Le
livre éclaire, non pas sur le créationnisme comme on serait tenté
de le penser, mais sur LES créationnismeS à travers une approche de
style journalistique qui fait intervenir par des entrevues
différentes personnes spécialistes
de leurs sujets. Les auteurs toutefois ne sont pas journalistes, mais
« respectivement
ingénieur en physique et docteur en biologie ».
Le
livre est éclairant sur le sujet, et apporte pas mal d’éléments,
cependant l’aspect journalistique donne aussi beaucoup de détails
inutiles
a une lecture argumentative (c’est-à-dire principalement
intéressée
par de l’argumentation, des choses a opposer.
Et je le précise, inutile de ce point de vue, ne signifie pas faux,
ni inutile d’autres point de vues) et qui aurait pu être mis dans
cette perspective
en note de bas de page, au
lieu de figurer
en plein texte.
Le
travail fait et reporté est motivant et éveille a de nombreuses
discussion, notamment a cause de certains discours d’intervenants
que les auteurs reportent, sans questionner quand ils concernent un
sujet, dont on peu légitimement pensé qu’ils le maîtrisent moins
(notamment l’entrevue avec Guillaume Lecointre qui relève de la
philosophie des sciences, ou
celle avec Pascal Charbonnat).
Si on me disaient des choses sur la biologie, je serai bien incapable
de les interroger, et Lecointre n’est pas non plus « le
premier venue » (il
est l’auteur notamment du Guide
critique de l’évolution
[beau mais chers]),
on peu donc penser qu’il est légitime de boire ses paroles.
Je
propose donc, un petite critique de la philosophie des sciences
présenté dans le livre. Je
renvois les lecteurs au livre pour
l’intéressante cartographie qu’il met au point sur les
créationnismes. J’ai
noté plein d’autres choses sur les bords des pages, mais rien qui
puisse faire bloc, juste des remarques éparses ici et là.
Lecointre
présente ce qui est pour lui 4 piliers « qui conditionnent la
possibilité de faire des expériences scientifiques »,
seulement ces 4 piliers rassemblent en fait des choses qui pourraient
être largement discuter et distinguer.
D’abord
« 1. Le scepticisme initial sur les faits » relève d’une
attitude, d’un comportement, proche des questions que l’on se
pose dans certaines approche sur la « vertu » du
scientifique. Il faut savoir que d’autres approches proposé par
exemple « l’honnêteté » du scientifique, etc... En
général ses approches sont critiquées parce qu’elles fonts
intervenir de la morale, la ou certain-e-s pensent qu’ils n’y en
pas, ou ne devraient pas y en avoir. Je pense pour ma part, qu’il y
en a toujours de toute façon, et que ça ne coûte rien de préférer
l’honnêteté à la malhonnêteté. Reste la question de la
pratique... Or ce n’est pas si facile d’abandonner une théorie,
un travail que l’on a mis au point, même s’il s’avère
qu’effectivement on s’est trompé. D’ailleurs Richard Dawkins
dans « Pour en finir avec Dieu », relève un exemple d’un
de ses professeurs qui a été applaudi quand il a recconu qu’il
s’est trompé, en public, depuis des années... On peu penser aussi
a l’analyse de Khun sur les paradigmes. Mais aussi, et plus
simplement, au comportements de chacun-e en général.
« 2.
La rationalité » par ce terme fourre-tout Lecointre fait
référence au seul « principe d’économie d’hypothèse
(parcimonie) ». Il est vrai que la parcimonie est utile, et
permet d’évacuer des hypothèses qui font intervenir des choses
peu probable. Cependant il a aussi des défauts et surtout il ne doit
pas être pris isolément. Les défauts c’est que la « simplicité »
comme on l’appelle parfois est en fait ambigu. On peu trouver plus
« simple » de résoudre tous les problèmes par « Dieu »,
après tout, pourquoi s’embêter a faire des expériences
compliquer, si notre seule subjectivité suffit ? Etc... Et il
existe aussi d’autres critère de rationalité, qui relève bien
souvent en fait d’ambiguité de ce que l’on entend par
« vérité ». La simplicité fait parti de ces critères,
mais on peu en relever d’autres, comme
les analyses Anastasios Brenner dans « Raison
scientifique et valeurs humaines ; Essai sur les critères du
choix objectif » :
la cohérence, l’exactitude, la fonctionnalité (pragmatisme), la
fécondité (cela permet de prévoir beaucoup de chose), l’amplitude
(explique beaucoup d’autres choses). Il faut noter que ces critères
viennent en général ensemble, dans ordre différent et que certains
s’opposent les uns aux autres (par ex. simplicité et exactitude
font rarement bon ménage).
