Conférence internationale de Rio sur l’environnement du 20 au 22 juin 2012 : les Nations s’apprêtent à signer en totale inconscience les « Accords de Munich » comme en 1938, sans voir que nous sommes à la veille de l’effondrement !Le développement durable, c’est le problème, pas la solution.
Cette cinquième conférence internationale sur l’environnement sera la dernière : nous ne serons plus là pour vivre la suivante, prévue en 2022 car dans les 10 années qui viennent s’accélèrera la PHASE FINALE DE L’AGONIE TERMINALE et la plupart d’entre nous ne survivront pas à l’écroulement des sociétés industrielles, qu’il s’agisse des vieilles comme en Europe, ou des neuves comme au Brésil, en Inde ou en Chine, ces pays immergés dans la ridicule imitation servile et aveugle du faux modèle qu’est le mode de vie occidental.
Le mode de vie dont se targuent les "races supérieures" qui se croient "la civilisation" par excellence depuis 1756 (Mirabeau cité par Françoise Dufour) est écologiquement impossible et humainement un échec car il ne mène même pas au bonheur. La vie moderne n'est que régrès et mal-être (hausse des suicides, hausse de l'usage de substances psychotropes légales ou illégales, hausse des troubles psychiatriques). Les "races inférieures" jadis nommées "sauvages" sont depuis la fin des années quarante qualifiées de "sous-développées" tandis que les "races supérieures" se disent "développées". Les civilisés font miroiter aux yeux du reste du monde leur prétendu merveilleux mode de vie, ils décident de ce qu'est la mesure du "niveau de vie" et distribuent les bons points aux meilleurs élèves, ceux qui sortent plus vite de la "sauvagerie" seront récompensés par l'appellation flatteuse de "pays émergents", les autres, les perdants de la course au "développement" ont encore la tête sous l'eau, ils n'émergent pas. Ils sont immergés : on parlera de "pays les moins avancés". Toujours le même racisme. Rien de changé depuis les temps coloniaux. L'Occident fixe les règles du jeu. Un jeu qui s'appelle "le développement" depuis la Résolution 198-3 de l'O.N.U. le 4 décembre 1948. Il fallait après la guerre trouver une expression plus élégante que « pays arriérés » encore très utilisée. Le Président Truman choisira les mots « pays développés » et «pays sous-développés » dans son discours du 20 janvier 1949 en précisant : « Plus de la moitié de la population du monde vit dans des conditions proches de la misère […] ; sa vie économique est primitive et stagnante ».Puis on remplacera « pays sous-développés » par « pays en voie de développement » sans même saisir l’outrecuidance extraordinaire de cette dernière expression : ces pays n’ont même pas le droit de décider en toute liberté de leur avenir, l’Occident définit d’emblée leur destin, c’est le développement ou rien ! Pas question d’envisager par exemple la stabilité, ou de trouver en eux-mêmes, en étant fiers de leur propre histoire, leur propre culture, les clés de la vie épanouie et agréable, sans tenir compte de ce qui se fait ailleurs, par exemple en Europe ! Et ce développement obligatoire, en plus, les occidentaux veulent désormais le faire « durer », le rendre « durable » pour reprendre le pire mot choisi par certains pour traduire « sustainable », alors que la seule urgence, au vu de la dégradation accélérée des équilibres écologiques est d'arrêter le développement. Il est absolument insoutenable. Il ne faut pas simplement changer de "mode de développement", il faut carrément se débarrasser du développement, donc surtout pas le rendre "durable". Les races supérieures, les civilisés, les développés doivent cesser d'inculquer au reste du monde leur mode de vie suicidaire qui nous précipite tout droit dans le mur des échéances écologiques, le mur de l'épuisement des ressources non renouvelables liquides, gazeuses ou minérales, le mur de létalité des pollutions de l'air, de l'eau, de l'alimentation, les plus graves étant la pollution radioactive et celle conduisant au réchauffement du climat et à l'acidification des océans. Il faut cesser de croire à notre supériorité, arrêter de croire que nous sommes "en avance", arrêter de définir nous-mêmes le sens de l'histoire, de pratiquer le « vol de l'histoire » pour reprendre le titre de l'ouvrage de Jack Goody (Gallimard 2010).
Le vers était déjà dans le fruit lorsque le monothéisme nous a gonflé d'orgueil à la fois vis à vis des "païens" et à la fois vis à vis des habitants non-humains de cette planète. Et nous continuons à occuper tout l'espace en détruisant tous les écosystèmes au point d'être coupable de la Sixième extinction massive des espèces animales et végétales. Nous ravageons la biodiversité. La masse des humains et de leur bétail pèse déjà 90% du poids des 5000 autres espèces de mammifères de cette planète ! Les 2000 biologistes qui étaient réunis à l'Unesco en septembre 1968 pour tirer la sonnette d'alarme sur la situation dramatique de la biosphère, disaient déjà tout cela il y a 44 ans. Les mathématiciens du M.I.T., à la demande du Club de Rome, démontreront début mars 1972 que si l'Occident continue sur sa lancée et incite les peuples du Tiers-Monde à faire de même, tout s'écroulera de façon catastrophique vers 2030. Début 2012, lors de la commémoration des 40 ans de ce Rapport au Club de Rome au Smithsonian Institute à Washington, son principal auteur, Dennis Meadows, a été encore plus pessimiste. Au vu des réactions insuffisantes, non proportionnées à la gravité des faits tout au long de ces 40 années, notamment l'échec des 4 Sommets de l'Environnement : Stockholm 1972, Nairobi 1982, Rio 1992, Johannesburg 2002, ce n'est pas en 2030 que le monde s'écroulera, mais plus tôt : vers 2020.
A la veille du 5e Sommet de l'Environnement, on ne peut que constater la tragique stagnation de la situation : fin mai 2012 l'ambassadeur de l'Inde disait à la sénatrice française Laurence Rossignol, coordinatrice du rapport d'information du Sénat "Rio + 20" (www.senat.fr) qu'il fallait que l'Occident arrête de vouloir brider la vitesse de développement des pays tels que l'Inde, la Chine ou le Brésil, car ces pays ne sont encore qu'en phase de rattrapage. Il ne fallait pas utiliser l'argument de l'environnement pour handicaper leur développement : « Laissez-nous d'abord atteindre votre niveau de vie, et ensuite, une fois l'égalité atteinte et que vous nous accueillerez au sein des Grandes Puissances, nous pourrons discuter des moyens de traiter des problèmes d'environnement ».Tragique stagnation car les représentants des pays du Tiers-Monde disaient exactement la même chose à Stockholm en 1972 aux européens et c'est alors que les occidentaux décidèrent de satisfaire le tropisme mimétique des jeunes nations décolonisées converties « à haute et intelligible voix à la suprématie des valeurs blanches » (Frantz Fanon), en accolant le mot "développement" dans le vocabulaire censé traiter des problèmes d'environnement. On parlera de "développement écologique" (écodéveloppement, Ignacy Sachs) puis à partir de l'idée de I.U.C.N. et de W.W.F. en 1980, de "sustainable development", du vieux français (1346) "soustenable" qualifiant alors la bonne gestion de la forêt pour ne pas en entamer le capital (ordonnance de Brunoy du roi Philippe VI de Valois). Tragique stagnation car tant qu'on continuera à psalmodier comme dans un mantra "développement, développement, développement", par exemple cette "recommandation 3" parmi les 16 de la Commission sénatoriale Rio + 20 parlant du « droit au même niveau de développement pour tous » on continuera à nager dans la plus inepte des illusions. Nous avons déjà en termes d'empreinte écologique dépassé les capacités biophysiques de la biosphère depuis 1983 (Meadows 2012 p.20). Déjà les nations les plus follement consuméristes comme l'Europe de l'ouest et les U.S.A. Devraient fortement réduire leur niveau de vie. Il est mathématiquement impossible que le reste du monde se mette à vivre ne serait-ce que selon le standard du mode de vie français : il nous faudrait alors 6 planètes ! Voilà 40 ans que nous perdons un temps précieux. Dès 1972 il aurait fallu casser le mythe du "développement" et dire à Stockholm que l'Occident non seulement s'excusait d'avoir pratiqué la colonisation, mais qu'en plus cet Occident gonflé d'orgueil devait faire acte de contrition et avouer que son idéal de vie était un non-sens, que son prétendu "progrès" était un régrès, et que donc il demandait aux peuples du Tiers-Monde de détourner leur regard du dit modèle occidental, lequel est à défaire, n'étant qu'une monumentale erreur, et de se ressourcer auprès de leurs propres traditions pour retrouver les chemins de la dignité et de l'épanouissement. Plus qu'un génocide (le quart de l'humanité d'alors en 1500 presque totalement exterminé aux Amériques), la colonisation a généré un véritable ethnocide à travers la prétendue "œuvre civilisatrice" censée être "le devoir des races supérieures"(Jules Ferry). Apporter la civilisation, le développement, c'est introduire le complexe d'infériorité, c'est infantiliser des peuples qui étaient jadis adultes et autonomes.
