié
ce type de raisonnement. Il
semble qu’il l’est utilisé comme un dispositif
d’expérimentation de pensée.
3
« une
nation, une culture, un mode de vie, affectant avec lui des millions
d’autres personnes ».
Wagner-Egger Pascal et Bangerter Adrian, La vérité est
ailleurs : corrélats de l'adhésion aux théories du complot,
Revue internationale de psychologie sociale, 2007/4 Tome 20, p.
31-61. Pour cette distinction les auteurs font référence a
Hofstadter (1965). The paranoid style in American politics. In
R. Hofstadter (Ed.), The paranoid style in American
politics and other essays (pp. 3-40), Harvard : Harvard
University Press.
4Richard
Hofstadter, The Paranoid Style in American Politics and Other
Essays, 1965.
5
Bratich, Conspiracy Panics: Political Rationality and
Popular Culture, 2008, pp. 32-33. On
le reconnaît clairement aujourd’hui, dans ce que l’on appelle
le « conspirationnisme »
6(Syndrome
de Saint-Thomas). En l’absence d’image, le conspirationniste
crie a la dissimulation ou au manque de preuve, réclamant des
images jusqu’a l’absurde (ils veulent voir des images qui
n’existent pas, là où d’autres preuves non imagés existe, ou
des cadavres de corps entier, là ou la bien-scéance à empêcher
la diffusion de morceaux de corps). En la présence d’image, la
perception est, dans ce raisonnement : jugement,
sans contextualisation (qui permettent par ex. la distinction entre,
ne voir qu’un côté d’une chose, et se faire un avis complet).
La preuve par l’image dans le cas du 11 septembre 2001 est rappelé
a son insuffisance à travers son rôle dans l’affaire de
l’assassinat de J.F.K. Voir Ledoux Aurélie, « Vidéos en ligne :
la preuve par l'image ? » L'exemple des théories
conspirationnistes sur le 11-Septembre, Esprit, 2009/3 Mars/avril,
p. 95-106.
On voit bien qu’il se passe quelque chose,
mais c’est comme le théâtre de mime que Bergson oppose a la
théorie de la localisation. L’idée de la possibilité de lire
les pensées (au sens de savoir ce que les gens pensent de
quelque chose) est souvent réactivité avec les différents
appareils d’imagerie cérébrale.
L’argument de Bergson consiste à rappeler
que, aux mieux on peut faire une bonne description de
processus (comme si nous regardions un théâtre de mime), mais en
aucun cas nous pourrons, ni en tirer des prédictions, ni connaître
ce que pense les personnes de quelque chose, leur avis. L’Énergie
Spirituelle, II.L’âme et le corps, p. 42 et s.
7L’imaginaire
du complot mondial,
Pierre-André Taguieff. Comme toutes les citations de ce
paragraphe sauf précision.
8D’ailleurs
ces groupes sont si « secret » qu’ils ont laissé
plein de traces que l’on trouve facilement sur l’internet, et a
partir desquelles on a établis des listes (Groupe de Bilderberg,
Skull and Bones...). Comme le remarque Pierre-André
Taguieff,
L’imaginaire
du complot mondial ; Aspect d’un mythe moderne.
2006. Ch.1.
9Karl
Popper, La société
ouverte et ses ennemis,
1979, tome 2 p.68
10Zero
Pointé Pocket, Groupe Undicisettembre.
11« […]
ceux qui la soutiennent [la
Théorie du Complot]
ne prétendent pas avoir une, pas deux, mais des centaines de
"preuves" accréditant leur thèse. Des indices évidents
de la conspiration, que les “comploteurs” auraient
malencontreusement oublié de dissimuler, et que seul le
conspirationniste a la perspicacité et le courage de voir, tandis
que tous les “experts” garderaient un silence coupable et
seraient donc partie prenante de la conspiration.
[...]
affirmer qu’on a les "preuves" de l'existence du complot
revient à dire que les organisateurs de la conspiration sont à la
fois des génies du crime, capables de mettre en œuvre un complot
complexe et de garantir un silence parfait, totalement hermétique,
de toutes les personnes impliquées, et sont en même temps assez
étourdis pour se tromper sur des points fondamentaux du stratagème,
en laissant des indices flagrants du complot. » Zero
Pointé Pocket, Groupe
Undicisettembre.
