mercredi 21 novembre 2012

Courage camarades !


Depuis Montpellier, le 14/11/2012.
Cortège unitaire, Alternative Libertaire - Confédération Nationale du Travail - Coordination des Groupes Anarchistes. Nous avions aussi invités des camarades venu d'Espagne (1ère photo).

Habituellement, je parle plutôt des questions que le savoir écologique renouvelle dans l'anarchisme ; et l'on trouve partout sur Internet des analyses exclusivement économique de la crise ; je me permet donc de relayer au passage cet articles des camarades de la CGA du groupe de Paris :

mardi 13 novembre 2012

Transhumanisme - Commentaires rapides sur un monde sans humains

J’avais écris un mémoire (certes fort mal) sur le transhumanisme (le parfaithumanicide) en 2008... à l’époque il n’y avait quasiment rien de critique en français sur le sujet. Je n’avais pu que me confronter au livre propagandiste de Kurzweil (Humanité 2.0), tenant de la transformation des humains en machines immortelles par le transfert de la conscience dans les machines et leurs mises en réseaux. Mon travail eu un effet très local. J’ai fait plein d’interventions et de conférences sur Montpellier, et fort de mon précédent travail sur les nanotechnologies (Éthique etnanotechnologie), j’avais pu faire le lien de l’un a l’autre... et participer a la fin du cycle de publicité technocratique3 organisé par l’État Français sur le sujet des nanotechnologies en participant plus ou moins malgré moi à la petite révolte de la dernière conférence a Marseille4.
Depuis j’ai laissé courir, et n’ai pas reparlé de toutes les nouvelles publications sur le sujet... même quand celles-ci reprenait littéralement mes axes d’attaques5. Il faut dire que le sujet intéresse que épisodiquement, et permet en particulier a des auteurs de se faire mousser sur un sujet devenant a l’occasion à la mode... surtout, jamais personne n’a réagit a ce que j’ai écrit sur le sujet aussi bien les nanotechnologies que le transhumanisme (Bien que mes interventions orales aient toujours plus). Bref, je me suis dit, ce que je me dis toujours un peu intérieurement : tout le monde s’en fou de ce que tu peux écrire, et si c’est pas le cas, matériellement les gens ont d’autres envies. Le sujet était donc clos pour moi. Je ne perdrais pas de temps à tenter d’écrire encore sur ce sujet (déjà que l’écriture n’est pas mon fort, je vois pas pourquoi je me forcerai à travailler pour n’obtenir aucun effet [je ne suis pas idéaliste]).



Cependant dernièrement Arte a diffusé un reportage sur le sujet (Un monde sans humains) et quelques débats sont ressortis ici et là. L’avantage étant que l’on peut facilement trouver ce reportage sur Internet... ce qui veut dire aussi, que les arguments qu’il contient vont être très relayés. D’autant que les gens acceptent d’utiliser leur temps plutôt pour regarder une vidéo (même débile), que pour lire un texte (même si l’auteur a pris plusieurs années, mois, ou jour a élaborée certains de ces angles ou arguments).
Je me suis dit que c’était l’occasion d’en toucher quelques mots. Cependant, je ne perdrai pas mon temps comme les autres fois a faire des citations précises, indiquer des sources etc... craignant qu’au demeurant, je n’ai pas plus de réactions que d’habitude. Bref. Je vais pas me fouler, y compris pour le vocabulaire.

1er problème pratique, la vitesse du support. Comme tous les sceptiques et les critiques des conspirationnistes et du paranormal le constatent, il est très difficile de dire aussi rapidement un argument construit et rationnel face a un discours qui en quelques secondes balancent beaucoup de bêtises (surtout à partir de la deuxième partie ou le transhumanisme rentre vraiment en scène). Je demande au lecteur (s’il existe) de prendre compte de cette difficulté, dans mon commentaire du contenue de la vidéo. Je ne pourrais pas argumenter sur tout les thèmes.

Le cerveau électronique, le vivant qui « calcule ». Dès le début de la vidéo on a droit a « cerveau électronique ». Un amalgame couramment fait dans tous les discours sur le sujet et de faire passer le biologique pour du mécanique, de l’électronique, ou de l’informatique. Le cerveau n’est pas une machine, que ce soit clair. Une machine est inévitablement programmée et se contente d’exécuter. Je réfute non seulement l’idée qu’une machine ou un ordinateur puisse être « intelligent » mais l’idée même qu’il calcule. La machine exécute ce que nous appelons un processus qui permet d’obtenir quelque chose vis-à-vis de ce que nous appelons un calcul. Mais il n’y a que courant et absence de courant dans une machine. Rien de plus. Le reste c’est du programme qui utilise cela. Et le programme est conçu par des humains. C’est eux qui disent ce qu’est la logique booléenne, qui fabrique, sélectionne et monte des composants qui accomplissent ces fonctions que nous attendons. Avant de faire philosophie j’ai fait un BEP électronique et un BAC PRO informatique et réseau. Ça n’a l’air de rien, mais beaucoup de personnes qui programment n’ont jamais touché la partie hardware de leur "bécane" et se contente d’une théorie. Quant aux philosophes ils se réfèrent souvent a des textes comme ceux de Turing, etc... jamais un mot sur le hardware. L’intelligence artificielle c’est du pipot. C’est du commercial pour éviter de parler de système complexe automatisé (c’est sur c’est moins vendeur).
Quant aux être vivants, au cerveau, il ne « calcule » pas. Le calcul est une invention, les mathémathiques sont un ensemble de conventions défini depuis plusieurs siècles a travers différents logiciens, savants et mathématiciens (demandez au premier prof venu a quel point il n'est pas évident de faire comprendre aux enfants à l'école ce qu'est une addition, une soustraction, une multiplication... vous comprendrez que le calcul n'a rien de "naturel" ou de "biologique"). Le cerveau ne fait pas un « calcul », nous calculons, mais pas le cerveau. Après on peut dire, ça y ressemble, ou l’interprété comme du calcul, mais ce n'est pas la même chose.
Le monde virtuel. Le numérique et le virtuel est présenté comme un « sixième continent » auquel on accède par les « outils numériques ». Or le monde virtuel est tout a fait réel et matériel, c’est des câbles, du minerai, des serveurs, des satellites. C’est précisément ce mouvement de déconnexion au réel qui pose problème. Que ça plaise ou non à ceux qui ont choisi de continuer à travailler dans ces domaines, l’informatique, le numérique prend un espace géographique réel, et son économie est très matérielle pour ceux qui en traite les déchets ou en extrait les minerai nécessaires a leurs productions. C’est une rhétorique perpétuelle chez les tenants de la "société des services" ou "numériques" qui permettrait la-libération-de-toutes-et-tous, grâce au partage de l’information etc... que de soudainement faire l’impasse sur les questions matérielles.

Science-fiction et convergence. La propagande de Bill Clinton en faveur des nanotechnologies (il a lancé la nano-initiative), que tout le monde annonce comme « une révolution » (plus ou moins visible), « un changement de la vie », a tendance a soudainement devenir qu’un petit projet quand on le critique. Qu’une recherche dans les sciences qui donnent en fait peu de résultat etc... En nanotechnologies plus qu’ailleurs, la science fiction est aussi bien faite par les chercheurs qui veulent obtenir des budgets, que par les industriels. La « convergence » est le summum de cette publicité. Chacun la tire de son côté. Si classiquement on a la collusion Bits Atome Neurone Gène (BANG ou NBIC), les roboticiens (comme Kurzweil) qui ne veulent pas être oubliés, tire aussi la couverture vers eux et parlent de convergence NGR (Nano, Gènes, Robotique). Loin d’être un processus déterminé, inévitable, comme le présente ceux qui s’en prétendent les acteurs, la convergence est avant tout un moyen d’obtenir un gros budget.