Dès 1972 il aurait fallu au regard des conclusions des travaux des écologues démontrant le résultat déjà dramatique du "pillage de la planète"(F. Osborn, R. Heim, J. Dorst, R. Carson, B. Commoner, R. Dubos), faire la promotion de l'ENVELOPPEMENT en lieu et place du DEVELOPPEMENT et inverser les critères de valeur en saluant l'art de vivre écologiquement des SYLVILISATIONS et en dénonçant la démesure (hubris) suicidaire et l'orgueil raciste hallucinant de la CIVILISATION. L'enveloppement, c'est l'art de vivre en se glissant discrètement dans les écosystèmes, de façon àlaisser une place confortable aux autres espèces animales et végétales. L'enveloppement, c'est ce mode de vie modeste qui laisse toute la biodiversité s'épanouir en symbiose avec l'espèce humaine. C'est un peu le "Buen Vivir" issu de la vision quechua de l'harmonie qui a été récemment intégrée à la constitution de l'Équateur. Au contraire du développement qui n'est que l'étalement monodirectionnel et anthropocentrique qui repousse jusqu'aux dernières extrémités la vie sauvage, l'enveloppement est une figure repliée (et non dépliée, déployée, étalée) pluridirectionnelle et biocentrique qui multiplie les entrelacements et les circonvolutions, ce qui permet une profusion d'interfaces et de points de contacts, une densité d'échanges pour une vie sobre, frugale, débarrassée du superflu, où les mots "riches" et"pauvres" n'ont plus de sens, pas plus que l'obsession chez nous trimillénaire de "puissance", mais où la convivialité et la tranquille plénitude atteint des sommets. Le développement mutilait la personne humaine en ne valorisant que la sèche et froide raison. L'enveloppement rétabli l'être humain en sa complétude bigarrée et baroque, (Michel Maffesoli), épanouissant tous les sens, laissant s'exprimer les émotions, tempérant la raison par le modeste raisonnable, bref ce qu'on appelle la sagesse, qui, en principe, défini "Homo sapiens sapiens" ! L'homme biocentrique remet les pieds (nus) sur terre et retrouve l'humus, donc l'humilité.
Décoloniser notre imaginaire, changer de paradigme n'est pas un vain mot. Comme l'a répété Dennis Meadows le 24 mai 2012 à Paris, "it's too late for sustainable development". On a été trop loin, les dégâts sont déjà trop importants, on ne peut plus jouer naïvement avec cet oxymore ménageant diplomatiquement la chèvre et le chou. Au point où en sont les choses, à moins de 8 années de la date fatidique, il ne faut pas se contenter de réformettes ! Il faut révolutionner, bousculer sans ménagement nos préjugés. Trop tard pour la TRANSITION en douceur. Il faut basculer. Vite ! A quelques jours de "Rio + 20", il serait totalement contre productif d'en être encore à disserter benoîtement sur le "développement durable".
La demi-journée de réflexion aux Diaconesses à Paris 12e le 9 juin est dominée hélas par les économistes. Mais où sont passés les biologistes, si actifs au début des années 70 ? Les économistes ont vite fait de ne voir qu'une "crise", encore une, là où il s'agit pour la première fois du choc frontal d'ordre géologique entre une civilisation occidentale entrain de contaminer dans sa toxico-dépendance au consumérisme le reste du monde au préalable décérébré par la publicité et le bourrage de crâne développementiste et une fragile pellicule de vie mortellement atteinte par cette mégamachine folle, coincée dans son auto-accélération. La mégalomanie occidentale, que ce soit dans sa version capitaliste ou sa version socialiste, nous précipite vers l'implosion (P. Thuillier, D. Jensen). Nous ne serons jamais 9 milliards en 2050 ! (P. Chefurka, H. Stoeckel, C. Clugston). Des famines dantesques auront lieu, bien avant, accompagnées de guerres civiles, d'épidémies, d'émeutes et des raidissements fondamentalistes qui vont avec. Illusion de revanche des peuples humiliés lors de la Guerre de l'Opium et de la colonisation. Tout cela dans une ambiance de folie guerrière avec des États ne comptant plus que sur leur puissance militaire et leur capacité cynique à anéantir les émeutes : la Chine s'apprête à doubler son budget militaire ces 3 prochaines années après avoir augmenté ses dépenses militaires de 189% de 2000 à 2010, la Russie de 82% comme les U.S.A. (P. Larrouturou). Dans cette phase finale d'agonie des sociétés industrielles, nous laissons encore stupidement les publicitaires faire œuvre de crétinisation des masses, et les riches jouer à leur concurrence juste pour leur plaisir infantile de la frime ostentatoire : en jeter plein la vue, plaisir pervers, pathologique, de rendre jaloux, parader comme des gamins et se donner en spectacle aux ethnocidés des villes qui croient que le bonheur, c'est l'enrichissement. Syndrome mimétique !
La justice, ce n'est pas l'égalité au sens "tout le monde riche", c'est l'égalité dans la vie modeste et rurale, moins de biens, plus de liens, la fin des hiérarchies sociales par la multiplication des autarcies locales en revalorisant les savoir-faire artisanaux et locaux, héritage de l'ethnodiversité qui fait la valeur du patrimoine immatériel de l'humanité que l'Unesco a raison de promouvoir en défendant le pluriel des langues et des cultures, notamment les droits des peuples autochtones reconnus enfin par l'O.N.U. en 2003. Cette justice, cette égalité passe par l'éclosion des autogouvernements de petite taille, seule possibilité d'amortir en souplesse (résilience) les effets de l'effondrement des sociétés complexes (J. Tainter) prétendues modernes et civilisées. Et le tout avec des moyens très économes en énergie et ressources minières, des moyens basés sur tout ce qui pousse et donc se renouvelle naturellement du seul fait de la captation de l'énergie des rayons du soleil. Bref une vie juste ne peut qu'être une vie à très faible empreinte écologique, la seule dont le niveau est égalitairement partageable entre tous les habitants humains et non humains de cette planète. Or sur notre planète à taille finie, l'espace bio-productif utilisable est de 12 milliards d'hectares, soit actuellement 1,8 ha par personne, mais en termes d'empreinte écologique, cette surface maximum est déjà largement dépassée : 9,6 ha par habitant des U.S.A., 7,2 au Canada, 5,3 en France, 3,8 en Italie. Mais 0,8 en Inde et 0,5 à Haïti (S. Latouche 2012).