12Liste
similaire disponible a l’article Théorie du Complot du site
Wikipédia.
13Gilovich,
T. (1991). How We Know What Isn't So: The Fallibility of Human
Reason in Everyday Life. éd.The Free Press. Généralement
effectués avec des dates d’évènements (11/10/2001 ;
11/11/2011 ; 12/12/2012 …)
14Selon
une étude publiée dans Social Psychological and Personality
Science [Dead and Alive : Beliefs in Contradictory Conspiracy
Theories], chez certains individus adeptes des complots, l’attirance
des théories de la conspiration est si forte que cela les conduit à
approuver entièrement des croyances contradictoires. « La
conviction que "l’histoire officielle" est fausse peut
pousser les gens à croire en plusieurs théories alternatives
malgré les contradictions qui peuvent exister entre elles. "Toute
théorie conspirationniste qui se pose en opposition avec l’histoire
officielle obtiendra un certain degré d’approbation chez
quelqu’un qui a une vision du monde conspirationniste" disent
les auteurs de l’étude. […]
"Pour les théoriciens de la conspiration, ceux qui sont au
pouvoir sont perçus comme ceux qui trompent, donc toute explication
officielle a d’emblée un handicap, et toute explication
alternative est plus crédible dès le début" expliquent les
auteurs. » Croire
en l’impossible et théories de la conspiration,
Charlatans.info
15Je
fait cette précision, pour éviter que soit proposé un non expert
des possibilités de vérification qui relève d’une expertise.
16« certains
psychologues en font le symptôme d'une forme de paranoïa, en
particulier du délire d’interprétation de Sérieux et Capgras,
trouble psychiatrique dont le thème délirant du complot est
constitutif. Cependant, cette interprétation est majoritairement
considérée comme insuffisante, dans la mesure où elle ne prend
pas la peine de s'intéresser à la théorie du complot sur le plan
de la finalité, de sa « fonction ». Wikipedia art. Théorie
du complot.
17Pour
Taguieff la sécularisation a favorisé « la
diffusion et la réception des croyances à l’état sauvage […]
Après le fascisme et le nazisme, les autres « religions politiques
» ou « séculières » ont été disqualifiées. Il reste le
schème du conflit des forces et de la lutte des groupes, les nœuds
formés par les secrets et les stratégies, mais l’identité de
l’adversaire perd son évidence ou sa clarté, l’ennemi devient
insaisissable. […]
Le simplisme des explications complotistes constitue une bouée de
sauvetage pour les « paumés » de la mondialisation
chaotique (ou perçue comme telle). […]
Internet […]
rend indiscernables les informations […]
« Le mélange du vrai et du faux est plus faux que le
faux. » »
(Paul Valéry = le mélange est moins discernable que sous sa forme
pure). Sa conclusion est claire : il faut réintroduire du
sacré. Pierre-André
Taguieff,
L’imaginaire
du complot mondial ; Aspect d’un mythe moderne.
2006. éd. Mille et une nuits.
18« c'est
l'« excès d'institution » qui provoque le développement
des théories du complot. Timothy Melley (Université de Miami),
spécialiste de la culture populaire, parle d'une « agency panic »
: il voit dans le conspirationnisme l'expression d'une crise de
l'individu et de son autonomie, ainsi que son angoisse face au
pouvoir croissant, technocratique et bureaucratique, des
administrations. Il considère en outre la théorie du complot comme
un élément essentiel de la culture populaire américaine de
l'après-1945 » (Wikipédia, art. Théorie du complot) et non
spécifiquement leur déclin (comme le pense le juriste Mark
Fenster) ou disons des institutions qui apprennent plus la
soumission que l’autonomisation. On peut largement repousser
l’idée plutôt de droite d’un manque de religieux, de sacré
(car dans ce cas tous les athées aurait un comportement
paranoïaque).
19Par
exemple la couleur du casque dans l’affaire merah (Affaire Merah :
tentative de déconstruction d'un discours conspirationniste, Le
Monde.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/19/affaire-merah-tentative-de-deconstruction-d-un-discours-conspirationniste_1719019_3224.html),
ou plus prosaïque : une difficulté classique des témoignages
d’OVNI.