« 3.
Le réalisme de principe », relève carrément du présupposé
métaphysique, évidemment on a beau jeu d’opposer un « réalisme »
qui « suppose […] que le monde réel existe indépendamment
de lui » (le scientifique) à un « idéalisme » qui
supposerai que la réalité est hors du monde sensible et qu’il
faut tendre vers elle. Et pourtant derrière ces présupposés ce
cache un enjeu majeur sur ce qui est reconnu ou pas comme science.
Souvent l’approche dite « matérialiste » est en fait
un physicisme, sa science idéale est la physique telle qu’elle
s’est élaboré au début du siècle, on observe d’ailleurs
quelque réticence parfois avec les physiques possible par
mathématique plutôt que par instruments. Cette vision des sciences
rejettent en général justement les mathématique de la science. Car
justement l’autre approche plutôt « idéaliste » est
en fait souvent un « mathématisme », et va considérer
que la vrai science c’est les mathématiques avec la perfection et
la cohérence qu’ils permettent. Pour ma part, j’aime bien
rappeler
une autre proposition qui est celle du conventionnalisme de Poincaré,
dont on trouve une présentation dans « La science et
l’hypothèse », il s’agit non pas de rejeter toute
expérience en disant que seule vaux des « conventions »
et qu’après tout, elles sont toutes interchangeable comme pourrait
le faire croire une sorte de constructionnisme social, mais que la
science est faite de conventions (dont la possibilité d’une
expérience fait parti). Ces conventions ne sont pas arbitraire, mais
l’objet de discussions entre chercheuses et chercheurs, et
permettent de faire « science » avec plus ou moins
d’expériences. On
demandera à la physique plus d’expériences, qu’aux
mathématiques ou les conventions attendues seront différentes. Cela
permet aussi de ré-introduire des sciences comme l’Histoire, dont
tout le monde admettra qu’il est difficile d’y reproduire une
expérience, mais dont les travaux relèvent pourtant bien souvent
d’un travail sérieux, tout comme il en existe en sociologie ou
psychologie. Évidemment ces domaines sont plus sujets a des débats
ou les enjeux politiques ne sont pas nuls, mais d’une part les
autres sciences aussi (l’évolution fait les frais des
créationnistes, tout comme la cosmologie, sans parler des
énergéticiens qui ont vu débarqué les conspirations autour d’une
énergie du vide, ou je-ne-sais-quoi-encore que l’on nous cacherai
pour faire plus de profits. Comme si les outils dans les mains du
patronat n’étaient pas déjà suffisant en eux même pour
exploiter le précariat (prolétariat élargie par la convention des
crises économiques)) et d’autres part un débat peut se résoudre
d’autant plus facilement qu’on a conscience des aspects
conventionnels (pour avoir assister a des cours d’esprits critique
destinés aux étudiants d’université des sciences a Montpellier,
malgré leur formations, ils sont complètement sujets à des
croyances diverses relevant du paranormal).
« 4.
Le matérialisme méthodologique », cette dernière
proposition, revient plus simplement à poser des limites au savoir
rigoureux que nous pouvons mettre au point. Lecointre dit qu’on ne
peu examiné que le matériel, il aurait aussi pu dire qu’on ne peu
pas prouver que quelque chose n’existe pas (et que c’est donc a
ceux qui prétendent que quelque chose existe, de le prouver).