Quelles décisions in extrémis ?La rupture radicale pour orienter les sociétés vers l'abandon du rêve occidental de puissance, rêve déjà en place dans les premiers empires en Chine, en Perse et en Égypte, ne pourrait résulter que d'un virage brutal et immédiat au vu du peu de temps qui nous reste avant l'effondrement : demain tous les publicitaires sont en prison, et tout ce qui distrait et divertit, interdit. Les mass-médias se consacrent uniquement à tétaniser les masses jadis abruties pour les désintoxiquer du rêve stupide du consumérisme. Plus rien vient de loin. Arrêt immédiat de tout véhicule, bateau ou avion à moteur thermique. Interdiction des toitures non productrices d'énergie pour fournir en électricité tous les habitants vivants en dessous ou à côté. Interdiction des toitures non cultivables en petit maraichage sur terrasses : il faut déminéraliser le paysage urbain en le revégétalisant. Confiscation immédiate de tous les biens des riches pour financer le retour à une vie besogneuse et décente tous les misérables (dotation conditionnelle d'autonomie) et pour financer le remplacement desuite du nucléaire par les énergies renouvelables et miniaturisables, y compris la remise à l'honneur de l'énergie musculaire animale et humaine. Tout cela bien-sûr sans envisager de faire la même chose, la même gabegie énergivore mais dans un contexte de simplicité démocratiquement décidée. Arrêt de l'usage des énergies fossiles jusqu'au retour à la concentration préindustrielle des gaz à effet de serre...
Mais Bertrand Meheust explique bien dans "Politique de l'oxymore" et "Nostalgie de l'Occupation" pourquoi on ne prend pas le chemin de ce virage pourtant absolument indispensable au plus vite pour éviter des centaines de millions de morts. Si nous sommes effectivement tous dans un gigantesque Titanic condamné au naufrage : ne faut-il pas avant tout imaginer comment échapper à la noyade et mettre les chaloupes à la mer ? Organisons-nous maintenant en multiples groupes sécessionnistes pour basculer dans une vie totalement nouvelle et jouissive, avec nos enfants formés dès aujourd'hui aux métiers d'avenir : la vannerie, la poterie, le maraichage, la traction animale et les petites manufactures municipales de recyclage des métaux pour fabriquer des vélos...
C'est cela ou le "collapse"... l'effondrement sanglant qui nous feront regretter les deux "petites" guerres mondiales du XXe siècle.
Thierry Sallantin , juin 2012
Contact : blancimarron@gmail.commilitant écolo depuis 1967, présent à l'Unesco en septembre 1968 lors du premier congrès mondial sur la situation de la Biosphère; lauréat du Concours Général de géographie en 1970; boursier Zellidja 1971 (Niger), puis ethnologue amazoniste...Ce texte est retrouvable dans une version un peu plus courte et une bibliographie moins complète sur la Toile, par exemple sur le site de "Netoyens" à la rubrique "réfléchir" sous le titre : "Le développement durable, c'est le problème, pas la solution."
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Barry Commoner 1969 : Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants? [Scienceand Survival]. Ed. du SeuilBarry Commoner 1973 : L'encerclement.Ed. du SeuilSerge Moscovici 1968 : Essai sur l'histoire humaine de la nature. Flammarion
Serge Moscovici 1972 : La Société contre nature. SeuilSerge Moscovici 1974 : Hommes domestiques et hommes sauvages. U.G.E. 10/18Serge Moscovici 2002 : De la nature, penser l'écologie. Ed. MétailiéSerge Moscovici 2002 : Réenchanter la nature : entretiens avec PascalDibie. Ed. de l'AubeThierry Sallantin 2008 : Agroécologie : nouvel oxymore ? Est-t-ilécologique d' artificialiser la nature ? Vers une réintroduction desméthodes douces d'artificialisation des forêts en décolonisant notreimaginaire d'occidentaux ne jurant que par l'AGER (guerre à la nature).Nouvelles interrogations autour des notions de SYLVA, AGER et HORTUS.Exemples des agricultures Wayampi (Guyane française) et Yanomami(Vénézuéla). En ligne sur le site de "morikido"
*Comment traduire "sustainable development" ?*
J'habite à côté de la forêt de Brunoy, un peu au sud de Villeneuve Saint Georges, cette forêt de Brunoy que le roi Philippe VI de Valois voulait protéger et bien gérer par *son ordonnance de 1346*, celle-là même qui est à l'origine du concept créé en 1980 par les deux organisations internationales de protection de la nature IUCN et WWF :*sustainable development*
car ces deux organisations cherchaient alors une expression un peu langue de bois, un peu contradictoire et hypocrite pour dire "tout et son contraire" : à la fois protéger et détruire la nature, à la fois favoriser l'économie tout en favorisant aussi l'écologie, hypocrisie volontaire pour plaire à tout le monde, se fâcher avec personne, ce qui est le principe des expressions diplomatiques. En clair il fallait rassurer les pays du Tiers-Monde, en colère depuis le première conférence de l'ONU sur l'environnement, en 1972 à Stockholm, car ils ne voulaient pas qu'on les bride dans leur espoir de se "développer" au nom des mesures de protection de l'environnement. D'où le stratagème alors choisit : caresser les Etats et le monde des entreprises dans le sens du poil en fabriquant pour leur plaire une expression qui contient leur mot-fétiche : "développement"...et y accoler un qualificatif évoquant les impératifs écologiques de la gestion prudente pour maintenir l'harmonie au sein des écosystèmes...
Petite histoire du mot anglais "sustainable",dont on remarquera les deux "s" = sus. Il vient du vieux français utilisé dans ce texte de 1346 = sous tenable, soustenir, avec deux "s", et en français actuel, un seul "s" = soutenir, soutenable, soutenabilité (sustainability). Le roi demandait à ses fonctionnaires appelés "Maîtres des forêts" de bien gérer (to manage = ménager, prendre soin) la forêt de Brunoy en établissant les quotas de coupes de bois = ne pas couper trop, pour ne pas entamer le capital de bois, laisser le temps à la forêt de repousser. Cette bonne gestion, prudente et écologique permet de respecter la capacité naturelle de renouvelabilité de la ressource en bois pour tenir compte des besoins des générations suivantes. Ainsi la forêt existera toujours, elle pourra se "soustenir", soutenir perpétuellement, pour le bienfait des générations futures. Une bonne gestion est une gestion soutenable.
Le mot "sous-tenir" signifie à l'origine "tenir par en dessous", en prenant la précaution de se placer exactement en dessous, pour avoir la charge à porter, tenir, bien équilibrée au centre de gravité. Même sens pour "supporter", porter par en dessous.
Donc dès le début ce mot fait appel à une notion d'équilibre. D'où le sens actuel de "précaution écologique", d'équilibre écologique...
