vendredi 21 février 2014

Éthiques dîtes de la "nature" ou de la "terre"

Les questions éthiques formalisée sur ce que nous appelons la nature sont une activité récente (dont on trouve une vision idéologique dans l’introduction du principe de précaution de Hans Jonas), mais la réalité d’une réflexion ou d’une inter-action spécifique avec elle est ancienne. On la retrouve à travers des aliénations religieuses, ainsi que des pratiques a travers l’activité des paysans, ou de métiers spécifiques plus tardif, issue de l’émiettement par le capitalisme en spécialisation productive comme l’agriculture, la foresterie, l’élevage...
D’autres cultures ont eu une relation différente, dans la mesure ou il ne désignait pas ce que nous percevons sous le terme de « nature », mais d’autres ensembles qui peuvent nous paraître proches. Nous les étudions aujourd'hui a travers ce que nous appelons l’éthno-écologie, du moins si cette dernière est elle même assez ouverte, pour ne pas attendre du terme « écologie » un savoir du type du notre, issus d’expérimentation dans des laboratoires, ou en tout cas de savoir fait pour circuler et être jugé entre pairs. Si ce n’est pas le cas, disons que d’une manière générale des cosmologies différentes, des conceptions du monde différentes existe et donne lieu a des représentations et des pratiques différentes. Un petit tour d’horizon a été notamment tenté par J-B. Callicott dans « Pensées de la terre » [Earth’s Insights : a Multicultural Survey of Ecological Ethics from the Mediterranean Basin to the Australian Outback, 1997].

Sur Éthiques de la nature, de Gérald Hess, Hess a cerné un panorama honnête de la discipline, et comme l’a remarqué Corine Pelluchon1, son goût pour le pluralisme moral, et un certain pragmatisme permet d’éviter une succession d’idées reçues sur chaque courant, qui se terminerai par la présentation glorieuse d’une dernière approche. Malheureusement l’exécution de l’exploration se fait aussi a travers un goût prononcée pour la phénoménologie qui, il me semble, a freiner tout approfondissement pratique des questions. C’est d’autant plus regrettable que l’auteur semble les connaître, mais il ne fait que les esquisser ici et là, sans délivrer de véritablement éléments de problématisation a un lecteur qui s’il ne les soupçonne pas, peu voir tout ce déballage conceptuel pour des fadaises intellectuelles, là ou le questionnement est pourtant important.
Pour donner un exemple, la question de la biodiversité n’apparaît tout simplement pas (alors que l’auteur a lu le livre de Virginie Maris sur la question par ex.). Pas plus que les conséquences d’une vision purement économique ou « croissanciste » de l’écologie. L’extension de l’urbanisme ? Les marées noire ? Rien. Quand a la question que pose certaines techniques (OGM, nucléaire, ou autre), elles sont évoquées... mais comme ça, sans plus d’intérêt. Tout cela alors que le livre Éthiques Animale de J.B Jeangène Vilmer, précédent livre du même type a la même édition et collection, censément donner la voie pour le type d’exposition attendu, lui ne s’est pas privé de tout une partie pour décrire les pratiques du milieu. Par ailleurs, on trouve en français, le livre « Éthique de l’environnement » de Joseph R. Des Jardins sur le même sujet et qui par a chaque fois d’un cas concret. Comme quoi un exercice proche n’est pas impossible.
Qu’on ne s’y trompe pas. On y trouve tout de même de bon éléments, qui viennent notamment relayé des présentation que l’on ne trouve pas en français (si ce n’est si on a lu la thèse de Virginie Maris) et sa connaissance de l’anglais, mais aussi de l’allemand, permet de sortir d’une réflexion francophone encore jeune sur la question.
Enfin les connaissances scientifiques de l’auteur sur le sujet n’apparaissent pas non plus. Et manque cruellement. Il n’y a aucun questionnement sur la méta-éthique, savoir de quoi il faudrait s’inquiéter est important, mais si on n’étudie pas la question de savoir comment partir de la vision qu’on les gens de ces questions pour leur permettre de l’approfondir, autant dire qu’on ne parle qu’entre philosophes. De même, rien sur l’éthologie, qui a pourtant beaucoup fourni sur ce que l’on entend en partie aujourd’hui par nature (au lieu de cela on trouve une petite inquiétante référence a Heiddeger qui a certes rappeler la pluralité des mondes... mais a aussi introduit l’idée d’une hiérarchie ou l’humain prend la première place dans les qualités de ces mondes.), et dont aucun auteur n’apparaît (Lestel, Frans de Waal par ex.).
Je dirai simplement que l’auteur présente donc, un travail intéressant, mais a compléter... et qui malheureusement risque de ne touché que ce qui rêve encore des philosophes-rois.