20Le
premier ouvrage important, qui fait référence est les Mémoires
pour servir à l'histoire du jacobinisme, de l'abbé Augustin
Barruel, publié vers 1797, il porte sur la révolution française
est soutient l’idée qu’elle n’est « pas un mouvement
populaire spontané, mais le fruit d’une conspiration chrétienne.
De manière indépendante, l'écossais John
Robison fait paraître « Les
preuves d’une conspiration contre l’ensemble des religions et du
peuple mené de toute main par l’ensemble des gouvernements du
monde », où il prétend montrer l'existence d’une
conspiration des Lumières œuvrant au remplacement de toutes les
religions par l’humanisme et de toutes les nations par un
gouvernement mondial unique. »
(Wikipedia art. Théorie du complot).
21Cette
proposition est soutenue de manière argumenté par Emmanuel Kreis,
Historien, spécialiste du mythe du "complot judéo-maçonnique".
22Pierre-André
Taguieff,
L’imaginaire
du complot mondial ; Aspect d’un mythe moderne.
2006. Introduction.
23Une
simple base militaire interdite au public parmi d’autres, mais qui
a la réputation d’avoir des activités liés a des OVNI (et chez
les conspirationnistes : donc des extraterrestres).
24En
fait ce sont des centres de résidence de réfugié, de migrant
(l’équivalent des CRA français) interprété comme fait contre
les résidents états-uniens. Le tout corréllé à une entreprise
quelconque de cerceuil retenue juste parce que comme les centres de
résidences de réfugiés elle est détenue par la société
Halliburton. Mais beaucoup de société de ce genre on de travaux
impliqué dans de multiples entreprises. Il ne viendrait a l’idée
d’aucun de ces conspirationnistes de critiquer Halliburton pour la
construction de centre de détention de réfugiés, ils préfèrent
s’imaginer autre chose...
25Le
mot conspirationniste apparaît dans le Larousse en 2012, signe
d’une massification du phénomène.
26Appellation
proposée par Micharl Barkun, A Culture of Conspiracy.
« Event conspiracy theory ». Certains traduise aussi par
« conspirationnisme d’événement ».
27Appellation
proposée par Véronique Campion-Vincent.
28Appellation
proposée par Micharl Barkun, A Culture of Conspiracy.
« Superconspiracy theory ». Certains traduise aussi par
« super-conspirationnisme ».
29Appellation
proposée par Micharl Barkun, A Culture of Conspiracy.
« Systemic conspiracy theory ». Certains traduise aussi
par « conspirationnisme systémique ».
30« Nul
ne nie par exemple les complots ayant abouti à la mort par
assassinat de Philippe II de Macédoine (336 av. J.-C.), de Jules
César (44 av. J.-C.), de
Caligula (en 41), d’Attila (en 453), d’Abraham Lincoln (en
1865), de Raspoutine (en 1916), de Léon Trotski (le 21 août 1940),
du président John Fitzgerald Kennedy (le 22 novembre 1963 à
Dallas), du pasteur Martin Luther King (le 4 avril 1968 à Memphis),
du président Mohamed Anouar El-Sadate (le 6 octobre 1981) ou du
Premier ministre libanais Rafic Hariri (le 14 février 2005) »
Pierre-André
Taguieff,
L’imaginaire
du complot mondial ; Aspect d’un mythe moderne.
2006. Ch.1 L’imaginaire du complot mondial dans la culture
populaire contemporaine. §1.Caractérisation de la vague
complotiste contemporaine.
31C’est
la perspective critique qu’adopte Noam Chomsky, Comprendre le
pouvoir, 3ième mvmt, Ch.9 §.Théorie du complot. Il est
donc faux de dire comme le fait Taguieff (dans un cours notamment)
que Chomsky est un « gourou » des altermondialistes qui
dénoncent nombre de complot, alors que précisément ce texte
indique clairement de sa part qu’il n’attache pas du tout
d’importance a toutes ces idées qu’il accuse d’ailleurs
politiquement comme des dépenses d’énergies perdu, là ou elle
pourrait être mobilisé contre le capitalisme. Ces propos sont daté
entre 1993 et 1996 et sont donc bien antérieur a la réflexion de
Taguieff sur le complot et a sa critique.
32Micharl
Barkun, A Culture of Conspiracy.