Ensuite
Lecointre propose que « l’exigence de reproductibilité des
résultats agira comme un filtre » contre les pressions
sociales, économiques et politiques. Qu’en gros la vérité
vaincra grâce a la méthode scientifique. C’est méconnaître les
capacité des groupes de pressions et leurs moyens. L’amiante par
exemple, et d’autres produits, ont été commercialisés tel quel
pendant des années, avant que l’on se décident a reconnaître le
problème, et pourtant la méthode était bien la. Mais pendant ce
temps nous sommes du gibier pour les chasseurs de profits. Et la
méthode scientifique n’ a pas a elle seule diminuer le nombre de
victime. Pendant que ce travail nécessaire ce met en place, la
population subit les conséquences des matériaux et autres
découvertes tout a fait scientifique elle aussi, mais dont les
industriels ont décidés de ne pas publier des études (sur le tabac
par exemple), avançant tout a fait légitimement grâce au
libéralisme, le « secret industriel » contre la santé
de la population. L’État d’ailleurs n’est pas de reste sur ces
pratiques, puisqu’il dispose lui du « secret d’État »
quand il fait transité les convois nucléaire a travers la France
sur des routes ou chemins de fer.
On
est donc loin de la prétendue « véritable
autonomie des sciences dans leurs méthodes et dans leur résultats
(répétons que les applications des sciences ne sont pas concernées
ici) »
laissant leur « pleines
prérogatives morales et politiques à l’arènes des citoyens ».
Les sciences sont biaisées par les financements qui les permettent,
par les moyens permis, par les sujets retenus qui font intérêt vis
a vis d’un contexte etc. Attention, cela ne signifie pas qu’elles
sont fausses. Mais bien qu’elles sont pré-orientées. Quand
je propose une science avec d’autres outils et objectifs ce n’est
pas pour dire que l’autre science est fausse, comme l’aurait fait
la science
prolétarienne
et le lyssenkisme.
C’est plutôt comme quand vous êtes en France et qu’au lieu
d’écouter Météo France, vous écoutiez la météo du canada, ou
comme si vous écoutiez le trafic routier du Canada, alors que vous
êtes en France. Es-ce que la météo du canada raconte des
mensonges ? Probablement pas plus que Météo France. Seulement
il y a des informations utiles pour la vie quotidienne en France et
d’autres pour celles du Canada. Allons plus loin. Vous savez qu’il
existe la possibilité pour des agriculteurs d’avoir une
connaissance météo plus spécifiques, plus adapté à leur
activité ? Il
s’agit dans les sciences de faire une équivalence. Connaître
le trafic routier c’est intéressant, mais si vous êtes cycliste
ça ne vous sert pas de la même manière.
Aujourd’hui
on en est un peu la parfois en science, au lieu de se demander
comment résoudre une question pratique spéciale (je n’oppose pas
la pratique pour bénir la fondamentale) on se demande quelle savoir,
ou que pourrait-on faire avec cette technique (au hasard, les
nanotechnologies). Du coup on produit un savoir non pas universel,
mais complètement contingent. Contingent de ceux qui ont ces
techniques, de ceux qui peuvent y accéder, s’en servir etc. Alors,
comment résoudre cette ambivalence
entre une science qui se prétend universelle, mais qui en réalité
est contingente ? Il est possible de chercher a penser une
science universelle dans un noyau méthodologique (et
encore, les moyens mis en œuvre tout comme le savoir serait
contingent),
mais dont les résultats pratiques, eux, soit reconnues
comme forcément contingents.
Peut-être un peu comme l’on fait de la géographie.
On croit être libre et universel sur le résultat parce qu’on
ignore que les moyens qui y
mènent sont contingent (certaines sciences, comme, l’ethno-écologie
et toutes les recherches sur les savoirs locaux sont en avance sur
ces problèmes). Ces sciences situationnelles peuvent toutefois
parfois paraître universelle dans le cas ou le sujet lui même est
identique. Les
positions actuelles en science sont à l’opposé, dans les faits on
a eu une nationalisation des scientifiques, puis des sciences, comme
le rapporte Dominique Pestre dans « Science,
argent et politique ; un essai d’interprétation »
et les enjeux économiques font jouer la concurrence. Une tendance
plutôt de gauche, veux ignorer cette réalité, et prétend a une
science internationale, une sorte de Parti Communiste de la science,
un centralisme scientifique qui s’impose a toute les situations
sous couvert de neutralité et de bien du peuple (pour grossir les
traits). On retrouve cette illusion a travers un exemple que les
auteurs reprennent à un entretient avec Pascal Charbonnat.