1http://www.laviedesidees.fr/Nature-et-pluralisme-moral.html

mardi 11 février 2014

Contre la surdité et actualité du scientisme et du positivisme




Scientisme et positivisme.
Le scientisme est l’idée selon laquelle la politique doit être réglé par la science, or c’est bien de cette question qu’il s’agit puisque sous couvert de dénoncé l’obscurantisme antiscience, on y amalgame aussi bien les critiques politique que les critiques du savoir scientifiques par des non-scientifiques.
De même le positivisme, consiste a croire que le « progrès » consiste dans l’addition de savoir (et ou de techniques, selon ce qu’on entends par science) les uns après les autres, de manière linéaire, comme si en enfilant n’importe qu’elle perles les unes derrières les autres, on obtiendrai le plus beau collier. C’est totalement rétrograde, et l’on aurait pu croire cette vision déchut depuis l’acceptation dans la théorie de l’évolution de l’image d’un buisson rond sans racine aux embranchement multiples. Forcé de constater qu’il n’en est rien.


En réponse à « Contre la peur », petit texte de Dominique Lecourt1.
Si l’on écarte les propos facilement retournable sur la politique n’utilisant que la peur2, le primat de la connaissance sur l’action3, ou le recyclage de l’opposition classique nature/technique4, le propos de Dominique Lecourt vise essentiellement a relativisé les questions et le savoir populaire sur la politique et l’éthique pour les enfermer en les amalgamant sous le sentiment de la « peur », peur qui elle même n’est que peu raisonnable, puisqu’il s’agirait essentiellement de trouver un objet a l’angoisse, qui par « nature » n’en a pas.

Dans ce monde imaginaire, les militants ne font que développer une « expertise ignorante », quand il ne sont pas « violent » (contre les nanotechnologies5). Ici Lecourt pratique l’amalgame entre la science, la politique et la morale. La science, ne dit pas, et n’a pas a dire ce qui doit être dans la société. Elle fournie une description et des moyens. C’est a la politique de trancher sur ce qui est bon ou mauvais, la science se contente de s’accorder sur la vérité.
La science n’est pas une opinion parmi d’autres. La science, n’est tout simplement pas une opinion. Ce sont des propositions validées pour leur véracité, pas pour leur bien, ou la justice. L’opinion c’est a la population de la donner sur ce qu’elle pense bon ou mauvais. Sur cette question les experts n’ont rien a dire.
Le problème c’est que ne sont retenus comme argument politique, que les discours des experts. Ainsi, il y a interdiction ou moratoire, que pour des raisons sanitaires appuyé sur publication. Enfin en théorie, car en pratique, une interdiction du Redbull pour sa Taurine peut-être annulée, non pas pour des raisons scientifique qui prouverai que c’est bon, ou sans effet négatif sur la santé, mais parce que l’interdiction coûte trop chers dans le cadre d’une « concurrence libre et non faussée » qui fait payer un choix politique qui ne lui convient pas.
Ainsi, les OGM, pourrait très bien être refusés pour des raisons politiques d’opposition au brevet sur le vivant. D’autant plus qu’il est évident que l’on ne peux pas demander a l’ensemble de la population de connaître toute la littérature scientifique sur les OGM.
Mais l’essentiel du propos serait surtout de rappeler que si la science produit un savoir particulier, qui ne peut pas être ignoré, sur ce que les choses sont, la population en produit un autre sur quels choses seront acceptés ou refusée dans la société. Chacune est légitime dans son domaine.

Au sujet de « L’avenir de l’anti-science », texte de Alexandre Moatti6.
Le texte de Moatti, peut-être par sa longueur, est plus fin que celui de Lecourt, surtout il propose une description historique ou des observations de mouvement idéologiques, cependant la critique normative (qui prétend donc a l’actualité) en transpire clairement7.
Par exemple Rousseau est cité comme un critique de la science ou de ses applications, alors qu’il s’agit de critiquer le pouvoir de la science sur les questions morales et pas sur son propre champs8. Ce déplacement permet de nier, toute remise en cause politiques de certaines techniques ou programme de recherche, vous ne faîte pas là une réflexion politique, mais de « l’anti-science ». Ingénieux.
Moatti nous ressert la critique d’une science citoyenne qui s’incrusterai dans le CNRS, très bien, dans la même veine, pourquoi ne pas critiquer le budget de l’État et des Industriels ? En quoi l’influence des uns serait un problème et celle des autres une nécessité ?
Si jamais vous vous aventurez a dire que vous n’êtes pas contre le principe de la science, mais contre le brevet, ou que vous voudriez que la science vous aide a mettre au point des techniques et savoirs que vous pourrez produire et reproduire vous même, avec les matériaux locaux, renouvelables, vous êtes dans l’anti-science (avec les religieux, les obscurantistes, les dogmatiques), ou dans la peur (avec les réactionnaires et les irrationnels). Au choix.