33« Étant
donné qu’il est de notoriété publique que la CIA conduit des
opérations secrètes et organise des complots, elle représente une
cible privilégiée pour tous les dénonciateurs de complots
imaginaires. » Pierre-André
Taguieff,
L’imaginaire
du complot mondial ; Aspect d’un mythe moderne.
2006. Ch.1 L’imaginaire du complot mondial dans la culture
populaire contemporaine. §1.Caractérisation de la vague
complotiste contemporaine.
34
Par ex. au niv. international : David Icke, ou en France :
« le libre penseur ».
35Emma
Klotz, Le conspirationnisme, boulet de la critique sociale.
Alternative Libertaire, novembre 2009.
36
Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-droite en France.
De Maurras à Le Pen, Éd.
Complexe, 1996, p. 72.
37« Le
mythe du complot juif, sioniste, franc-maçon, eurabien, peu importe
trouve ses racines depuis toujours dans certains cercles de la
bourgeoisie : le Protocole des Sages de Sion émanait de la police
des tzars, et un siècle plus tard, ce sont conjointement des
républicains d'ultra-droite, des dictateurs d'Amérique du Sud , du
Moyen-Orient, de Russie ou des intellectuels bourgeois
d'extrême-droite traditionnelle qui les réactualisent et les
diffusent à très grande échelle. Et à gauche, cher Monsieur, ce
n'est certes pas dans une section syndicale ou dans un collectif de
chômeurs et de sans-papiers que des individus et des groupes ont
embrayé depuis plus de dix ans sur la propagande fasciste :
Bricmont, Gresh , Collon ne sont pas des ouvriers ou des employés.
Reopen 911, à la base a été crée par
des jeunes surdiplomés membres notamment des Verts, pas par des
syndicalistes en lutte de chez Mc Donalds. Le conspirationnisme
soit-disant antisystème n'est pas l'idéologie souterraine et
marginalisée que vous décrivez, et ses relais médiatiques et
politiques sont immenses et ne concernent pas uniquement sa version
libérale que vous dénoncez à juste titre : Marion Cotillard,
Bigard, Christine Boutin qui ont défendu les thèses les plus
délirantes sur le 11 septembre ne sont pas des « exclus ».
Meyssan, lui-même, à l'origine a profité d'une surexposition
médiatique énorme à l'époque de la publication de L'effroyable
Imposture. Même Soral ou Dieudonné , pour ne citer qu'eux sont
invités chez Taddei ou Bourdin. Bien des syndicalistes, des
militants de base aimeraient subir un tel ostracisme ! »
Collectif Luftmenschen a Frederic Lordon 5/09/2012
38Avec
le « crash a Roswell » ou le terme soucoupe comme forme
est le résultat d’un raccourci journalistique vis a vis de
qq.chose qui fait des rebonds sur le sol... on est alors très loin
de l’image classique de l’ovni comme mode de transport
d’extraterrestre anthropomorphe.
39Wagner-Egger
Pascal et Bangerter Adrian, La vérité est ailleurs : corrélats
de l'adhésion aux théories du complot,
Revue internationale de psychologie sociale,
2007/4 Tome 20, p. 31-61.
40« Il
s'agit d'une étude de l'imaginaire politique national au travers de
l'analyse de quatre grands mythes : la conspiration (les
complots juif, jésuite et maçonnique), le sauveur (Pétain le
protecteur, Bonaparte conquérant et guide, Pinay le législateur,
de Gaulle le prophète), l'âge d'or (retour à la terre et idée
d'un présent décadent) et l'unité de la nation. Pour R. Girardet,
ces mythes viennent redonner à la société française sa cohésion,
à un moment de crise et de perte des valeurs traditionnelles. »
revue Science Humaine.
41« Tout
ce monde juif, constituant une secte unique exploitante, une sorte
de peuple suceur de sang, une sorte de parasite organique collectif
et destructeur, s'étendant non seulement au-delà des frontières
des États, mais de l'opinion politique, ce monde est maintenant, au
moins en grande partie, à la disposition de Marx, d'une part, et de
Rothschild de l'autre [...]