Le 24 mai, conférence en anglais de Dennis Meadows à Paris. C'est lui qui nous a raconté comment à 27 ans en 1972 il avait participé à la rédaction du fameux rapport au Club de Rome que j'avais lu avec la passion de mes 19 ans à l'époque;sur internet en tapant sur google : "le club de rome confirme la date de la catastrophe" et aussi = "Is it too late for sustainable development" on découvre les propos de Dennis Meadows tenus à Washington au Smithsonian Institution le premier mars 2012, à l'occasion du 40e anniversaire de ce fameux rapport = "The limits to Growth". J’ai pu rencontrer Dennis Meadows juste après cette conférence, on a sympathisé, il m'a donné son adresse. Il a expliqué à cette conférence pourquoi il était hélas désormais trop tard pour lancer le "sustainable development", car de toute façon cette expression est contradictoire : il a expliqué que le développement ne peut pas être soutenable. Il a précisé que pour lui l'expression "sustainable development" est un oxymore, ce que nous étions quelques uns, avec Serge Latouche (par exemple dans la revue "Tiers-Monde n° 100) à dire dès la fin des années 1980...Seule la stabilité est soutenable, pas ce qui se développe, croît, augmente, gonfle, grossit. Donc il faut d'abord arrêter le développement. Et ensuite inventer des modes de vie qui gaspillent moins : des modes de vie soutenables, à faible empreinte écologique. Juste ce qu'il faut pour vivre, avec sagesse et simplicité, ce qui est aussi le sens du mot français "se sustenter", repris par la langue espagnole pour traduire "sustainable". Les portugais aussi ont choisi de ne pas dire « durable ».
Personnellement, je remplace "développement" par "enveloppement". Cette idée commence à se répandre : Edgar Morin et Michel Maffesoli l'utilisent. Toute cette histoire pour dire que la bonne traduction de "sustainable", c'est "soutenable" : ne jamais dire pour traduire ce mot : "durable", adjectif qui plaira au monde des affaires, troublé par le succès médiatique du Sommet de Rio en 1992, bombe qu'ils cherchèrent alors à désamorcer en rédigeant "l'Appel de Heidelberg" la veille du début de la Conférence internationale à Rio. C'est pour cela aussi que début juin 1992 les deuxhommes d'affaire Maurice Strong et Stephen Schmidheiny créèrent le Business Council of Sustainable Development, et depuis ce club des plus grosses multinationales aide les plus gros pollueurs à se faire pardonner leurs crimes environnementaux. Maurice Strong, pdg de sociétés canadiennes œuvrant dans l'hydroélectricité et le pétrole est aussi depuis 1972 le Secrétaire Général nommé par l'ONU pour coordonner toutes les conférences internationales sur l'environnement. Il a été remplacé à ce poste fin 2010 par le français Brice Lalonde. C'est lui qui a créé en 1983 dans le cadre de l'ONU la commission "Environnement et Développement", et c'est à ce moment là que les milieux d'affaire ont trouvé que l'astuce sémantique créée par IUCN et WWF trois années avant : "sustainable development", était une bonne expression pour réintroduire les priorités économiques dans ces discussions sur l'environnement. Maurice Strong placera à la tête de cette commission l'ancienne ministre de la Norvège Gro Harlem Brundtland, et c'est par son rapport de 1987 "Notre avenir à tous" qu'elle rendra célèbre l'expression "sustainable development". Quant à Stephen Schmidheiny, président du plus grand groupe mondial spécialisé dans l'amiante, il a été condamné en février 2012 à Turin à 16 ans de prison au grand procès italien des victimes de ce minerai aux fibres cancérigènes. Préférer "durable" à "soutenable est normal dans la logique managériale car pour ceux qui se soucient avant tout de leurs bénéfices et vivent rivés au seul court terme, ce qui doit durer, c'est la machine économique, elle doit continuer à se développer le plus longtemps possible, pour que la compétitivité des entreprises soit durable. Les francophones qui cherchent d'abord des bénéfices durables utilisent désormais le qualificatif "durable" à toutes les sauces, car il est devenu un vocable indispensable pour faire du "green-washing", une simple astuce dans les politiques de communication, une coloration verte à la mode, l'art de se faire passer pour "écolo" tout en faisant tout pour maintenir la rentabilité des investissements, de façon "durable".Le qualificatif "soutenable" fait moins penser à la durée car il tient compte des impératifs d'équilibre écologique pour que la pérennisation puisse se dérouler en toute harmonie. Et ces impératifs sont complexes, multi-factoriels, plein de boucles de rétro-action. Faire seulement "durer", c'est bien plus simple (et simpliste !) : juste continuer sur le seul axe du temps. Rien changer pour continuer à faire des affaires. Coûte que coûte, durer, et faire taire ces "écolos" qui osent demander aux tribunaux de faire payer les pollueurs...
Dire "durable", c'est faire injure à la langue anglaise qui possède le mot "durable" dans sa langue et ne l'a pas choisi, préférant "sustainable", qui a une longue tradition d'usage dans le vocabulaire anglais pour traiter des sciences de la gestion des forêts. De plus lors de la première parution en langue française du Rapport Brundtland "Notre avenir à tous", éditions du Fleuve, Québec, en 1988, c'est bien le mot "soutenable" qui avait été choisi.C'est faire aussi injure à l'origine française, attestée dans ce texte ci-dessous de 1346, du mot "sustainable" (soutenable, soutenir, soutenabilité)Voici le texte d'origine :
*Ordonnance de Brunoy, roi Philippe VI de Valois, 1346*
*"Les Maîtres des forêts enquerreront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et ferons les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que les-dîtes forêts et bois se puissent perpétuellement soustenir en bon état."*
Thierry Sallantin
Contact : blancimarron@gmail.com
Lauréat du Concours général de géographie, boursier Zellidja (Niger, Azaouak, Touareg), ancien élève de Pierre Aguesse en écologie puis de Robert Jaulin et Pierre Clastres en ethnologie. Ethnologue amazoniste…
mardi 19 juin 2012
Conférence internationale de Rio, sur l’environnement du 20 au 22 juin 2012
Je relais ce texte d'un ami :
mardi 22 mai 2012
LE TGV, NUISANCE FRUIT DES NÉCESSITÉS DE L’APPAREIL CAPITALISTE
LE TGV, NUISANCE FRUIT
DES NÉCESSITÉS DE L’APPAREIL CAPITALISTE.
Généralité
de luttes. Les luttes
anarcho-écologistes viennent au premier plan ces derniers temps et
c’est tant mieux.
Aux
critiques sur la question énergétique à travers l’éolien
industriel (en Amérique du Sud comme dans les haut cantons
héraultais1),
lu nucléaire et les hydrocarbures2,
succède celle de la gestion des flux énergétique, marchand... A
travers Les luttes contre les lignes Trés Haute Tension,
l’occupation de la ZAD contre l’aéroport de Notre Dame des
Landes, la résistance a la destruction de la forêt de Khimki en
Russie pour le passage d’une autoroute, s’ajoute très
logiquement une renaissance de la critique du train et en particulier
aujourd’hui des lignes a très grandes vitesses.
La gestion, c’est à dire le
contrôle de la circulation des flux (qu’ils soient composé
d’objets, de vivants, de marchandise ou de leur vecteur) est une
des pièces essentielle du capitalisme industriel intégré et
mondialisé.
La
lutte contre le train est un phénomène ancien.
Dans
les réflexions générale sur le progrès, les critiques du chemin
de fer sont souvent mis en avant de manière ironique, pour
sous-entendre que se lever contre des techniques industrielles est
ridicule. Or une étude historique du sujet : Refuser de se
laisser ferrer, les résistances au chemin de fer en France au XIXe
siècle de François Jarrige3,
montre qu’a la naissance du chemin de fer, rien n’était joué
car les paysans (utilisateurs de terre potentiellement traversé par
ces voies) et les « autres travailleurs du transport
concurrencés par le rail » n’avait pas envie de céder
la place.
