J’avais écris un
mémoire (certes fort mal) sur le transhumanisme (le parfaithumanicide)
en 2008... à l’époque il n’y avait quasiment rien de critique
en français sur le sujet. Je n’avais pu que me confronter au livre
propagandiste de Kurzweil (Humanité 2.0), tenant de la
transformation des humains en machines immortelles par le transfert de la conscience dans les machines et leurs mises en
réseaux. Mon travail eu un effet très local. J’ai fait plein
d’interventions et de conférences sur Montpellier, et fort de mon
précédent travail sur les nanotechnologies (Éthique etnanotechnologie),
j’avais pu faire le lien de l’un a l’autre... et participer a
la fin du cycle de publicité technocratique3
organisé par l’État Français sur le sujet des nanotechnologies en
participant plus ou moins malgré moi à la petite révolte de la
dernière conférence a Marseille4.
Depuis j’ai
laissé courir, et n’ai pas reparlé de toutes les nouvelles
publications sur le sujet... même quand celles-ci reprenait
littéralement mes axes d’attaques5.
Il faut dire que le sujet intéresse que épisodiquement, et permet
en particulier a des auteurs de se faire mousser sur un sujet
devenant a l’occasion à la mode... surtout, jamais personne n’a
réagit a ce que j’ai écrit sur le sujet aussi bien les
nanotechnologies que le transhumanisme (Bien que mes interventions
orales aient toujours plus). Bref, je me suis dit, ce que je me dis
toujours un peu intérieurement : tout le monde s’en fou de ce
que tu peux écrire, et si c’est pas le cas, matériellement les gens
ont d’autres envies. Le sujet était donc clos pour moi. Je ne
perdrais pas de temps à tenter d’écrire encore sur ce sujet (déjà
que l’écriture n’est pas mon fort, je vois pas pourquoi je me
forcerai à travailler pour n’obtenir aucun effet [je ne suis pas idéaliste]).
Cependant
dernièrement Arte a diffusé un reportage sur le sujet (Un monde
sans humains)
et quelques débats sont ressortis ici et là. L’avantage étant
que l’on peut facilement trouver ce reportage sur Internet... ce
qui veut dire aussi, que les arguments qu’il contient vont être
très relayés. D’autant que les gens acceptent d’utiliser leur
temps plutôt pour regarder une vidéo (même débile), que pour lire
un texte (même si l’auteur a pris plusieurs années, mois, ou jour
a élaborée certains de ces angles ou arguments).
Je me suis dit que
c’était l’occasion d’en toucher quelques mots. Cependant, je
ne perdrai pas mon temps comme les autres fois a faire des citations
précises, indiquer des sources etc... craignant qu’au demeurant,
je n’ai pas plus de réactions que d’habitude. Bref. Je vais pas
me fouler, y compris pour le vocabulaire.
1er problème
pratique, la vitesse du support. Comme tous les sceptiques et les
critiques des conspirationnistes et du paranormal le constatent, il est
très difficile de dire aussi rapidement un argument construit et
rationnel face a un discours qui en quelques secondes balancent
beaucoup de bêtises (surtout à partir de la deuxième partie ou le
transhumanisme rentre vraiment en scène). Je demande au lecteur
(s’il existe) de prendre compte de cette difficulté, dans mon
commentaire du contenue de la vidéo. Je ne pourrais pas argumenter sur tout les thèmes.
Le cerveau
électronique, le vivant qui « calcule ». Dès
le début de la vidéo on a droit a « cerveau électronique ».