Le fait est que le socialisme autoritaire, le communisme marxiste,
exige une forte centralisation de l'État. Et là où il y a
centralisation de l'État, il doit nécessairement y avoir une
banque centrale, et là où existe une telle banque, est la nation
juive parasitaire, spéculant sur le travail des peuples. »
42Nous
suivons dans les grandes lignes le Dictionnaire de l’extrême
droite à l’article sur la théorie du complot. Sauf
précision, les citations de ce § en sont extrait. A titre
d’information je relève : « Pour l'extrême droite,
le complot judéo-maçonnique est […]
à la base des idées qu'elle abhorre : celle des Lumières,
de la Révolution française, celles de la laïcité et de la
démocratie. Désormais, le complot judéo-maçonnique est
responsable du « mondialisme », qui serait le prélude à
l'instauration d'un «gouvernement mondial « représentant
les intérêts des multinationales et visant à l'abolition des
États.
Les principaux auteurs de littérature
complotiste […]
d'extrême droite en France au 20ème siècle sont Henry Coston
(1910-2001), Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005) et Léon de
Poncins (1897-1975), qui travaillèrent dans la lignée d'Édouard
Drumont (1844-1917), le fondateur de la Ligue antisémite. Les deux
premiers ont exercé une influence notable sur le Front national,
comme en attestent les nombreuses références aux « puissances
d'argent », à la « Trilatérale » (organisation
américano-européo-japonaise d'experts et de décideurs) ou au «
complot mondialiste », qui emplissent les discours de
Jean-Marie Le Pen, surtout lorsqu'il s'adresse à ses militants et à
ses fidèles. Dans une interview donnée au quotidien Présent en
juillet 1989, le président du FN avait évoqué « les grandes
internationales, comme l'internationale juive, (qui) jouent un rôle
non négligeable dans la création de l'esprit antinational »,
citant également « la maçonnerie », parmi les exemples des
forces « qui visent à établir une idéologie mondialiste,
réductrice, égalisatrice ». Cependant, la plupart du temps,
le FN préfère aujourd'hui parier (en public) de «lobby »,
du « mondialisme » et des « puissances financières »
pour décrire les forces qui cherchent à «asservir les nations ».
Cette terminologie sert généralement à masquer l'antisémitisme
contenu dans la représentation que se fait l'extrême droite de ce
prétendu complot. »
43Le
Sionisme étant l’idée que le « peuple Juif », doit
avoir une nation. L’anti-sionnisme permet dans le même mouvement
la confusion avec des mouvements de gauche dont l’internationalisme,
ou la critique de l’État se réduit ou est réduite parfois à la
critique de l’État religieux d’Israël.
46Par
ex. Laurent Glauzy a travers sa critique des « illuminati ».
47Il
y a toujours l’argument du « avez-vous lu la dernière
étude ? », publié dans machin, la semaine
dernière... qui peut rendre caduque tout raisonnement basé sur la
science.
48Par
ex. les OGM posent certes des questions d’ordre scientifiques et
épistémologique, mais aussi politique (brevetage du vivant, accès
au graines et a l’alimentation, autoproduction, dépendances à
l’industrie).
Par ex. les
attentats du 11 Septembre 2001 aux États Unis d’Amérique du
Nord, quelques sois leurs causes
réelles, ont surtout
servis a la multiplication
de restriction des libertés et de contrôles par l’État qu’il
exerce à travers des contrats avec le patronat pour obtenir de la
surveillance ou des armes de
surveillances (caméra,
écoute, récupération de fichier a distance).
49Pierre
Vidal-Naquet, extrait de l'Avant-Propos des Assassins de la
Mémoire, éd. Maspero, 1981 ; rééd. La Découverte, 2005, pp.
8-9.
50Prix
nobel... mais de littérature, ingénieur de la Nasa... mais de
gestion de bibliothèque, sont aussi mal placé l’un que l’autre
pour parler de l’alunissage comme le relève le groupe
Undicisettembre dans
Zero Pointé Pocket,
ou Loïc
Nicolas (co-fondateur du Groupe de recherche en Rhétorique et en
Argumentation Linguistique de l’Université Libre de Bruxelles).
51Naomi
Oreskes,
Erik Conway Les
marchands de doute
, éd. Le Pommier,
2012.
52Pour
le distinguer du début du scepticisme philosophique, mais aussi de
la zététique, dont je trouve le néologisme peu pratique. Je
n’emploie pas non plus scepticisme « scientifique ».
Dans la mesure ou par « scientifique » on entend souvent
« instrument de laboratoire » résultat « exact »
etc.