Les prothèses à la rescousse. La médecine et son halo positif, sont vite convoqués pour sauver les gentils transhumanistes, contre les méchants obscurantistes. Présenté comme les aides indispensable a travers des cas tragiques d’aventures humaines. On oublie simplement de dire que les prothèses électroniques contrairement aux prothèses en bois sont contrôlables à distance et aussi « piratable ». Quel ravissement a venir que de pouvoir voir une foule d’humains désireuses d’avoir les compétences attendues pour une technique... devenir marionnette. Bien sur, on pouvait déjà agir sur la volonté des personnes en manipulant, orientant les informations. Mais la, que vous le vouliez ou non, cela ne changera pas grand chose, et même dans ce cas, il s’agit d’une manipulation possible supplémentaire, faudrait il l’accepter pour autant ? Et que peu entraîner cette manipulation ? Votre propre course avec jambes artificielles vers une défenestration ? L’étranglement avec votre main artificielle d’un camarade qui manifeste avec vous et qui venait de s’attaquer a un policier... Bref, une manipulation d’un tout autre ordre que celle de la pensée par les mots.
La même puce qui permet le contrôle de votre santé, permettra de savoir si vous êtes à jour de vos cotisations, et pourra, tout autant qu’elle vous conseille d’aller faire de l’exercice, vous dénoncer à tel ou tel organisme pour le bien de la société, afin que vous vous mettiez a jour de vos cotisations ou impôts.

Augmentation, Amélioration, Perfection. Il traîne différentes perspectives éronnées. D’abord, la confusion entre accumulation et amélioration. Comme si l’un valait l’autre.
Ensuite l’amélioration, comme projet sans fin, ce qui revient à engendrer une frustration constante (pratique pour les commerciaux) : jamais vous n’en aurez assez, il y aura toujours mieux. Vous voyez bien ? Oui, mais lui, il voit encore mieux. Une fois que vous êtes au stade de celui qui était mieux que vous, on vous apprend qu’il y a encore mieux... ça peu continuer longtemps comme ça, surtout ça va permettre de remplir les poches des patrons.
Reste la troisième idée : la perfection. La perfection, oui, mais vis-à-vis de quels critères ? On ne le dit pas. À chaque fois, les transhumanistes parlent non pas de modifications comme il serait neutre de le dire, on jugerai ensuite si c’est bon ou mauvais, mais d’amélioration, ou de perfection. Or de tel qualificatif sont liés a l’idée de « positif ». Comme pour les OGM, qui devait au début être nommé Organismes Génétiquement Améliorés (voir Berlan, la guerre au vivant).
Il est impossible de s’adapter a tout parce qu’il est impossible de prévoir tout, non seulement l’érosion des espèces a venir (qui dépendra des situations qu’on ne connaît pas a l’avance), mais même « simplement » l’économie, on le voit bien depuis 3 ans.
Prenons les parties amélioratives, non accumulable. Évidement tout le monde voudrait « plus d’intelligence », par exemple, mais en l’obtenant comment ? Par des machines fait avec des métaux rares ? Par des cobayes humains génétiquement modifiés, dont il faudra sacrifié une partie a titre d’expérience, et dont ceux qui naîtrons par la suite ne pourrons pas revenir sur leurs modifications si jamais celles-ci s’avairait problématique ? (argument dans l'Eugénisme Libéral, d'Habermas).
Toute une partie du transhumanisme va consister à dévaloriser le corps, à dire qu’il est incompétent, insuffisant, « faillible » qu’il faut être programmé, comme des machines, c’est la honte prométhéenne qui va s’abattre sur tous. La honte de ne pas être comme des machines ! C’est tout de même incroyable, avoir honte de ne pas être libre, de ne pas être ce que nous voulons. Il faudrait que notre idéal ce soit la soumission au système, notre dévouement a son accomplissement.
Une autre tendance sera de dévaloriser la politique, de faire comme si elle n’existait pas et ne pouvais rien faire. Le transhumanisme se présentant alors comme la solution libérale par excellence qui viendra se présenter sous un aspect non-idéologique, alors qu’elle est clairement LE moyen, LA possibilité même de continuer le projet libéral-réellement-existant. Dans ce cadre là, comme William Bainbridge le pense : le transhumanisme ne serait pas un choix, mais une nécessité.


Nous sommes déjà dépendant des techniques. Oui. Il n’est évidement pas question de dire, il faut abandonner toutes techniques (position d'un primitivisme dogmatique à la Zerzan), mais commencer a sortir d’une logique autoritaire des sciences et techniques entièrement organisée autour du critère de la concurrence et de la croissance économique. Actuellement c’est l’État et les entreprises qui organisent des moratoires invisibles en donnant des budgets pour la recherche à certains projets et pas à d’autres. Il est temps de choisir, de se poser les questions politiques de nos outils techniques.
Qu’elles sont nos dépendances ? Les découvrir, choisir celles qui sont favorables a notre émancipation et les entretenir. Dans cette perspective, les techniques comme celles que promeuvent le transhumanisme, loin de nous émanciper, nous rendrons clairement dépendant-e-s a des terres rares, a des industries et des expertises qu’un petit groupe de personnes avec peu de moyen ne pourra pas maîtriser. C’est déjà un problème actuellement, pourquoi faudrait-il continuer dans cette catastrophe ?

3Même Bernadette Bensaude Vincent, dans un article, partage cet avis.
4C’était assez rocambolesque. J’y était allé dans le cadre de la proto-formation de Péquenot-Science avec un accolyte. Nous ne savions pas ce que nous allions voir. Arrivé sur place, je vois peu de monde, mais sagement assis a écouté la présentation, même si on sentait une vive tension dans la salle, et que j’y ai reconnu des amis de passages (Bertrand Louart, Catherine Terral). Durant mon une intervention (pour dire que tout as été décidé et que le grenelle de l’environnement présenté en exemple avait justement évincé certaines questions comme le nucléaire), dans la salle plusieurs dizaines de personnes se lèvent, jètent des boules de papiers, siffle, déploient une banderole, fond du bruit. Bref, je découvre qu’il y avait un groupe qui avait visiblement prévus lui aussi d’intervenir.
5Comme le livre de Besnier dans Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? qui reprend la critique de Gunther Anders de l’obsolescence de l’homme, notamment sur la honte prométhéenne.... ce que j’avais déjà fait plus d’un an avant.

samedi 13 octobre 2012

L'énergie une question d'organisation sociale

J'ai encore écris un article pour "Info & Analyses Libertaire" de la CGA.