L’avenir pourrait pourtant être compris avec l’idée que la science ne se résume pas forcément à la connaissance du trafic routier, mais qu’elle pourrait aussi bien donner a connaître pour ceux qui n’ont pas la voiture. Il ne s’agit nullement de promouvoir a nouveau le lyssenkisme et sa science prolétarienne. Il ne s’agit pas de dire du trafic routier, comme Lyssenko disait de la génétique qu’elle est fausse. Pas du tout. Mais qu’inévitablement et bien heureusement pour le pragmatisme, que la science sert, reste a voir et définir, qui elle doit et comment elle peu servir a l’émancipation.



Florian OLIVIER, 10 Février 2014
1http://iphilo.fr/2014/02/08/contre-la-peur
2La classe politique, utilise bien sur la peur, mais pas seulement, elle fait aussi miroité des promesses, de l’avenir. Du progrès. Il suffit malheureusement d’entendre les multiples prétentions sur la baisse du chômage, ou le temps des cerises qui se rapproche soudainement à la seule décision sur la classe dirigeante que la France a bien voulu laisser a sa population, les élections.
3Loin de l’affirmation selon laquelle la connaissance prime sur l’action, Canguilhem (que Lecourt n’ignore pourtant pas) indiquait que la science naissait de l’action, d’une action qui cherche sa réussite, la où la première fois elle avait échouée.
4Alors qu’aujourd’hui précisément on nous vent a renfort publicitaire une alliance « technique/nature » avec éolienne industrielle, panneau photovoltaïque, géo-ingénierie contre le changement climatique, et technique imitant ou s’inspirant de procédé observé « dans la nature » pour les reproduire avec des nanos. Cette opposition est un artefact intellectuel du a la culture occidentale, que Descola a proposé de qualifié de « naturaliste ». La nature est une production conceptuelle de notre culture. Ou pour le dire avec une perspective darwinienne, comme probablement l’ensemble des mammifères qui nous ressemble, nous sommes susceptible de mettre au point une culture.
5A ce petit jeu, il faudrait indiquer l’article de Bernadette Bensaude Vincent qui indiquait que ces « débat » était clairement technocratique, organisé selon les industriels locaux, sans soucis des questions que pouvaise se poser les personnes localement, et que par ailleurs, il se faisait alors que toutes les décisions avait déjà été prise de production, et que les budgets des nombreuses entreprises était validé. Mais qu’est ce que la violence ? Refuser un faux-débat, ou mentir a la population en lui faisant croire qu’elle est souveraine alors que tout a déjà été décider ?
6http://www.institutdiderot.fr/?p=4978
7Sans parler des étiquettes comme « néo-anarchiste » dont en France, seul Onfray prétend parler, et alors que celui-ci s’est toujours affirmé prométhéen. Il s’agit malheureusement d’une méconnaissance du mouvement anarchiste réel. Je suis prêt cependant a toute citation d’une motion de la Fédération Anarchiste, ou de la Coordination des Groupes Anarchistes qui critiquerai la science. Et pour cause : il n’y en a pas. En général ces idées sont qualifiée : d’anti-industrielle en référence surtout aux éditions de l’EdN. Et leur diversité est loin d’être résumable a un « néo-anarchisme ». Ainsi on trouve une critique culturelle, voire religieuse, de « La technique » chez Ellul, Illich et Dupuy. Une critique néo-luddite, chez PMO et plus ou moins dans N&MC. Quand au groupe Oblomoff, si l’on lit bien son livre, le critère mis en avant et « le sens commun », comme Orwell. Enfin pour faire un panorama bref, un dernier courant pourrait être qualifié de primitiviste, il est complètement mineur et totalement rejeté en France (et pour de bonne raisons !). L’extrême droite elle à trouvé son terrain en détournant le mouvement culturel du « survivalisme » vers elle (surtout en Italie), comme elle a su le faire avec le conspirationnisme.
8Il le rappelle pourtant clairement dans l’intitulé de l’Académie de Dijon : « Sur cette Question proposée […] : Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. ». Ceux qui voudront s’en persuader peuvent toujours lire l’excellent texte de Rousseau.