« Aux
lendemains de la révolution de Février 1848, des groupes parcourent
les voies ferrées aux environs de Paris, ils détruisent et
incendient les installations ferroviaires et les gares. »
Cette étude s’inscrit par ailleurs comme le relève habilement
l’auteur dans une note contre une « opposition habituelle
entre les sociétés contemporaines mobiles et les sociétés
anciennes considérées comme fixes et immobiles […].
En effet, les sociétés pré-industrielles sont traversées
continuellement par des mouvements de l’errance et de la
solidarité, les compagnons comme les aristocrates font leur grand
tour initiatique. La mobilité, si elle revêt d’autres formes et
d’autres motivations, est bien réelle avant le XIXe siècle. C’est
pourquoi nous préférons parler d’un « nouveau régime de
mobilité » plutôt que d’une mise en mouvement, qui
impliquerait que seul l’homme moderne connaît l’expérience du
voyage. », il suffit d’ailleurs de lire les récits de
naturalistes voyageurs et autres saventurier pour s’en convaincre4.
Les
organisations et motivations des critiques du train sont complexes :
Passé
les préjugés xénophobes, comme celle d’« un auteur anonyme
voit dans le triomphe de ce mode de transport le résultat
de l’« anglomanie, cette maladie à la monde qui a porté
ses ravages dans les salons de la finance » et dénonce
l’impact sur le « travail national », on
découvre des critiques très rationnelles.
L’urbanisme
posait déjà de sérieux problème : « Derrière
l’hostilité au chemin de fer, les ruraux dénoncent souvent
l’emprise croissante de la ville. Les conseillers municipaux […]
rejettent déjà « l’effet tunnel » lorsqu’ils
écrivent […] que le
chemin de fer est « incapable d’être lucratif sauf aux
grandes villes où il y aura des entrepôts, et aux points de départ
et d’arrivage... tous les pays intermédiaires en souffriront par
le défaut de communication. » ». Vignerons et paysans,
s’insurge contre les expropriation.
Sur
le plan économique, selon « le maire d’une petite commune du
Pas-de-Calais, […] le chemin de fer est : « une
brillante charlatanerie, le chef-d’oeuvre de l’égoïsme et le
triomphe de l’intérêt personnel sur l’intérêt général.
Cette invention n’est bonne qu’à faire une fortune immense aux
propriétaires des mines de fer et aux compagnies chargées de la
construction de ces chemins, résultat qui ne sera obtenu qu’en
ruinant plus ou moins toutes les autres composantes de la
population. » ». D’autres y voie la concurrence
pour les mariniers, les voituriers ou les bateliers et « L’extinction
de notre marine et de l’industrie chevaline entraînera la perte,
en tout ou partie, de nombreuses industries qu’elles faisaient
prospérer sur tous les points de la France, parmi lesquels on citera
l’aubergiste, le marchand de vin, qui se comptaient, sur toutes nos
routes, en presque aussi grande quantité que les bornes indiquant la
distance, et qui faisaient majorité au rôle des patentes ; le
bourrelier, le maréchal, le charron, le cordier, l’artiste
vétérinaire, et dix autres industries, dix autres commerces qui se
lient, dans chaque localité, à ceux que je viens de citer. »
Certains se pose simplement la question de la rentabilité :
« François Arago – par ailleurs ardent défenseur du rôle
des machines auprès des ouvriers – considérait la « productivité
pécuniaire » du nouveau mode de transport comme douteuse. Pour
lui, l’infériorité économique des chemins de fer par rapport aux
canaux pour le transport des marchandises ne faisait pas de doute. »
Quelques uns appelle l’avènement des ballons atmosphériques, qui
ne saccagerons pas la terre [pas dans le texte de Jarrige, mais dans
celui de Louis-Gabriel Gauny voir plus loin].
Les
questions écologiques sont aussi présentes, hormis le préjudice à
l’agriculture. Dans une note Jarrige indique (en citant Michel
Philiponneau) : « En 1880, les producteurs de banlieue
constatent que les chemins de fer apportent « de
l’Italie, d’Algérie, de l’Espagne et de tout le Midi de la
France, des fruits, des fleurs et des légumes plusieurs mois avant
ceux que nous récoltons chez nous ».
Un
autre texte sur les chemins de fer, indique des raisons
supplémentaires de critique aussi bien sur le plan des travailleurs
que de l’écologie :
Extraits
de « Les chemins de fer » (1848) de Louis-Gabriel Gauny
(1806 – 1889), publié dans Notes & Morceaux Choisis n°7 :
« Les maîtres et les contremaîtres, qui sont les
praticiens de cette machine de cent lieues, sont des geôliers tenant
en cage des affamés ; plus cruels que des bêtes féroces, dans
leurs tyrannies contournées, ils leur mangent l’âme en entourant
d’un cercle de famine ce divin besoin de liberté que Dieu mit au
cœur de ses créatures comme un vaccin de lui-même. […]
Le
service des chemins de fer concrétionne certains de ses
fonctionnaires jusqu’à l’oubli absolu de leurs droits natifs ;
on leur forge une existence de fer qu’ils traînent sans ruades, où
le renvoi les frappe et la faim les ronge. Les aiguilleurs et les
cantonniers supportent une forte part de cet abrutissement. Ces
jalons vivants, sans cesse aux aguets de la course des locomotives,
ne peuvent dépasser le lieu dont ils sont responsables et qu’ils
doivent surveiller sans distraction afin d’en prévenir les
accidents. […]
Sauf
quelques honorables exceptions, les chemins de fers sont des
rendez-vous de durs spéculateurs embourbés dans la fange du gain et
ne s’inquiétant que du côté matériel de l’existence. Ces
gens-là exigent de leurs subordonnés leurs âpres agitations et
toutes leurs qualités, fructueuses pour eux seuls, sans jamais
souffrir qu’ils aient le plus mince de leurs vices. […]
Les
chemins de fer essartent les forêts, épuisent les houillères,
volent du terrain à l’agriculture, rompent les routes, éventrent
les collines, atrophient l’homme sous son régime étouffant et
font du monde un casier de muettes douleurs au profit d’une
circulation plus active. […]
Les
chemins de fer perpétuent ces tortures et ces extravagances pour
franchir en dix heures une distance qu’il serait charmant, si nous
étions tous riches de la richesse commune, de parcourir en dix jours
en se communicant le progrès ! […]
On
profane les beautés de la terre et l’inspiration se déflore en
face de la nature mutilée. »
Mais
revenons au texte de Jarrige : Du côté de la classe politique,
les avis diverges, on trouve au début que des « élites
locales prennent parfois position contre les nouveaux modes de
transport. Il s’agit dans la plupart des cas de localités bien
desservies par la voie d’eau ou qui vivent d’un commerce
d’entrepôt associé à une rupture de charge. » D’autres
envisages une politique mixte : « les chemins de fer et
les bateaux à vapeur ne pourront être établis que sur quelques
points. Il restera toujours un bon nombre de routes sur lesquelles
les services de diligences seront nécessaires. » Mais la
reine et le duc d’Orléans eux inaugure l’ouverture de voies, et
Lamartine met en avant sa foi dans le mythe du progrès, alors que
les blessés et les critiques du trains se multiplie :
« Messieurs, sachons-le ! La civilisation aussi est un
champ de bataille où beaucoup succombent pour la conquête et
l’avancement de tous. Plaignons-les, plaignons-nous et marchons. »
Les
adversaires du train, trouve dans les accidents et la révolution de
1848, les occasions de populariser leur critique. Il y agissent sans
unité organisé cependant, les uns agissant d’abord par solidarité
révolutionnaire veulent empêcher l’arriver de nouvelles troupes a
Paris, d’autres arrive plus tard, fustigeant la concurrence, et
annonçant « si le nouveau gouvernement ne détruit pas le
chemin de fer, nous le renverserons comme on a renversé le roi. »
Parfois toutefois « le profil social des émeutiers se
diversifie » et passe des paysans et ouvriers, aux artisans
urbains dépendant des autres moyens de transports.