Un amalgame couramment fait dans tous les discours sur le sujet et de
faire passer le biologique pour du mécanique, de l’électronique,
ou de l’informatique. Le cerveau n’est pas une machine, que ce
soit clair. Une machine est inévitablement programmée et se contente
d’exécuter. Je réfute non seulement l’idée qu’une machine ou
un ordinateur puisse être « intelligent » mais l’idée
même qu’il calcule. La machine exécute ce que nous appelons un
processus qui permet d’obtenir quelque chose vis-à-vis de ce que
nous appelons un calcul. Mais il n’y a que courant et absence de
courant dans une machine. Rien de plus. Le reste c’est du programme
qui utilise cela. Et le programme est conçu par des humains. C’est
eux qui disent ce qu’est la logique booléenne, qui fabrique,
sélectionne et monte des composants qui accomplissent ces fonctions
que nous attendons. Avant de faire philosophie j’ai fait un BEP
électronique et un BAC PRO informatique et réseau. Ça n’a l’air
de rien, mais beaucoup de personnes qui programment n’ont jamais
touché la partie hardware de leur "bécane" et se contente
d’une théorie. Quant aux philosophes ils se réfèrent souvent a
des textes comme ceux de Turing, etc... jamais un mot sur le
hardware. L’intelligence artificielle c’est du pipot. C’est du
commercial pour éviter de parler de système complexe automatisé
(c’est sur c’est moins vendeur).
Quant aux être
vivants, au cerveau, il ne « calcule » pas. Le calcul est
une invention, les mathémathiques sont un ensemble de conventions
défini depuis plusieurs siècles a travers différents logiciens,
savants et mathématiciens (demandez au premier prof venu a quel point il n'est pas évident de faire comprendre aux enfants à l'école ce qu'est une addition, une soustraction, une multiplication... vous comprendrez que le calcul n'a rien de "naturel" ou de "biologique"). Le cerveau ne fait pas un « calcul »,
nous calculons, mais pas le cerveau. Après on peut dire, ça y
ressemble, ou l’interprété comme du calcul, mais ce n'est pas la même chose.
Le monde
virtuel. Le numérique et le virtuel est présenté comme un
« sixième continent » auquel on accède par les « outils
numériques ». Or le monde virtuel est tout a fait réel et
matériel, c’est des câbles, du minerai, des serveurs, des
satellites. C’est précisément ce mouvement de déconnexion au
réel qui pose problème. Que ça plaise ou non à ceux qui ont choisi
de continuer à travailler dans ces domaines, l’informatique, le
numérique prend un espace géographique réel, et son économie
est très matérielle pour ceux qui en traite les déchets ou en
extrait les minerai nécessaires a leurs productions. C’est une
rhétorique perpétuelle chez les tenants de la "société des
services" ou "numériques" qui permettrait la-libération-de-toutes-et-tous, grâce
au partage de l’information etc... que de soudainement faire
l’impasse sur les questions matérielles.
Science-fiction et convergence. La propagande de Bill Clinton en faveur des nanotechnologies (il a lancé la nano-initiative), que tout le monde annonce comme « une révolution » (plus ou moins visible), « un changement de la vie », a tendance a soudainement devenir qu’un petit projet quand on le critique. Qu’une recherche dans les sciences qui donnent en fait peu de résultat etc... En nanotechnologies plus qu’ailleurs, la science fiction est aussi bien faite par les chercheurs qui veulent obtenir des budgets, que par les industriels. La « convergence » est le summum de cette publicité. Chacun la tire de son côté. Si classiquement on a la collusion Bits Atome Neurone Gène (BANG ou NBIC), les roboticiens (comme Kurzweil) qui ne veulent pas être oubliés, tire aussi la couverture vers eux et parlent de convergence NGR (Nano, Gènes, Robotique). Loin d’être un processus déterminé, inévitable, comme le présente ceux qui s’en prétendent les acteurs, la convergence est avant tout un moyen d’obtenir un gros budget.
Science-fiction et convergence. La propagande de Bill Clinton en faveur des nanotechnologies (il a lancé la nano-initiative), que tout le monde annonce comme « une révolution » (plus ou moins visible), « un changement de la vie », a tendance a soudainement devenir qu’un petit projet quand on le critique. Qu’une recherche dans les sciences qui donnent en fait peu de résultat etc... En nanotechnologies plus qu’ailleurs, la science fiction est aussi bien faite par les chercheurs qui veulent obtenir des budgets, que par les industriels. La « convergence » est le summum de cette publicité. Chacun la tire de son côté. Si classiquement on a la collusion Bits Atome Neurone Gène (BANG ou NBIC), les roboticiens (comme Kurzweil) qui ne veulent pas être oubliés, tire aussi la couverture vers eux et parlent de convergence NGR (Nano, Gènes, Robotique). Loin d’être un processus déterminé, inévitable, comme le présente ceux qui s’en prétendent les acteurs, la convergence est avant tout un moyen d’obtenir un gros budget.