PDF, 2 pages A4 : http://www.mediafire.com/view/?nnfmrmk677k3v1r

La question écologique est souvent résumée a la limite des ressources, si cette question fait partie de l’écologie, elle ne peu pas la contenir entièrement, et ne constitue même qu’une petite part de la question énergétique qui est avant tout le résultat d’une organisation sociale (et donc pas stricto-sensu une question écologique).
Les ressources sur Terres sont limités, elles finiront toutes par atteindre un pic après lequel l’extraction sera plus difficile, coûteuse, et a terme non-rentable. Ce phénomène est déjà arrivé pour les hydrocarbures, que l’on voudrait extraire a présent dans les pays qui les consommes malgré les graves destructions environnementale et sanitaire connues, et devrait arriver dans environ 30 ans (au rythme actuel de consommation) pour l’ensemble des autres ressources connues1. Le colosse appareil capitaliste a des pieds d’argile basés essentiellement sur une ressource. Certain-e-s pensent pouvoir éviter ces problèmes grâce a de nouvelles techniques ou de nouvelles extractions. Seulement aucune technique réellement efficace pour remplacer l’extraction et la transformation actuelle de pétrole n’est présenté2, et de même qu’il existe un pic de l’extraction, il existe un pic des découvertes, (en général logiquement antérieur au pic d’extraction) qui est globalement dépassé : les rares nouvelles découvertes ne remplacerons jamais la quantité qu’il était possible d’extraire simultanément jusqu’à aujourd’hui.
Contre les lectures actuelles qui présente la consommation individuelle comme la source du problème et dont la matraque culpabilisatrice se fait plus forte en temps de « crise » (Refuser le gaz de schiste, reviendrait non seulement a vouloir manger cru, mais en plus à refuser du travail sur le territoire !), il s’agit au contraire de montrer que non seulement l’énergie n’est qu’une part de nombreux problèmes, mais qu’en plus elle peut-être résolue en opposant une autre organisation. Organisation locale et sociale, moins énergivore et plus écologique qui ne soit pas celle du repli, de la hiérarchie et de la fermeture mais égalitaire, partageuse et ouverte. Tout comme le patriarcat est loin de disparaître pendant la crise, les problèmes mis a jours par nos connaissances écologiques persistes. L’anarchisme, ne s’oppose pas seulement a l’exploitation économique, mais à l’ensemble des mécanismes d’exploitations, de dépossessions et d’autorité. L’énergie n’est un problème pour nous que parce que nous dépendons d’un appareillage technique spécifique, rendu nécessaire par des modes de vie eux même contraints par cette organisation. Une grande partie de l’énergie produite ne nous arrive jamais, parce qu’elle est consommée par le système lui-même pour son fonctionnement. Ce n’est pas nous qui constituons un problème, mais cet appareillage et ceux qui le dirigent. Ils organisent nos dépendances, notre exploitation, et la destruction des vivants sur Terre. Finissons en avec ce système.

C’est l’organisation sociale qui contraint et organise les dépenses énergétique, à travers les libertés laissées aux individus. C’est sa structure générale, et son urbanisme en particulier (notamment a travers l’organisation de l’espace) qui favorise les transports contraints et les distances qui doivent être parcourues. L’orientation particulière que donne le capitalisme mondialisé entraîne des dépenses énergétique supplémentaire qui se retrouve du panneau publicitaire lumineux et vitrines éclairées de nuit, aux énergies supplémentaires qu’il faut dépenser pour produire plus afin de vendre moins chers (et non par rapport aux besoins défait de leurs aliénations) ou pour des productions genrées et pensée plutôt a usage individuel que collectif, mais aussi pour réparer et entretenir la camelote produite elle-même, qui dans ce cadre est pensée non pour durer, mais comme une étape qui sera dépassée par le prochain produit qui pourra venir s’y substituer.
L’échappatoire promus par une société de « service » qui aurait prétendument moins de pollution (c’est sans compter les déchets électroniques, les transports….) est loin de diminuer le coût énergétique.
Il n’existe pas d’énergie sans pollution, sans destructions. L’extraction des terres rares nécessaire aux éoliennes, ou aux panneaux photovoltaïques est un problème insolvable dont les conséquences sociales3 et écologique4 ne disparaîtrons pas. Et même au-delà de ces questions le traitement des déchets de certaines sources d’énergie va nous poser des questions radicales : comment une société anarchiste pourra a défaut de les produire, gérer les déchets nucléaires présents pour de nombreuses années.
Les principales énergies dites alternatives dans une démarche d’écoblanchiment, sont mis en avant afin de cacher les destructions connues de la majorité des énergies réellement utilisée. Mais il ne faut s’y tromper, les énergies renouvelables sont clairement le futur carburant du capitalisme ou se déploient déjà largement Total et BP. Comme Charbonneau l’avait envisagé : « Le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire, dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas lus au développement qu’à l’écologie ; ils ne croient qu’au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut être fait autrement.5 » La recherche pour ces énergies se fait non dans un objectif écologique ou social, mais pour celui de la marchandise. Les terres qui aurait pu servir a l’alimentation sont alors utilisé autoritairement pour faire du carburant ou de l’énergie. Au final, une des questions au centre du problème de l’énergie est le possible usage populaire des terres ou l’imposition du renouvelable par les États, Industriels et Institutions internationales.
L’énergie est donc loin de n’être qu’une question technicienne de limite des ressources et pose bien plutôt au premier plan l’usage et la gestion populaire du sol, puis les valeurs avec lesquelles nous allons structurer une organisation sociale, et enfin comment pour ses questions vitales allons nous échapper à la logique oligarchique de l’expertise.
Pour ce dernier problème il est toujours possible de faire des recherche afin d’élaborer ou restaurer des savoirs locaux, faciles à transmettre et a retenir (afin de pouvoir toutes et tous les acquérir et refuser l’exclusion intellectuelle du « secret d’État » [nucléaire] ou d’entreprises [risques dus aux fracturations des sols]), avec des matériaux locaux et renouvelables, le tout dans une organisation fédérée (il y a toujours du soleil de l’eau et du vent mais pas aux même endroits). L’objectif étant que nous puissions construire, réparer et maintenir nous même des dépendances que nous avons choisis, favorisant notre liberté, plutôt que notre asservissement.
Les luttes actuelles contre les hydrocarbures de schistes et les lignes THT, ne constituent que la face visible d’attaques sur le destructeur appareil capitaliste. Il nous reste à trouver comment porter publiquement nos autres arguments.

Florian (Groupe de Montpellier – Un Autre Futur)
Notes
1Pic gazier : entre 2020 et 2030, charbon vers 2025, uranium en 2035, métaux dans 20 a 30 ans.
2Ce scientisme connaît son équivalent en miroir a travers les croyances dans une prétendue énergie libre, extraite de la force de l’univers même, ou une méthode de production qui apporterai plus qu’elle ne coûterai (comme un moteur surnuméraire). Ces croyances aux fondements creux sont en contradiction avec nos savoirs actuels largement vérifié et surtout avec le principe général de l’entropie (second principe de thermodynamique), selon lequel l’énergie transformable ne peut que décroître a terme dans l’univers. La néguentropie que nous pouvons organiser ne peut-être que temporairement et localisé à l’intérieur de l’entropie générale.
3Aussi bien des travailleurs (A travers l’histoire des conditions des mineurs, dont le 16 Août 2012 ou une trentaine de mineurs grévistes on été abattu et une soixantaine de mineurs blessé gravement en Afrique.du Sud. Il en meurt des dizaines chaque année), que des habitants (Indigènes expulsé de leur lieu de vie et d’habitat, qui on le mauvais goût d’habiter sur des ressources minières...).
4Destruction des nappes phréatiques ou/et pollution des rivières et des sols sont la destruction des habitants sous terrains, des milieux aquatiques, mais aussi de tout ceux qui doivent accéder a de l’eau.
5Feu Vert, autocritique du mouvement écologique.