Leur
méthode sont celle de l’encombrement des rails avec des pierres,
des traverses, ou attaque en masse avec des leviers les machines,
visant à des incidents matériels, mais pas d’attaque des
voyageurs. Quelques uns s’accroche à leur « fruitiers en
pleine production et tente de retarder leur arrachage ».
Certains s’accommode des manœuvres réformistes en « consentant
a une augmentation du tarif, et en accordant aux crocheteurs un droit
prioritaire à l’embauche pour toutes les opérations de
manutention le long de la ligne. Les ouvrier concurrencés par le
rail deviennent ainsi des employés de la compagnie aux points de
chargement, ils sont transformés en surveillants des nouveaux
procédés qu’ils critiquaient dans un premier temps. […]
D’autres sont déçus par les compensations insuffisants et
hurlent, au passage des trains : « Voila les voleurs qui
passent... » ».
« Une
petite fable publiée dans la région lyonnaise pendant l’été
1848 évoque la vengeance violente d’un berger contre
« l’immense scolopendre aux mille pieds roulants. » »
Mais
après la période révolutionnaire, « l’hostilité des
populations locales s’atténue même si elle subsiste parfois d’une
façon souterraine ou clandestine. »
« Hors
d’Europe, le chemin de fer triomphe également. […]
dès 1910, les États-Unis totalisent un tiers de l’ensemble du
réseau ferré mondial. Les indiens des plaines y résistèrent
longtemps, les compagnies ferroviaires jouèrent d’ailleurs un rôle
décisif dans la réduction et le morcellement de la grande réserve
sioux. Mais là encore, les oppositions s’atténuèrent rapidement
car le chemin de fer s’imposa comme le symbole de la
« civilisation » mettant fin à la sauvagerie. Dans le
monde colonial, l’extension du chemin de fer servit les desseins
des puissances européennes en facilitant l’exploitation des
territoires conquis. »
Les vainqueurs vont alors réécrire l’histoire en leur faveur. Sur
le sacrifice d’une certaine population se fonde une religion du
progrès autour du train chargé de laver les conscience. « Les
autorités religieuses ne manquent pas de bénir les voies et les
locomotives devant la foule des fidèles, entérinant ainsi la
nouvelle sacralité du progrès technique. »
Et les médecins si prompt au début a dénoncé les méfaits du
train, se retourne a travers une santé individualisé assurant que
tout va bien. Des discours apparaissent aussi visant a convertir les
reste de colère et d’ambition contre le train, en leur assurant
qu’il apporte la paix, la concorde et pourquoi pas, fera
disparaître la faim dans le monde !
Aujourd’hui
la lutte contre le train en
Europe est rendue visible en particulier par une lutte contre une
ligne de TGV ou LGV, si
l’on veut désigner la ligne plutôt que le train,
qui doit s’étendre de Kiev a Madrid (il y a peu elle devait allé
jusqu’a Lisbonne) en passant par l’Italie, la France et
l’Espagne. En Italie on parle du TAV pour Train A grande Vitesse
[treno a alta velocità])
ou TAC (Train à Grande Capacité) respectivement pour les passagers
et les marchandises.
Sur
le papier c’est en 1986 que « les
technocrates de Bruxelles »
ont pris la décision. « Les
syndicats et les entreprises de BTP exultent […]
Côté français, le conseil général des Hautes-Alpes et les Verts
se congratulent. »
La France paye 42 % de cette ligne. Cela
fait 20 ans déjà que mafia, patrons d’industries et gouvernements
se succèdent pour réaliser cet objectif à l’encontre de la
population locale. Ces
mouvements et stratégie militaire, caché derrière « le
développement », la « croissance » et « l’emploi »
ressemble plus a une occupation militaire coloniale chargée
d’écarter les contestataires.
Car
la population, a qui on a rien demandé, n’est pas d’accord est
très vite elles avancent de nombreuses critiques en formant un
savoir populaire contre l’expertise gouvernementale.
On trouve les rapports officieux (et les exposes dans des réunions
comme ceux qui lutte contre le train au Pays Basque), et la liste de
destructions pour quelques minutes de moins est bien amère.
Les
voies ferrées ou routières apparaissent comme des corps
étrangers au territoire qu’elles transpercent et ne servent
pas. Seul les espaces concentrationnaire de touriste se sont fondu
dans cet gentrification autoritaire.
De
nombreux habitat humains et non-humain seront détruits. Par
exemple pour le val de Suse qui est une des vallée des alpes déjà
trop anthropisée (2 routes nationales, une voie ferré
internationale, 2 tunnels, des stations de ski, 2 lignes
haute-tension) et qui pourtant abrite une grande biodiversité (cerf,
chevreuil, aigles, ainsi que au moins 3 bandes de loup5).
De
l’amiante, ainsi que des matériaux radio-actif
doivent être extrait des massifs et risque de se disperser dans la
population. Le bruit généré par les travaux et après,
ainsi que l’attaque esthétique des montagnes, des
plaines et des champs rallie encore plus de personne contre ces
projets, sans parler du risque d’assèchement des nappes
phréatiques ou de leur contamination par l’uranium !
Du
travail ! Il en faudra pour guérir tous ceux qui seront
exposés a toutes ces nuisances, atteint par des mésothéliomes
et des lymphomes (dut respectivement a l’amiante et l’uranium)6.
La réalité c’est plutôt l’exploitation mal payé, mal
formé, mal traité, et sans participation a la vie locale.
L’argent dépensé pour ces travaux, pourrait l’être ailleurs,
dans des écoles, ou des hopitaux par exemple.
Même
les libéraux ne comprennent pas toute l’énergie dépensée dans
la construction de cette ligne et pense qu’il s’agit avant tout
d’un projet idéologique et symbolique puisque selon eux, les
avantages en terme d’emplois, d’économie et d’environnement,
sont inférieurs aux coûts. L’absence de demande de transport de
passagers et de marchandises est rendue visible par l’absence de
société privée disposé à investir leurs propres ressources dans
le projet, qui sera entièrement financé par le contribuable7.
Au final c’est la mafia qui tirent partie de ce projet qui n’a
pas d’autre objectif que d’entretenir une exploitation et un
contrôle à travers la construction. « Le
travail est la meilleure des polices »
disait Nietzsche.
Que
les exploités, ou même ceux qui critique finissent par prendre ces
lignes, ou que l’on fuit les difficultés en proposant un tracé
qui « ne gênerait personne » ne résoudra pas les
problèmes posé par l’exigence faite a chacun et tout le temps,
d’aller, non pas à la vitesse qu’il désire, mais d’être
continuement sous-pression. Si la vitesse est recherchée par
certains en dehors de leur exploitation, c’est aussi à cause de
tout l’espace que prend l’exploitation dans nos vies. D'un
côté ceux qui doivent aller vite parce qu’on leur vole leur
espace de liberté a travers l’exploitation. De l’autre, ceux
dont de toute façon on n’attends plus rien, qui « galère »
localement avec peu de moyens. Ce n’est pas tant, la vitesse en
soi qui est un problème, mais l’exigence de vitesse porté sur
toutes et tous, quelques soit nos capacités et nos envies par une
organisation autoritaire. Autorité que la vitesse elle-même
renforce, en ne laissant pas de temps a la réflexion et décision
commune. La vitesse réduit la ligne d’horizon ou s’étale les
libertés. La recherche de la vitesse, trouve ses origine dans la
volonté d’une réactivité économique a l’échelle mondiale. A
cause du temps pris, par l’exploitation, on réduit les plaisirs,
en délaissant ceux du voyage lui même. Le TGV, n’est qu’une
forme importante, mais temporaire posé par une exigence capitaliste
de fond.