Les prothèses à
la rescousse. La médecine et son halo positif, sont vite convoqués pour sauver les gentils transhumanistes, contre les méchants obscurantistes. Présenté comme les aides indispensable a travers
des cas tragiques d’aventures humaines. On oublie simplement de
dire que les prothèses électroniques contrairement aux prothèses
en bois sont contrôlables à distance et aussi « piratable ».
Quel ravissement a venir que de pouvoir voir une foule d’humains
désireuses d’avoir les compétences attendues pour une
technique... devenir marionnette. Bien sur, on pouvait déjà
agir sur la volonté des personnes en manipulant, orientant les informations. Mais la, que
vous le vouliez ou non, cela ne changera pas grand chose, et même
dans ce cas, il s’agit d’une manipulation possible
supplémentaire, faudrait il l’accepter pour autant ? Et que
peu entraîner cette manipulation ? Votre propre course avec
jambes artificielles vers une défenestration ? L’étranglement
avec votre main artificielle d’un camarade qui manifeste avec vous
et qui venait de s’attaquer a un policier... Bref, une manipulation
d’un tout autre ordre que celle de la pensée par les mots.
La même puce qui
permet le contrôle de votre santé, permettra de savoir si vous êtes
à jour de vos cotisations, et pourra, tout autant qu’elle vous
conseille d’aller faire de l’exercice, vous dénoncer à tel ou
tel organisme pour le bien de la société, afin que vous vous
mettiez a jour de vos cotisations ou impôts.
Augmentation,
Amélioration, Perfection.
Il traîne différentes
perspectives éronnées.
D’abord, la confusion entre accumulation et amélioration. Comme si
l’un valait l’autre.
Ensuite
l’amélioration, comme projet sans fin, ce qui revient à
engendrer une frustration constante (pratique pour les commerciaux) : jamais vous n’en aurez
assez, il y aura toujours mieux. Vous voyez bien ? Oui, mais lui,
il voit encore mieux. Une fois que vous êtes au stade de celui qui
était mieux que vous, on vous apprend qu’il y a encore mieux... ça
peu continuer longtemps comme ça, surtout ça va permettre de
remplir les poches des patrons.
Reste
la troisième idée : la perfection. La perfection, oui, mais
vis-à-vis
de quels critères ? On ne le dit pas. À
chaque fois, les transhumanistes parlent non pas de modifications
comme il serait neutre de le dire, on jugerai ensuite si c’est bon
ou mauvais, mais d’amélioration, ou de perfection. Or de tel
qualificatif sont liés a l’idée de « positif ». Comme
pour les OGM, qui devait au début être nommé Organismes
Génétiquement Améliorés
(voir Berlan, la guerre
au vivant).
Il est impossible de s’adapter a tout parce qu’il est impossible
de prévoir tout, non seulement l’érosion des espèces a venir
(qui dépendra des situations qu’on ne connaît pas a l’avance),
mais même « simplement » l’économie, on le voit bien
depuis 3 ans.
Prenons les parties amélioratives, non accumulable. Évidement tout
le monde voudrait « plus d’intelligence », par exemple,
mais en l’obtenant comment ? Par des machines fait avec des
métaux rares ? Par des cobayes humains génétiquement modifiés,
dont il faudra sacrifié une partie a titre d’expérience, et dont
ceux qui naîtrons par la suite ne pourrons pas revenir sur leurs
modifications si jamais celles-ci s’avairait problématique ? (argument dans l'Eugénisme Libéral, d'Habermas).
Toute une partie du transhumanisme va consister à dévaloriser le
corps, à dire qu’il est incompétent, insuffisant, « faillible »
qu’il faut être programmé, comme des machines, c’est la honte
prométhéenne qui va s’abattre sur tous. La honte de ne pas
être comme des machines ! C’est tout de même incroyable,
avoir honte de ne pas être libre, de ne pas être ce que nous
voulons. Il faudrait que notre idéal ce soit la soumission au
système, notre dévouement a son accomplissement.