P.S : j'ai remarqué que Jean-Pierre Tertrais dans un récent article pour le Monde Libertaire avait repris ma perspective de changement de l'organisation sociale pour résoudre les problèmes dit écologique (en fait des problèmes révélé par nos connaissances écologiques) que je lui avait exposé a l'occasion des rencontres internationale de l'anarchisme à St-imier. Je suis content de voir que l'idée fait donc ce chemin. Pour être tout a fait juste, il semble que Bookchin l'avait déjà mise en place, mais qu'il lui manquait tout une partie critique sur "l'appareil capitaliste", qui est un peu ma manière a moi de parler d'un équivalent plus ou moins du système technicien. Bref, ça avance.

samedi 29 septembre 2012

NOUS SOMMES ENCORE DU GIBIER POUR LE CAPITALISME


Les dernières études sur UN TYPE d’OGM de Monsanto réalisé par Séralini & Spiroux on fait beaucoup parler d’elles.
Les médias. Rapidement TOUT les OGMs se sont vu affublé de dangereux pour la santé. Et les journaux qui ont eu l’exclusivité de la nouvelle l’on annoncé sans pouvoir avoir de recul (puisque personne ne devait être courant1), agissant de la sorte, il faisait plutôt partie d’une opération de propagande que de celle de journalisme (même si l’exercice est trop souvent décevant en règle générale).
Les militants. Un grand nombre de militant-e-s a profité de l’occasion pour relayer l’annonce, pensant trouver dans cette étude de quoi appuyer leur critiquent des OGM... ce qui inévitablement donnera aux scientifiques, l’occasion de dire qu’ils ont tort de combattre les OGM parce que n’étant pas scientifiques, ils ne sont même pas capable d’émettre un avis sur ce CR d’expérimentation.
Les scientifiques. L’équipe de Séralini & Spiroux a probablement commis quelques erreurs, a minimat celle d’avoir fait publié uniquement dans une revue accessible uniquement sur abonnement, alors que d’autres publications accessible a une population plus large étaient possible2.
Mais le « monde des scientifiques » n’est pas si détaché que cela de la politique. Pour obtenir les budgets ils sont prêts a mettre au point des « projets de recherches » qui promettent mots et merveilles.
Certains n’hésitent pas a réagir le jour même de la publication de l’étude pour la critiquer... sans réaliser de contre-expérimentation et sont complètement lié a des conflits d’intérêts, voir exécutent des critiques ad-hominem (c’est l’occasion d’ailleurs de redécouvrir ce que signifie le lobbying et de voir les liens de Monsanto et de suscursales avec certains scientifiques3).
D’autres scientifiques expriment leur désaccord vis-à-vis de tout le battage autour de cette publication... mais on attend toujours le groupe de scientifique qui osera exprimer le désaccord vis-à-vis de toutes les promesses sur base dite scientifique de la promotion des OGM4... qui assurément contrairement a un article, un livre et un documentaire, produit beaucoup plus d’argent en enchaînant des paysans et des agriculteurs a des semences d’un genre particulier qui les fait dépendre de l’industrie (et dont les OGM ne sont pas les seules applications, pas besoin d’OGM pour être une semence hybride qui ne peu s’utiliser qu’une année).
Des arguments politique non-scientifiques sont valable. Le problème de tout ce battage autour de l’étude scientifique, c’est qu’il fait oublier, les problèmes qu’on toujours posé et que pose encore les OGM. Des problèmes qui n’ont pas besoin d’études scientifiques pour exister. Le brevetage du vivant, le secret industriel sur les études censées améliorer la connaissance, mais surtout pour moi, le fait que nous sommes toujours des gibiers pour le capitalisme.
Des cobayes ? Pire. La plupart des militants, jusqu’au dernier livre de Serialini, n’hésite pas à faire le parallèle entre les cobayes et la population humaine. C’est une erreur. Nous sommes dans une situation bien différente, bien pire. Faire une expérience scientifique, c’est contrôler l’environnement, c’est produire du savoir, le faire sur une certaines populations. Si les vivants non-humains ne sont pas tenu au courant, les humains habituellement traité comme cobaye connaissent la différence (sauf quand ils sont le fruit d’expériences secret d’État5, ou qu’ils ne savent pas lire les termes du contrat comme certaines populations indiennes6) et l’expérience a un champ limité. Face aux OGMs cultivés en plein champs (pas ceux de laboratoire) nous ne sommes pas des cobayes, nous sommes du gibier, pour la chasse aux profits d’industriels sous couvert de « science ». La population exposée n’est pas controlé, les données de l’expérience et son cadre de sont pas énoncé, la limite du lieu d’expérimentation n’existent pas7.

NOTES :
1L'étude anti-OGM: comment s'assurer des médias favorables, http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2012/09/22/letude-anti-ogm-comment-sassurer-medias-favorables
2« L’article est publié dans une revue disponible uniquement sur abonnement, donc pas accessible aux citoyens, aux militants, aux profs de lycée, aux journalistes, bref j’en ai déjà parlé ailleurs (et aussi ici), mais quand une étude est potentiellement si importante pour tout le monde, ça me paraît crucial de faire en sorte qu’elle soit le plus largement disponible possible. Ils auraient publié dans PLOS One, ça serait en copyright Creative Commons et librement disponible pour la planète (et en prime le facteur d’impact est plus élevé). Et là non seulement ça n’est pas chez PLOS, mais c’est chez Elsevier, le grand méchant loup de l’édition scientifique, la multinationale la plus grosse et la plus rapace du secteur. D’ailleurs chez PLOS, non seulement c’est libre d’accès, mais on peut ajouter des commentaires, et les liens Twitter sont montrés en temps réel à côté de l’article. C’aurait pas été bien ça, pour faire débat public ? »Comme l’explique le blog tout ce passe comme ci. http://toutsepassecommesi.cafe-sciences.org/2012/09/24/faudrait-pas-que-le-bon-peuple-puisse-juger-de-la-science-concernant-les-ogm-directement-openaccess-not/
3Mediapart publie un article sur le sujet, Polémique sur la toxicité des OGM : ces conflits d'intérêts qui nuisent
à la science, 28 septembre 2012 par Benjamin Sourice.
4Sur la question de la responsabilité des scientifiques, voir l’article de Jacques Testart : jacques.testart.free.fr/pdf/texte794.pdf vous n’aimez pas lire ? Il y a une vidéo pour ça : http://www.dailymotion.com/video/xgf2m3_jacques-testart-responsabilite-sociale-des-scientifiques_school
Sans trop m’aventurer dans des choses que je ne maîtrise pas, il semble que beaucoup de monde pense que le nombre de « matériel biologique » (c’est-à-dire les animaux non-humains) pour l’expérimentation était insuffisant... soit, le problème c’est que c’est sur ce même nombre insuffisant que les OGM étaient validés jusqu’à présent... il semble donc que l’on puisse conclure a minimat, que les critères de validation d’expériences sont mauvais. Mais je serai curieux de savoir si on trouvera un responsable pour ce choix de critère, et encore plus s’il y aura des sanctions sur ce responsable pour les problèmes éventuels que l’on pourrait démontrer avec plus de sujets sur des longues durées... Démonstration ? http://www.bacterioblog.com/2012/09/24/pour-quelques-rats-de-plus/
5Voir tous les problèmes rencontrés avec les expériences du projet MK-Ultra pendant la guerre froide.
6« Les médicaments destinés aux populations des pays riches sont désormais testés sur les populations de pays africains et asiatiques.
Les pays pauvres ont beaucoup d’avantages. Outre que la rémunération des cliniciens est beaucoup plus faible, les comités d’éthique sont parfois inexistants et les patients peu exigeants car ils croient avoir, à cette occasion, accès à la médecine occidentale de pointe. À l’inverse, dans les pays riches, les patients sont de plus en plus réticents à participer à un essai clinique, sauf dans les cas où le nouveau médicament ne peut être comparé à aucun traitement efficace existant
[…] Dans les pays pauvres, beaucoup d’expériences sont possibles car la participation à un essai clinique est souvent la seule possibilité d’être soigné, même si cela n’est que sur une courte durée et si, une fois l’essai terminé, les populations cobayes sont laissées à elles-mêmes, sans suivi et sans prise en charge (ce que les patients ignorent la plupart du temps quand ils signent un document supposant leur « consentement éclairé »).  » Philippe Pignarre, Au nom de la science, à propos de Sonia Shah, Cobayes humains. Le Grand Secret des essais pharmaceutiques (trad. Pierre Saint-Jean). début 2008. http://revuedeslivres.net/articles.php?id=65
7Dans le cas des OGM souvent on indique le poids du pollen qui empêche sa propagation... jusqu’a ce qu’on prouve que les abeilles ne faisaient pas de distinction entre ogm et non ogm (ce qui récemment entraîne des fabriques de nouvelles législation sur la production de miel afin de cacher ce problème), ou qu’on rappelle simplement qu’il suffit de se gare a côté d’un champ de ce type pour que du pollen se dépose sur votre véhicule et soit aisément transportable ailleurs...