STRATÉGIES.
Le rapport de force massif est
important, mais il a ses limites face a une ligne qui n’est pas
italienne ou française, mais internationale, partant de Madrid pour
finir a Kiev (en une dizaines d’heures). Le procédé général
serait l’élimination des petites lignes desservant de nombreuses
localité, sans distinction de classe pour les remplacer par des
trains a classe, pour riches et aliénés, dont la vitesse est plus
adaptée aux flux économiques mondiaux et autre exigence du capital.
Les politiciens joue ici expressément leur jeu de classe politique
internationale, au détriment des populations localisées.
Métamorphoses
des activistes. Il ne s’agit
pas de combattre a tel ou telle occasion, mais pour beaucoup de la
réorganisation de leur vie autour de cette lutte, en Italie, à
travers notamment les presidio
(lieu contrôlé de manière tournante pour s’organiser, plutôt
fait de bois, simple, en raison de l’urgence) et jusqu’à une
certaine époque autour même de ce qui s’appela une Libre
République, ou l’expérience d’une occupation qui a force
d’habiter ses participants finissent par habiter l’occupation.
Les exigences du capitalisme, aussi concrètement qu’une maladie,
change l’allure de la vie. Au travail des subjectivité radicale et
du repérage des sentiers forestiers, s’ajoute l’établissement
de savoir populaire (sur le bruit, les particules fines, l’écologie,
allant jusqu’a ce constituer en Commission technique
montagnarde du Val de Suze et du Val de Sagone, contre
l’expertise gouvernementale et industrielle)
– relayer par des professionnels – et la recherche de nouvelles
formes d’organisations qui ne passe plus par l’A.G centrale trop
lourde, mais des initiatives locales.
Aliénation
& Répression. Côté
Italien, le capitalisme joue le masque de l’expertise depuis
l’éviction de Berlusconi par un « technicien de
l’économie ». Côté français, c’est les habituelles,
mais non moins fumeuses, « retombées » d’une
« croissance économique » qui sont attendues.
A la police à succéder l’armée, ses barbelés et carabiniers.
Ils n’hésitent pas a jeter des pierre ou à taper sur les
opposants avec du bois ramassé sur place. Le terrain est dangereux,
dévaler la montagne pour éviter les tirs de grenade lacrymogène
depuis l’hélicoptère est très risqué tant les chemins sont
escarpés. Une partie des gaz utilisés (CS) sont interdit et connus
comme dangereux.
Sur les 20 ans, certains on été tués (suicidé en prison en 1998),
gravement blessés ou encore mis en prison. Pour intimidé la
population locale, ils n’hésite pas a pratiquer des chasses
à l’homme et casser des vitres de bars et voitures.
Division
et Unité. La propagande menée
par l’industrie médiatique et le gouvernement cherche a lever les
exploiter d’ici et d’ailleurs, les uns contre les autres à
travers la criminalisation ou la persuasion de l’infiltration par
les Black Bloc. A mettre en exemple l’aliéné et a qualifié au
mieux d’obscurantiste et au pire de terroriste ceux qui cherche la
liberté. Or la réalité est le spectacle inversée : aux
nuisances et répressions, répondent la résistance d’une large
population d’opposants, d’age et d’activité variées (élus,
membre d’associations sportives, défenseurs de la « nature »,
artisans locaux, habitants, activistes solidaires), même s’il est
clair qu’au-delà de cette diversité d’intérêts et de
pratiques, se seront les plus pauvres qui pourrons le moins échapper
aux cumul des ravages sanitaire et sociaux.
La
résistance a su se faire populaire d’abord en décidant et luttant
ensemble, ensuite, pour les biens ni privé, ni
étatisé, mais communs (contre « le
gaspillage » de l’argent volé par l’État) en liant ces
questions à la valorisation de la dette, dernière stratégie de
culpabilisation des masses par le capital. « 1
cm de TAV = 1 bourse d’étude, 1 m de TAV = 1 école, 1 km = un
hôpital, etc. »
Ce type de projet symbolise l’oppression des exploités et
dépossédés au profit des intérêts de la classe politique, des
patrons, des marchands, des actionnaires et des lobbies. C’est à
nous de démonter l’appareil capitaliste et de libérer nos besoins
de l’aliénation produite par ses exigences.
Résistances
et Victoires.
La lutte dure depuis plus de 20 ans, ce qui en soit constitue un
phénomène rare. Loin de se cantonner a l’Italie, on l’observe
dans le pays basque depuis une durée équivalente, et en France plus
récemment. On pourrait distinguer 3 périodes dans la lutte
Italienne, (1)l’une de résistance intense de 1996 a 1998, suivie
d’une accalmie jusqu’en 2001, ou (2) un nouveau budget est lancé,
et apparaît un nouveau pic de résistance en 2005 qui débouche sur
une trêve décidé par le gouvernement jusqu’en 2010. Enfin, (3)
l’époque actuelle qui depuis 2010 s’est transformée récemment
en une inquiétante opposition à l’armée.
Manifestation (entre 70 000 et 100 000 personnes dans le Val de Suse
le 25/02/2012, alors que la valée compte environ 65 000 habitants),
comme celle de Venaus qui en 2005 avait réussi a faire partir la
police après 2 jours d’encerclement. Occupations de bureau de
presse, de gare, d’autoroute par solidarité, blocage de trains,
fausses alertes a la bombe retournant la logique sécuritaire contre
la fluidité de la circulation des flux, grèves spontanées,
sabotage des engins de chantiers ou des matériaux de construction,
leur couper l’eau, la télévision, les communications ou
l’électricité. Tous ces sabotages engendrerons bien plus de
centaines de milliers d’euros de dégâts.
A la logique du nombre frontal succède la capacité d’harcèlement
jusqu’à épuisement.
Toutes
les questions des luttes actuelles énergétique et territoriale sont
liés par l’appareil capitaliste qui en est le grand organisateur.
Soyons solidaire contre les griffes du capital qui trace leur
balafre sur des vivants cherchant l’émancipation et une Terre qui
doit être inaliénable.
Florian OLIVIER
Bibliographie et liens
François Jarrige, Refuser de se laisser ferrer ;
les résistances au chemin de fer en France au XIXe siècle dans
Les luddites en France ; résistance à l’industrialisation et
à l’informatisation éd.l’échappée.
Hartmut
Rosa,
Aliénation et
accélération ; vers une théorie critique de la modernité
tardive.
éd. La découverte. 2012.
« Les chemins de fer » (1848) de
Louis-Gabriel Gauny (1806 – 1889), publié dans Notes &
Morceaux Choisis n°7
Encyclopédie
des nuisances,
Relevé Provisoire de nos
griefs contre le despotisme de la vitesse, à l’occasion de
l’extension des lignes du TGV
(1991).