Une autre tendance sera de dévaloriser la politique, de faire comme
si elle n’existait pas et ne pouvais rien faire. Le transhumanisme
se présentant alors comme la solution libérale par excellence qui
viendra se présenter sous un aspect non-idéologique, alors qu’elle
est clairement LE moyen, LA possibilité même de continuer le projet
libéral-réellement-existant. Dans ce cadre là, comme William
Bainbridge le pense : le transhumanisme ne serait pas un choix,
mais une nécessité.
Nous sommes déjà
dépendant des techniques. Oui. Il n’est évidement pas
question de dire, il faut abandonner toutes techniques (position d'un
primitivisme dogmatique à la Zerzan), mais commencer a sortir d’une logique
autoritaire des sciences et techniques entièrement organisée autour
du critère de la concurrence et de la croissance économique.
Actuellement c’est l’État et les entreprises qui organisent des
moratoires invisibles en donnant des budgets pour la recherche à
certains projets et pas à d’autres. Il est temps de choisir, de se
poser les questions politiques de nos outils techniques.
Qu’elles sont nos
dépendances ? Les découvrir, choisir celles qui sont
favorables a notre émancipation et les entretenir. Dans cette
perspective, les techniques comme celles que promeuvent le
transhumanisme, loin de nous émanciper, nous rendrons clairement
dépendant-e-s a des terres rares, a des industries et des expertises
qu’un petit groupe de personnes avec peu de moyen ne pourra pas
maîtriser. C’est déjà un problème actuellement, pourquoi
faudrait-il continuer dans cette catastrophe ?
3Même
Bernadette Bensaude Vincent, dans un article, partage cet avis.
4C’était
assez rocambolesque. J’y était allé dans le cadre de la
proto-formation de Péquenot-Science avec un accolyte. Nous ne
savions pas ce que nous allions voir. Arrivé sur place, je vois peu
de monde, mais sagement assis a écouté la présentation, même si
on sentait une vive tension dans la salle, et que j’y ai reconnu
des amis de passages (Bertrand Louart, Catherine Terral). Durant mon
une intervention (pour dire que tout as été décidé et que le
grenelle de l’environnement présenté en exemple avait justement
évincé certaines questions comme le nucléaire), dans la salle
plusieurs dizaines de personnes se lèvent, jètent des boules de
papiers, siffle, déploient une banderole, fond du bruit. Bref, je
découvre qu’il y avait un groupe qui avait visiblement prévus
lui aussi d’intervenir.
5Comme
le livre de Besnier dans Demain les posthumains. Le futur a-t-il
encore besoin de nous ? qui reprend la critique de Gunther
Anders de l’obsolescence de l’homme, notamment sur la honte
prométhéenne.... ce que j’avais déjà fait plus d’un an
avant.
2 commentaires:
A l’occasion de la diffusion d’Un monde sans humains (dernière diff le 22 novembre à 11h sur Arte), un site dédié a été lancé : RESISTANCE-2031.COM
http://resistance-2031.arte.tv/
Le visiteur est accueilli par ces mots étranges qui lancent la version webdocumentaire d’Un monde sans humains : « Ma voix ne vous dit rien, vous ne me connaissez pas encore. Moi je vous connais. Ma voix vous parvient par saut quantique, depuis un futur post-humaniste. Vous doutez de la réalité, votre inconscient, lui, m’entend déjà. Le cataclysme global a finalement eu lieu en 2031, après l’avènement de la singularité, après la fusion homme-machine. Rassurez-vous, certains devraient pouvoir survivre, mais votre destin d’humain n’est pas encore complètement tracé. Vous pouvez encore en changer le cours. Il vous suffit d’ouvrir les yeux et de prendre conscience de ce qui se joue, là, maintenant, à votre époque, dans votre vie. Ne doutez plus. Ouvrez votre esprit, votre coeur, et suivez-moi. Ayez confiance ! »
je croyais pas à la vraie IA jusqu'à ça :
http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/30/cerveau-artificiel-invention-chris-elisamith-humain_n_2217134.html
à méditer
sinon, ça aussi :
http://www.huffingtonpost.fr/johann-roduit/reincarnation-robotique_b_2132388.html
kasnatif
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