mardi 11 septembre 2012

spécisme - affiche no more fukushima - internet fascisant

Désolé pour ce melting pot, qui m'empêche de produire un titre, mais il est apparu qu'une collection de petite choses publié ça et la récemment on plut...


Pas antispécisme, mais non-anthropocentrisme. Pas égalité de souffrance, mais même appareils de dominations.
Cela fait plusieurs fois que l’on me demandent d’expliquer mon positionnement politique vis a vis de la condition animale. La rédaction d’un texte très large sur l’écologie dont la condition animale est une sous catégorie pour moi, est en cours de rédaction, mais en attendant, je peux déjà indiquer qq.éléments aux curieux.
J’ai déjà partagé ces propositions a St-imier (aux rencontres internationales de l'anarchisme, lors du débat sur la condition animale), et avec des personnes de la Fédération Anarchiste qui me l’on demandé. Quand a la Coordination des Groupes Anarchistes, a laquelle je participe, sur Montpellier, ils sont largement au courant, mais je dois encore publier le texte que je proposerai pour une motion sur l’écologie en général.


Ma position sur la cause animale est très très particulière, je ne l’ai pas vu ailleurs, mais en même temps, elle me semble très adapté.
Je ne suis pas antispéciste et je ne pense pas qu’il faille être végétarien, végétalien ou végan pour s’exprimer sur ces questions.
Grosso-modo, ma position revient sur ces sujets a critiquer ces approches qui sont en fait éthique et non politique. Mon approche est plutôt écologie-sociale, si l’on veux.

Cette question pose problème dans les groupes anarchistes pour plusieurs raisons.
Entre autre : 1.la course a qui sera le plus pur (très courant aussi chez les décroissants), ou il faudrait être végétarien, végétalien, et si possible vegan. Ce ressort joue sur la culpabilisation individuelle, est pour moi il n’est pas politique. Par ailleurs on peu très bien être végétarien, végan etc... et avoir un comportement créateur, positif, et non culpabilisateur.
2.Souvent la comparaison des souffrances est faites, précisément a cause d’un antispécisme, certains mettent sur le même plan, la souffrance des poules en abattoir et celles des juifs dans les camps d’exterminations.

Je pense que ce problème est du idéologiquement a une réflexion issus de l’utilitarisme de Bentham, qui pose philosophiquement l’antispécisme en indiquant que ce qui compte ce n’est pas de savoir si l’on peu penser, si l’on a des poils, le nombre de pattes, mais : si l’on peu souffrir.
L’utilitarisme de Bentham pose deux problèmes :
1.Il n’est pas fait pour combattre toute souffrance mais pour canaliser la souffrance est l’utiliser contre les mauvais éléments de la société.
Bentham était avant tout un législateur et un juriste, ce n’est par ailleurs pas pour rien, si il a inventé le panoptique (une organisation carcérale, critiqué par Foucault dans surveiller et punir).
2.L’utilitarisme a une position « individualiste » (il y aurai de longue explications a fournir que j’épargne), c’est à dire qu’il pense que l’unité de base, qui compte, c’est l’individu et ils pensent qu’ils ont tous la même valeur, le même pouvoir (même si de temps en temps certains peuvent être sacrifiés selon ce que l’on recherche comme utilité). Avoir le même pouvoir, ne voir que l’individu, c’est nier l’organisation sociale aliénante et ses contraintes, c’est nié qu’il y a des individus qui exploitent, qui fabrique des usines, et d’autres qui sont plus ou moins contraint a faire comme ils peuvent.

C’est pour ça que souvent la position classique antispéciste pense faire de la politique en proclamant le boycott ! Le boycott, pour moi est loin d’être très politique, et s’assimile plutôt un outil radical... de régulation du capitalisme (une sorte de blocus de consommateurs).
A la place d’autres actions plus politique sont visible avec une grille de lecture sociale : le sabotage des exploitations industrielle concentrationnaire par ex. en faisant perdre de l’argent a ces entreprises par la destruction de matériel.
Je pense qu’au lieu de mettre sur le même plan la question de la
souffrance, une grille de lecture sociale libertaire et écologique, peut mettre en avant, non pas la sensibilité, ni les objectifs mis en oeuvre par les exploiteurs (les camps d’extermination juif visait leur destruction, alors que les exploitations industrielles d’animaux, visent leur consommations), mais les techniques de contrôles, de soumission et de domination : Torture, concentration, enfermement dans des cages, gavages de médicaments etc...

Par ailleurs pour moi, ces centres, ne posent pas que des problèmes d’individus animaux, mais aussi clairement d’écologie : ils détruisent en général largement les sols alentours, et pollue les eaux du coins.

Voila pourquoi, pour moi la condition animale, n’est qu’une sous rubrique d’un questionnement de l’écologie a partir d’une grille sociale-libertaire.

Enfin je rajouterai que souvent l’on confond antispécisme, et anthropocentrisme. C’est à dire que certains veulent critiquer l’anthropocentrisme, et adhère pour cela a un antispécisme.
Pour moi, ce sont deux choses différentes. Je suis contre l’anthropocentrisme (l’idée que les humains soient supérieurs aux autres vivants et qu’ils soient le seul centre d’intérêts) parce que nous sommes différents, mais pas supérieur d’une part, et d’autre part parceque la biodiversité et les conditions des vivants en général sont mes centres d’intérêts, et l’humain en dépend en tant qu’il est un vivant parmi tous les autres. Par ailleurs en tant que nous sommes des humains, nous nous organisons d’une manière qui peut-être solidaire avec les autres vivants, mais ça n’induit aucunement une égalité des intérêts (par contre ça induit un souci) qui est un positionnement éthique et pas politique. C’est nous en tant que groupe humains anarchistes qui nous organisons, on peu dire que nos propositions sont anthropogénique (elles viennents d’humain), mais pas anthropocentrique.