Cet
agent est essentiel dans l’approche de nos deux auteurs car il va
justifier une science qui se détache de la religion, et qui serait
« amorale » (ce qui est faux, on la vu, car dans les
piliers proposé par Lecointre, une vertu, a minima
est exigée). Cette position est présenté comme « abstinence
métaphysique » (une fois de plus, antérieurement, j’ai
indiqué qu’au contraire, il y avait un présupposé métaphysique,
on y échappe pas). Quand elle est énoncée, on a l’impression que
c’est juste les scientifiques d’une époque qui ont pris une
décision dans leurs
cerveaux
respectifs
revenant à dire au XV ième siècle, que l’on avait pas besoin de
Dieu. Cette position revient un peu a promouvoir la liberté
d’expression sans les moyens qui permettent de l’exercer et alors
que des pouvoirs enjeu vont bien vous rappeler le contraire (a maxima
en vous brûlant, a minima
en faisant en sorte qu’on puisse pas vous entendre, non par
censure, mais en recouvrant complètement votre paroles par d’autres
faits, tout aussi vrai, mais qui participe a une autre histoire, que
celle que vous voulez raconter). La ou Charbonnat dit que des
scientifiques « choisissent de s’abstenir », faisant
croire que grosso-modo, passer d’un camps a l’autre relève d’une
décision mentale, Dominique Pestre rappelle les enjeux matériel :
certains pouvait choisir plutôt que d’autres. « Le
fait, nous le savons, que Galilée ait successivement « travaillé »
dans le cadre de l’université et à la cour du grand duc de
Toscane n’est pas sans importance pour
les types de production intellectuelle qui furent les siens. Nous
savons que son appartenance à la cour des Medicis puis à la cour
pontificale, la protection que celles-ci lui ont accordée,
l’indépendance qu’elles lui ont permis de gagner par rapport aux
universités et aux jésuites, lui ont ouvert la possibilité d’une
autre pratique de la philosophie naturelle, et l’ont autorisé à
tenir publiquement d’autres énoncés. Parce qu’il s’appuie
alors sur des sociabilités puissantes, parce qu’il met de son côté
un autre réseau de pouvoir que celui constitué par ses anciens
collègues, il peut rendre audible et légitime une nouvelle manière
de défnir « le métier » de philosophie […]. Son
insertion dans le monde de la cour et sa capacité à l’intéresser
et la mobiliser permettent de comprendre son succès, de relire son
ascension rapide, celle de ses manières de faire et de ses
résultats, mais aussi sa chute, tout aussi dramatique, et son
procès. »
Un
dernier mot rapidement, une
opposition actuelle fait jouer en science un « objectivisme »,
contre un « nihilisme ». Ou l’objectivisme serait
neutre, alors que le méchant nihilisme se permettrait n’importe
quoi. Pour moi ces deux positions sont des idéalismes.
L’objectivisme ignore souvent ses conditions de productions et
quand ils en parlent, soit c’est pour dire qu’il n’en parlerons
pas, comme si on pouvait détacher l’un de l’autre, soit pour
dire que cela impacte peu le résultat toujours vrai (on la vu, le
problème en fait, n’est évidemment pas dans la vérité, mais
dans la perspective que cela ouvre). On a beau jeu alors de rejeter
un nihilisme, parfois renomé relativisme, ou constructionnisme
social. Ce dernier existe, par ailleurs, et montre bien les
difficultés qu’il y a, à établir des critères net sur ce qui
fait science dans certains domaines, et l’esbroufe dont certain-e-s
tirent profit. Mais surtout, cette opposition évite de questionner
d’autres problèmes.