À
toute allure, la lutte du Val Susa contre le TGV Lyon-Turin.
http://infokiosques.net/spip.php?article489
Italie : contre le TGV, moins vite, plus haut, plus
fort, homme pressé, homme mort ! CQFD, 2006
20 ans de luttes contre le TAV en Italie.
http://contreinfo7.internetdown.org/spip.php?article154
Contribution I et II. Respectivement
http://ti1ca.com/v2w0nk2w-contributions-contributions.html
(pour les utilisateurs qui n’ont pas Ubuntu (qui reconnaît les
pdf, même sans leur extensions) il faut rajouter « .pdf »
au nom du fichier pour le lire.) et
http://notavfrance.noblogs.org/post/2012/04/10/recueil-de-textes-traduits-de-litalien-sur-le-mouvement-no-tav-mars-2012/
Émissions « Terre a Terre », du 14 et 21
Avril 2012. http://terreaterre.ww7.be/lgv-lyon-turin.html
et http://terreaterre.ww7.be/lgv-bordeaux-espagne.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/NO_TAV
Notes
1http://www.cnt-f.org/spip.php?article633
2http://www.c-g-a.org/?q=content/hydrocarbures-de-schiste-ressource-pour-les-probl-mes-nerg-tiques-de-lorganisation-capitalis
3Article
d’une trentaine de pages paru dans Cédric
Biagini et Guillaume Carnino
(coord.), Les
Luddites en France ; résistance à l'industrialisation et à
l'informatisation,
2010, éd. L'échappée.
4Jarrige
conseille pour sa part, Daniel Roche, Humeurs vagabondes. De la
circulation des hommes et del’utilité des voyages.
5Le
loup est un bon indicateur, étant donné qu’il est en bout de
chaine alimentaire, il n’aurai pas pu revenir ces 20 dernières
années, si les différents degré de la chaîne alimentaire n’était
pas présents.
6Comme
le rappelle le tract italien, « Mais bordel, où
veulent-ils donc aller si vite ? » 2005. précisant
dans un encart : « En Val Susa, ce sont près de 1,15
millions de mètres cubes de roche contenant de l’amiante qui vont
être extraits et stockés un peu plus loin, à Tetti S. Mauro.
L’amiante est un minéral fibreux qui, réduit à l’état de
poudre, en particules microscopiques, est facilement dispersé par
le vent avant d’être respiré. Le mésothéliome, un cancer des
poumons qui se développe 15-20 ans après ces inhalations, est
mortel dans 100 % des cas et conduit à la mort environ 9 mois après
le diagnostic. Quant à l’uranium, répertorié depuis 1965 dans
le massif d’Ambin, il sera extrait 15 millions de mètres cubes en
contenant : inhalé, il cause le lymphome, un cancer non moins
pénible, sans compter qu’il aura l’agréable plaisir de
contaminer de façon incommensurable les nappes phréatiques d’une
part, les cours d’eau qui serviront d’irrigation aux chantiers
ensuite. »
7www.brunoleonimedia.it/public/BP/IBL_BP_41_TAV.pdf
samedi 5 mai 2012
fukushima - anarchie & situationniste - cor de la plana
FUKUSHIMA
Radio zinzine a récemment diffusé une émission spéciale Tchernobyl
Fukushima avec une entrevue avec Thierry Ribault (auteur de
"Les sanctuaires de l'Abime" aux éd. EdN) et du collectif
Arkadi Filine (auteurs de "Oublier Fukushima"). L'émission dure environ 1h10 avec 30 minutes autour de chaque ouvrage.
Elle est maintenant disponible à la téléduplication depuis leur site :
http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=1115
Les
situationnistes et l’anarchie – convergence des « anarchismes
vert ».
J’ai aussi
participé a la conférence de présentation du livre « les
situationnistes et l’anarchie » en présence de l’auteur
(miguel amoros) et des éditeurs (La roue). L’éditeur m’avait
déjà joint a travers les éditions « La lenteur », par
ailleurs, l’un d’entre eux, m’avais déjà rencontré avec
Clément (Clément Homs, qui participe a Sortir de l’Économie).
J’ai enregistré, ce que j’ai pu, avec une qualité assez pauvre.
Pour moi, ce qui
ressort de cette discussion c’est une bonne déconstruction de
l’aspect mythologique de la réception des situationnistes qui a
créé beaucoup de dégats chez les activistes ou militants, avec une
surenchère du jargon et de l’idéologisme. Cependant le risque
existe aussi dans la tendance inverse, ou l’on ne pratiquerai que
des actions diverses sans forcément de lien les unes avec les
autres, ni de perspectives, comme l’on retrouve chez les indignés
français.
Les éditions de La
roue, veulent se démarquer de l’encyclopédie des nuisances dont
ils viennent aussi par ailleurs, dans la mesure ou ils ne veulent pas
être qu’une maison de publication, mais aussi s’investir dans la
pratique. Les actions d’occupation de la C.N.I.L dont je leur est
parlé, font effectivement parti du registre qui les intéresse.
La difficulté est
de trouver la voie, entre des actions de sabotages économique très
coûteuse en risque (beaucoup de prisonnier dans les rangs de l’ELF
et l’ALF aux États Unis), comme les courants qui se sont d’abord
réclamer de l’écologie révolutionnaire, puis de l’écologie
radicale et enfin du « total liberationism »
pratique. Et d’autres styles d’actions plus de l’ordre de la
provocation que de la politique réelle, comme la création
temporaire du Comité National de Répression du Scientisme ou une
personne déguisé en scientifique était tenu en laisse, pour
dénoncer lors de la fête de la science, les liens entre des
industriels, des États et des scientifiques.
De même pour ce
qui est de l’argumentation il y a la difficulté entre d’un côté
des gens qui se réclame d’une sorte d’idéologie de la nature,
qui combatte les OGM parce que c’est « contre nature »
et d’autres qui semble plus politisé mais reste pauvre sur la
précision, en avançant sans arrêt une « autonomie »
très peu précisé, ou un critère moral comme la décence (common
decency) repiqué a Orwell (ce que fait Oblomoff).
Bref, j’ai bien
sympathisé avec tout ce beau monde que je connaissais déjà plus ou
moins, et je vais tenter de les aider et de participer a tisser les
liens entre les différents groupes du même genre, c’est à dire :
Notes & Morceaux Choisis, Oblomoff, PMO, Libellud, Faut pas
pucer, Sortir de l’Economie... de ce côté la de toute façon, les
mélanges et contacts sont déjà bien amorcés, a part Libellud qui
semble un peu difficile a cerner encore (bien que sympathique, au
courriels que j’ai eu avec eux), quand a PMO, j’ai quelques
difficulté d’ordre théorique avec eux, mais il ne faut pas s’y
arrêter (pour des raisons politique et de convergence, je ne les
évoquerai pas ici). Mais la fracture est plus large du côté des
éditions de la roue et de l’encyclopédie des nuisances. D’après
ces derniers, c’est aussi un enjeux générationnel.
Au passage, Sergio
Ghirardi, que j’ai revue a la soirée (pour ceux qui ne le
connaisse pas, il est le traducteur italien de Raoul Vaneigem, mais,
il n’aime pas non plus que l’on le réduise a ça, et
effectivement, il est très intéressant en lui même !) m’a
indiqué un de ses textes sur le mouvement NoTav, qui m’était
complètement passé inaperçu, et que je propose au format PDF : http://www.mediafire.com/view/?wz7ehpam778ot7r
Musique, Lo cor
de la plana
Enfin, pour ceux
que ça intéresse, j’ai numérisé (avec une qualité très
variable) le concert à l’université Paul Valéry de Montpellier
de Lo cor de la plana du 3 Mai 2012, pour la sortie de leur nouvel
album « Marcha ! », c’est un groupe de polyphonie
occitane. Pour les amateurs de danses traditionnelles, certaines sont
dansables, on y trouve entre autre, un rondo en couple, deux
farandoles et une valse.
Libellés :
anarchie,
fukushima,
lo cor de la plana,
miguel amoros,
nucléaire,
situationnistes
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