Grosso modo, cela peu donner les grandes lignes de ce que je pense, bien que ça reste encore a rédiger au propre.

Je tiens a signaler cet article, (qui n'est pas de moi et dont ont vois dans les commentaires que je ne partage pas l'avis), qui pose des questions sur le même sujet et qui est bien écrit : Qui tue le plus ? (Vegan vs Ecolo) http://www.nousautres.org/qui-tue-le-plus/

J'ai un peu de place, j'en profite pour signaler un documentaire intéressant :
Terre sous influence http://www.youtube.com/watch?v=0EampUcFIP0

Un site réactionnaire piège Jean Marc Rouillan
Jean-Marc Rouillan a donné une entrevue au site Diktacratie, puis il découvre que Egalité & Réconciation relaye cet entrevue et communique alors une mise au point, ou il dénonce un « hasard malheureux de la toile » qu’il pense être une récupération de l’extrême droit postérieure a son entrevue...
Sauf que le site d’origine Diktacratie est lui même un site des réseaux d’extrême droite : dont les liens avec « la dissidence française » et la position suprémaciste identitaire de kemi-seba, sont clairement indiqué.
En page « Qui somme nous ? » on trouve :
D’autres, enfin, comme Vincent Vauclin du site la-dissidence.org/ sont
devenus des partenaires résistants.
Et en liens de chaque page du site, on voit comme partenaire la radio
kemi-seba.com
Ci dessous le communiqué de J-M Rouillan :
Hasard malheureux de la toile et projet de créer de la confusion (là où il
n’y en a aucune), mon interview donné à deux intervenants de
Diktacratie.Com a été reproduit le 23 août sur le site d’Alain Soral.

Le projet de ce sinistre individu est bien connu. Il est ancien et remonte
aux années de la peste brune. Il est tout simplement réactionnaire. En
fait, il tente de démontrer qu’il existe une extrême droite qui serait
antisystème, anti-impérialiste et anticolonialiste. Et mieux, qu’elle
serait la seule voie praticable de nos jours.
Pour cela, il a besoin de construire des ponts imaginaires avec des
militants radicalement antisystème, anti-impérialiste et anticolonialiste
comme je l’ai été en tant que combattant d’Action Directe et comme je le
suis car non-repenti.

Aujourd’hui cet ignoble ver de terre ose utiliser mon nom et mes mots
qu’il sache toute fois qu’aucun lien n’est possible que le seul
affrontement à mort entre réaction et révolution, extrême droite et
extrême gauche, fascisme et antifascisme, domination blanche et
internationalisme.
Aucune discussion n’est possible avec la racaille réactionnaire.
Qu’ils crèvent !
J.Marc ROUILLAN
Sur un autre site (le blog le laboratoire), une personne propose que Rouillan ne se soit pas fait piégé et qu’en fait ce soit juste la vidéo qui est était récupéré par les copains de SORAL... pourquoi pas !
Mais c’est Rouillan lui-même qui indique que l’enregistrement a été fait avec une personne du site Dicktacratie.
Je pense juste que Rouillan n’avais jamais vu ce site lui-même, et que même s’il a vu, il n’avait pas percuté les pb que j’ai relevé. Tandis que E&R, ça il connaissait certainement, et il a réagi a ça.

 Sur sa page face de bouc, Yohan de doncker, une des deux personnes qui a fait l’entrevue avec Rouillan, multiplie la diffusion des pages de « la dissidence » et les articles d’Alain Soral... a part ça... ht*p ://w*w.faceb*ok.c*m/Yohan.Kerr
Il y pose aussi :
h*tp ://a2.sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash4/247559_1892565388768_2159548_n.jpg
ht*p ://www.facebook.com/photo.php ?fbid=2002009964814&set=a.1474033045721.2072213.1080531814&type=3
ht*p ://www.facebook.com/photo.php ?fbid=1598501317350&set=a.1474033045721.2072213.1080531814&type=3

 L’autre personne qui a réalisé l’entrevue et Kelly Schmalz... qui sur son face de bouc, s’affiche comme « en couple » avec Yohan de doncker...
h*tp ://www.facebook.com/kelly.schmalz.96/
Elle aussi partage les liens de E&R, notamment l’article Free zizi riot... Et dans ses « favoris », section livre, apparaît « Alain Soral »... au hasard, ainsi que dans ses intérêts Dieudonné... et la section « j’aime » laisse perlé kemi seba et la dissidence...

 Quand a Vincent Vauclin... il n’est pas QUE du site la dissidence.org... sur sa page face de bouc, il précise rien de moins que « coordinateur national »...
 Et même en écoutant l’entrevue... la question avec le terme « hyperclasse d’apatride »... c’est clairement le discours soralien qui revient. Sous-entendu, elle devrait redevenir un « peuple des nations »... Mais Rouillan ne percute pas et répond sur « la lutte des classes, sujets d’actualité » ? :/
 Et last but not the least, d'autres personnes se sont confronté a ces zoiseaux et... ils font interdirent les comptes de leurs contradicteurs, tout en arguant a chaque fois bien sur de la liberté d'expression.

Post-scriptum : Après que j'ai constaté ces faits, Yohan de Doncker a commencer a retirer de son mur Facebook, ou en tout cas a les rendre moins visibles ses liens avec E&R... mais ce n'est pas le cas de son amie d'une part et d'autres part comme je l'indiquais, il suffit d'écouter les questions pour entendre la grille de lecture soralienne...
 Et enfin ! Diktacratie, voulant se démarquer de l'accusation d'extrême droite insiste sur ces divergences avec le FN, s'en suit de nombreux commentaires, au cours desquels ils disent qu'ils ne sont responsables en rien de la reprise sur le site de E&R de leur entrevue et qu'ils veulent rester "hors des clivages partisans" (propos de Yohan de Doncker)... ht*p://diktacratie.co*/la-politique-du-pire/
Mais que dit Soral dans sa dernière vidéo ? il dit a 17min48, qu'il a relayé une entrevue "a la demande de ceux qui l'avait faite"... CQFD h*tp://www.dailymotion.c*m/video/xtb0fk_e-r-soral-rentree-2012-partie-3_news#from=embediframe

Enfin, des affiches japonaises que j'ai relevés sur l'opposition au nucléaire, originales, et que j'ai pas trop vu tourner.
















samedi 28 juillet 2012

Sortir de l'Économie n°4

Enfin ! Nous publions le 4ième numéro de Sortir de l’Économie !
http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/

Au sommaire :
Editorial : Critique de l’économie et du travail
La marchandise expliquée à mes enfants

Articles
Partie 1. Au delà de l’économie
. Par où la sortie ?
. L’anticapitalisme des anarchistes et des anarcho-syndicalistes
espagnols dans les années trente
. Au delà de la Centrale de François Partant
. Vous avez dit monnaie ?
. Pour un archipel de lieux en propriété d’usage

Partie 2. L’émergence de l’économie : anthropologie des fétiches sociaux
. Critique du substantivisme économique de Karl Polanyi
. Qu’est-ce que la production ?
. Le fétichisme comme inventivité sociale

Notes de lecture
. Denis Baba, Anarchie économique
. Marcello Tari, Autonomie. Italie, les années 1970
. Kenneth Pomeranz, Force de l’Empire

Probablement aurons nous l’occasion d’en discuter aux rencontres internationales de St-Imier !

