mercredi 30 mars 2011

Publication récente (Anders, Conner, Testart, Malrieu)


En attendant la sortie prochaine de deux livres aux éditions Wild Project qui se font désirés (Pensées de la Terre, J.B. Callicott et Le monde des êtres vivants, Kinji Imanishi), récemment 4 livres sont publiés qui s'avèrent intéressant. Ne les ayants pas encore lu, je me contenterai de vous présenter rapidement ce qui peu faire leur intérêt.

Gunther Anders, L'obsolescence de l'homme, Tome II, sur la destruction de la vie à l'époque de la troisième révolution industrielle. éd. Fario, 2011 [1980].
G. A. est un auteur qui était peu connu en France. G. Debord qui ne lisait pas l'Allemand, mais qui en a eu connaissance par un de ses comparses qui en compris les grandes lignes, ainsi que par des publications anglaises, s'en inspira largement pour mettre au point sa Société du Spectacle. Mais rassurez vous : G. A est bien plus lisible et accessible que les textes de Debord, jargonnant et sommes toute élitiste sous certains aspects. Les éditions de L'encyclopédie des nuisances avait déjà traduit le Tome I de L'obsolescence de l'homme en 2002, et cette traduction pour beaucoup de français qui ne lise que leur langue fut une révélation à partir de laquelle l'auteur fut redécouvert. Par ex. par J. P Dupuy (compagnon de pensé d'Ivan Illich, qu'on peu racoler grossièrement au courant pour la décroissance économique et la croissance des liens sociaux) qui fit paraître par la suite la traduction d'un autre livre d'Anders (Hiroshima est partout).
Mais ce qui a clairement réactivé récemment la lecture de l'auteur, c'est la catastrophe nucléaire qui a eu lieu au Japon (mais ça aurait pu être n'importe où) : Anders a en effet été très touché par l'invention de la bombe atomique. Pour lui une invention d'une telle puissance pèse sur la liberté de l'ensemble des humains. Elle s'impose à nous comme une limite, à la fois barrière infranchissable et menace qui pourrait s'abattre à tout moment. Que l'on meure de la bombe ou d'une centrale nucléaire ne fait pas de différence pour Anders. Les mêmes techniques sont a l’œuvre.
Ce second tome s'attache à montrer que le Sujet de l'Histoire s'est déplacé. L'humain en exploitant l'énergie contenue dans les sous-sols a mis au point des techniques bien plus génératrices de changements que lui même. L'Histoire, si elle est établie comme le suivi des changements importants, s'est alors plus intéressé aux Techniques et a ce qu'elles permettent qu'aux Humains. Anders, de son côté constate que ce sont à présent ces Techniques qui modifient les humains, son étude va alors se porter sur la transformation des humains en cours à cette époque.

Clifford D. Conner, Histoire populaire des sciences, éd. L'échappée 2011 [2005].
De son côté va s'intéresser aux humains qui mettent au point ces techniques, mais loin de décrire cette élaboration par la présentation de sorte de sur-homme individuel qui vont changer la donne, il insiste sur la construction collective de ces savoirs et techniques, ainsi que sur leur origine populaire. Une image claire est donnée dans son introduction : « Il serait bien entendu absurde de vouloir attribuer directement la formulation de la théorie des quanta ou de la structure de l'ADN à des artisans ou à des paysans. Mais si l'on compare l'édifice scientifique moderne à un gratte-ciel, alors on peut dire que les grands accomplissements du XXe siècle ne sont que les ouvrages sophistiqués à son sommet, soutenus par des fondations massives édifiées par de modestes travailleurs – et ne pouvant exister sans elles. Si les sciences sont comprises dans le sens fondamental de connaissance de la nature, il ne faut pas s'étonner qu'elles trouvent leurs origines chez ceux qui en étaient les plus proches : les chasseurs-cueilleurs, les petits paysans, les marins, les mineurs, les forgerons, les guérisseurs et tant d'autres qui, de par leur condition devaient assurer leur subsistance quotidienne au contact de la nature. »
Une image forte, bien qu'a mon avis, elle devrait être modérée par l'importance des possibilités ouverte par la théorie conventionnaliste (Point Carré – Duhem) qui a permis à des auteurs comme Einstein et d'autres, de faire table rase des théories passés pour proposer leurs nouvelles conventions. L'important étant que cela fonctionne, pas forcément que ce soit cohérent avec les théories passées dans le domaine. Toutefois il est clair, surtout aujourd'hui avec des domaines comme l'ethno-pharmacologie, que l'importance des savoirs-populaires mis au profit des industriels est cruciale.