A4, 267 pages, Format PDF, 11 Mo : http://www.mediafire.com/view/?h08w8kg168yek8b

mardi 19 juin 2012

Conférence internationale de Rio, sur l’environnement du 20 au 22 juin 2012

Je relais ce texte d'un ami :
Conférence internationale de Rio sur l’environnement du 20 au 22 juin 2012 : les Nations s’apprêtent à signer en totale inconscience les « Accords de Munich » comme en 1938, sans voir que nous sommes à la veille de l’effondrement !
Le développement durable, c’est le problème, pas la solution.

Cette cinquième conférence internationale sur l’environnement sera la dernière : nous ne serons plus là pour vivre la suivante, prévue en 2022 car dans les 10 années qui viennent s’accélèrera la PHASE FINALE DE L’AGONIE TERMINALE et la plupart d’entre nous ne survivront pas à l’écroulement des sociétés industrielles, qu’il s’agisse des vieilles comme en Europe, ou des neuves comme au Brésil, en Inde ou en Chine, ces pays immergés dans la ridicule imitation servile et aveugle du faux modèle qu’est le mode de vie occidental.

Le mode de vie dont se targuent les "races supérieures" qui se croient "la civilisation" par excellence depuis 1756 (Mirabeau cité par Françoise Dufour) est écologiquement impossible et humainement un échec car il ne mène même pas au bonheur. La vie moderne n'est que régrès et mal-être (hausse des suicides, hausse de l'usage de substances psychotropes légales ou illégales, hausse des troubles psychiatriques). Les "races inférieures" jadis nommées "sauvages" sont depuis la fin des années quarante qualifiées de "sous-développées" tandis que les "races supérieures" se disent "développées". Les civilisés font miroiter aux yeux du reste du monde leur prétendu merveilleux mode de vie, ils décident de ce qu'est la mesure du "niveau de vie" et distribuent les bons points aux meilleurs élèves, ceux qui sortent plus vite de la "sauvagerie" seront récompensés par l'appellation flatteuse de "pays émergents", les autres, les perdants de la course au "développement" ont encore la tête sous l'eau, ils n'émergent pas. Ils sont immergés : on parlera de "pays les moins avancés". Toujours le même racisme. Rien de changé depuis les temps coloniaux. L'Occident fixe les règles du jeu. Un jeu qui s'appelle "le développement" depuis la Résolution 198-3 de l'O.N.U. le 4 décembre 1948. Il fallait après la guerre trouver une expression plus élégante que « pays arriérés » encore très utilisée. Le Président Truman choisira les mots « pays développés » et «pays sous-développés » dans son discours du 20 janvier 1949 en précisant : « Plus de la moitié de la population du monde vit dans des conditions proches de la misère […] ; sa vie économique est primitive et stagnante ».
Puis on remplacera « pays sous-développés » par « pays en voie de développement » sans même saisir l’outrecuidance extraordinaire de cette dernière expression : ces pays n’ont même pas le droit de décider en toute liberté de leur avenir, l’Occident définit d’emblée leur destin, c’est le développement ou rien ! Pas question d’envisager par exemple la stabilité, ou de trouver en eux-mêmes, en étant fiers de leur propre histoire, leur propre culture, les clés de la vie épanouie et agréable, sans tenir compte de ce qui se fait ailleurs, par exemple en Europe ! Et ce développement obligatoire, en plus, les occidentaux veulent désormais le faire « durer », le rendre « durable » pour reprendre le pire mot choisi par certains pour traduire « sustainable », alors que la seule urgence, au vu de la dégradation accélérée des équilibres écologiques est d'arrêter le développement. Il est absolument insoutenable. Il ne faut pas simplement changer de "mode de développement", il faut carrément se débarrasser du développement, donc surtout pas le rendre "durable". Les races supérieures, les civilisés, les développés doivent cesser d'inculquer au reste du monde leur mode de vie suicidaire qui nous précipite tout droit dans le mur des échéances écologiques, le mur de l'épuisement des ressources non renouvelables liquides, gazeuses ou minérales, le mur de létalité des pollutions de l'air, de l'eau, de l'alimentation, les plus graves étant la pollution radioactive et celle conduisant au réchauffement du climat et à l'acidification des océans. Il faut cesser de croire à notre supériorité, arrêter de croire que nous sommes "en avance", arrêter de définir nous-mêmes le sens de l'histoire, de pratiquer le « vol de l'histoire » pour reprendre le titre de l'ouvrage de Jack Goody (Gallimard 2010).

Le vers était déjà dans le fruit lorsque le monothéisme nous a gonflé d'orgueil à la fois vis à vis des "païens" et à la fois vis à vis des habitants non-humains de cette planète. Et nous continuons à occuper tout l'espace en détruisant tous les écosystèmes au point d'être coupable de la Sixième extinction massive des espèces animales et végétales. Nous ravageons la biodiversité. La masse des humains et de leur bétail pèse déjà 90% du poids des 5000 autres espèces de mammifères de cette planète ! Les 2000 biologistes qui étaient réunis à l'Unesco en septembre 1968 pour tirer la sonnette d'alarme sur la situation dramatique de la biosphère, disaient déjà tout cela il y a 44 ans. Les mathématiciens du M.I.T., à la demande du Club de Rome, démontreront début mars 1972 que si l'Occident continue sur sa lancée et incite les peuples du Tiers-Monde à faire de même, tout s'écroulera de façon catastrophique vers 2030. Début 2012, lors de la commémoration des 40 ans de ce Rapport au Club de Rome au Smithsonian Institute à Washington, son principal auteur, Dennis Meadows, a été encore plus pessimiste. Au vu des réactions insuffisantes, non proportionnées à la gravité des faits tout au long de ces 40 années, notamment l'échec des 4 Sommets de l'Environnement : Stockholm 1972, Nairobi 1982, Rio 1992, Johannesburg 2002, ce n'est pas en 2030 que le monde s'écroulera, mais plus tôt : vers 2020.