Jacques Testart, Agnès Sinaï, Catherine Bourgain, Labo Planète ; Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens, éd. Mille et une nuits. Décembre 2010.
Détournant le titre de la revue Planète Laboratoire, les auteurs de Labo Planète se demande comment on peu refaire participer cette population que l'on tend à écarter des sciences, pour qu'elle puisse à son tour intervenir sur un processus qui jusqu'à présent s'impose à eux. La question de la gouvernance populaire des sciences est posée.
Testart est connu pour avoir osé prendre en main une critique de science alors qu'il est lui même un scientifique reconnu. Il fait à présent peur a pas mal de scientifique, en se révélant assez intransigeant avec leur compromission avec le pouvoir. Il les rappelle notamment à leurs responsabilités, critique le scientisme et les opportunistes qui à l'approche du Téléthon ou d'autres mises en scènes médiatiques s'empressent de faire connaître leur travail bien antérieur.
Globalement l'approche du livre est celle de la Fondation Science Citoyenne (FSC). Je ne considère pas cette approche comme la mienne, dans la mesure ou j'ai plutôt l'impression qu'elle reviendrai à donner un avis sur un processus qui, lui continue de nous échapper. La technoscience engendre des problèmes c'est clair, mais ces problèmes trouve aussi leur source dans une société bien spécifique qui nécessite la spécialisation (par ex.). Ce que je critique pour ma part c'est principalement la société capitaliste industrielle mondiale. Critiquer QUE la science qu'elle produit, c'est raté une part du problème, je suis soucieux non pas que de la gouvernance de la science, mais de la reconnaissance des savoirs-faires populaire. Que ceux-ci soient aussi reconnus.

Jean-Paul Malrieu, La science gouvernée ; essai sur le triangle sciences/techniques/pouvoir, éd. Librairie Ombres Blanches. 2011.
Enfin, Malrieu se pose les enjeux de pouvoir un peu plus interne dans les sciences elle même a travers la normalisation de leur démarche par la concurrence internationale et ses logiques court-termiste. Le lien que justement la FSC semble omettre est ici valorisé.
Malrieu était connu pour s'être rapproché de position adopté par Michéa, à savoir que le libéralisme n'est pas simplement une théorie de la libre économie, mais aussi une théorie sociale et politique. Il s'agit essentiellement d'écouter le rapport de force enjeu est de le validé par le Droit ou la Politique. Cela peu mener à des contradictions assez problématique et dont le libéralisme ne peux pas sortir puisqu'il se refuse à mettre en place un bien commun spécifique de peur de définir a la place de la population ce qui est bien pour eux. Partant il tente la logique du moindre mal. Je me demandais ce qu'une telle approche pouvait produire comme pensé sur un sujet comme la science.
Pour ma part j'ai déjà trouvé mon point de vue sur la question. Il y a bien une sorte de bien commun à définir. Mais il ne s'agit pas de postuler sur ce qui est bien pour tout le monde (tout le monde aura des avis différents), mais sur ce qui permet à chacun de définir ce qui est bien pour lui. Or pour que chacun puisse faire cette démarche, il faut que les conditions de vie de base soit assuré (accès à l'eau et a la nourriture, habitat, circulation). L'enjeu est donc plutôt d'assurer des conditions, que le bien commun a proprement parlé. Par ailleurs une telle définition établie aussi des limites. En effet si la réalisation du bien de certains empêche le maintient des conditions qui permettent à tous de définir ce qui est bien pour soi, alors il faut empêcher la réalisation de ce bien particulier. Un exemple pratique pourrait être quelqu'un qui obtiendrait son bien/plaisir en effectuant en un mois plusieurs voyage en avion (le cas de tous les femmes et hommes d'affaires). Sa réalisation impliquant la destruction d'un nombre important de ressources dont beaucoup de personnes aurait besoin pour définir à leur tour ce qui est bien pour eux, cette entreprise n'est pas acceptable. Évidemment tout cela peut paraître très théorique, et peu pratique. C'est pourquoi dans une démarche pragmatique, il m'a clairement semblé plus intéressant de m'engager dans un groupe anarchiste plutôt que perdre son temps à écrire des textes qu'au final peu de personnes aurons lu.

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