A la veille du 5e Sommet de l'Environnement, on ne peut que constater la tragique stagnation de la situation : fin mai 2012 l'ambassadeur de l'Inde disait à la sénatrice française Laurence Rossignol, coordinatrice du rapport d'information du Sénat "Rio + 20" (www.senat.fr) qu'il fallait que l'Occident arrête de vouloir brider la vitesse de développement des pays tels que l'Inde, la Chine ou le Brésil, car ces pays ne sont encore qu'en phase de rattrapage. Il ne fallait pas utiliser l'argument de l'environnement pour handicaper leur développement : « Laissez-nous d'abord atteindre votre niveau de vie, et ensuite, une fois l'égalité atteinte et que vous nous accueillerez au sein des Grandes Puissances, nous pourrons discuter des moyens de traiter des problèmes d'environnement ».
Tragique stagnation car les représentants des pays du Tiers-Monde disaient exactement la même chose à Stockholm en 1972 aux européens et c'est alors que les occidentaux décidèrent de satisfaire le tropisme mimétique des jeunes nations décolonisées converties « à haute et intelligible voix à la suprématie des valeurs blanches » (Frantz Fanon), en accolant le mot "développement" dans le vocabulaire censé traiter des problèmes d'environnement. On parlera de "développement écologique" (écodéveloppement, Ignacy Sachs) puis à partir de l'idée de I.U.C.N. et de W.W.F. en 1980, de "sustainable development", du vieux français (1346) "soustenable" qualifiant alors la bonne gestion de la forêt pour ne pas en entamer le capital (ordonnance de Brunoy du roi Philippe VI de Valois). Tragique stagnation car tant qu'on continuera à psalmodier comme dans un mantra "développement, développement, développement", par exemple cette "recommandation 3" parmi les 16 de la Commission sénatoriale Rio + 20 parlant du « droit au même niveau de développement pour tous » on continuera à nager dans la plus inepte des illusions. Nous avons déjà en termes d'empreinte écologique dépassé les capacités biophysiques de la biosphère depuis 1983 (Meadows 2012 p.20). Déjà les nations les plus follement consuméristes comme l'Europe de l'ouest et les U.S.A. Devraient fortement réduire leur niveau de vie. Il est mathématiquement impossible que le reste du monde se mette à vivre ne serait-ce que selon le standard du mode de vie français : il nous faudrait alors 6 planètes ! Voilà 40 ans que nous perdons un temps précieux. Dès 1972 il aurait fallu casser le mythe du "développement" et dire à Stockholm que l'Occident non seulement s'excusait d'avoir pratiqué la colonisation, mais qu'en plus cet Occident gonflé d'orgueil devait faire acte de contrition et avouer que son idéal de vie était un non-sens, que son prétendu "progrès" était un régrès, et que donc il demandait aux peuples du Tiers-Monde de détourner leur regard du dit modèle occidental, lequel est à défaire, n'étant qu'une monumentale erreur, et de se ressourcer auprès de leurs propres traditions pour retrouver les chemins de la dignité et de l'épanouissement. Plus qu'un génocide (le quart de l'humanité d'alors en 1500 presque totalement exterminé aux Amériques), la colonisation a généré un véritable ethnocide à travers la prétendue "œuvre civilisatrice" censée être "le devoir des races supérieures"(Jules Ferry). Apporter la civilisation, le développement, c'est introduire le complexe d'infériorité, c'est infantiliser des peuples qui étaient jadis adultes et autonomes.

Dès 1972 il aurait fallu au regard des conclusions des travaux des écologues démontrant le résultat déjà dramatique du "pillage de la planète"(F. Osborn, R. Heim, J. Dorst, R. Carson, B. Commoner, R. Dubos), faire la promotion de l'ENVELOPPEMENT en lieu et place du DEVELOPPEMENT et inverser les critères de valeur en saluant l'art de vivre écologiquement des SYLVILISATIONS et en dénonçant la démesure (hubris) suicidaire et l'orgueil raciste hallucinant de la CIVILISATION. L'enveloppement, c'est l'art de vivre en se glissant discrètement dans les écosystèmes, de façon à
laisser une place confortable aux autres espèces animales et végétales. L'enveloppement, c'est ce mode de vie modeste qui laisse toute la biodiversité s'épanouir en symbiose avec l'espèce humaine. C'est un peu le "Buen Vivir" issu de la vision quechua de l'harmonie qui a été récemment intégrée à la constitution de l'Équateur. Au contraire du développement qui n'est que l'étalement monodirectionnel et anthropocentrique qui repousse jusqu'aux dernières extrémités la vie sauvage, l'enveloppement est une figure repliée (et non dépliée, déployée, étalée) pluridirectionnelle et biocentrique qui multiplie les entrelacements et les circonvolutions, ce qui permet une profusion d'interfaces et de points de contacts, une densité d'échanges pour une vie sobre, frugale, débarrassée du superflu, où les mots "riches" et"pauvres" n'ont plus de sens, pas plus que l'obsession chez nous trimillénaire de "puissance", mais où la convivialité et la tranquille plénitude atteint des sommets. Le développement mutilait la personne humaine en ne valorisant que la sèche et froide raison. L'enveloppement rétabli l'être humain en sa complétude bigarrée et baroque, (Michel Maffesoli), épanouissant tous les sens, laissant s'exprimer les émotions, tempérant la raison par le modeste raisonnable, bref ce qu'on appelle la sagesse, qui, en principe, défini "Homo sapiens sapiens" ! L'homme biocentrique remet les pieds (nus) sur terre et retrouve l'humus, donc l'humilité.

Décoloniser notre imaginaire, changer de paradigme n'est pas un vain mot. Comme l'a répété Dennis Meadows le 24 mai 2012 à Paris, "it's too late for sustainable development". On a été trop loin, les dégâts sont déjà trop importants, on ne peut plus jouer naïvement avec cet oxymore ménageant diplomatiquement la chèvre et le chou. Au point où en sont les choses, à moins de 8 années de la date fatidique, il ne faut pas se contenter de réformettes ! Il faut révolutionner, bousculer sans ménagement nos préjugés. Trop tard pour la TRANSITION en douceur. Il faut basculer. Vite ! A quelques jours de "Rio + 20", il serait totalement contre productif d'en être encore à disserter benoîtement sur le "développement durable".

La demi-journée de réflexion aux Diaconesses à Paris 12e le 9 juin est dominée hélas par les économistes. Mais où sont passés les biologistes, si actifs au début des années 70 ? Les économistes ont vite fait de ne voir qu'une "crise", encore une, là où il s'agit pour la première fois du choc frontal d'ordre géologique entre une civilisation occidentale entrain de contaminer dans sa toxico-dépendance au consumérisme le reste du monde au préalable décérébré par la publicité et le bourrage de crâne développementiste et une fragile pellicule de vie mortellement atteinte par cette mégamachine folle, coincée dans son auto-accélération. La mégalomanie occidentale, que ce soit dans sa version capitaliste ou sa version socialiste, nous précipite vers l'implosion (P. Thuillier, D. Jensen). Nous ne serons jamais 9 milliards en 2050 ! (P. Chefurka, H. Stoeckel, C. Clugston). Des famines dantesques auront lieu, bien avant, accompagnées de guerres civiles, d'épidémies, d'émeutes et des raidissements fondamentalistes qui vont avec. Illusion de revanche des peuples humiliés lors de la Guerre de l'Opium et de la colonisation. Tout cela dans une ambiance de folie guerrière avec des États ne comptant plus que sur leur puissance militaire et leur capacité cynique à anéantir les émeutes : la Chine s'apprête à doubler son budget militaire ces 3 prochaines années après avoir augmenté ses dépenses militaires de 189% de 2000 à 2010, la Russie de 82% comme les U.S.A. (P. Larrouturou). Dans cette phase finale d'agonie des sociétés industrielles, nous laissons encore stupidement les publicitaires faire œuvre de crétinisation des masses, et les riches jouer à leur concurrence juste pour leur plaisir infantile de la frime ostentatoire : en jeter plein la vue, plaisir pervers, pathologique, de rendre jaloux, parader comme des gamins et se donner en spectacle aux ethnocidés des villes qui croient que le bonheur, c'est l'enrichissement. Syndrome mimétique !

La justice, ce n'est pas l'égalité au sens "tout le monde riche", c'est l'égalité dans la vie modeste et rurale, moins de biens, plus de liens, la fin des hiérarchies sociales par la multiplication des autarcies locales en revalorisant les savoir-faire artisanaux et locaux, héritage de l'ethnodiversité qui fait la valeur du patrimoine immatériel de l'humanité que l'Unesco a raison de promouvoir en défendant le pluriel des langues et des cultures, notamment les droits des peuples autochtones reconnus enfin par l'O.N.U. en 2003. Cette justice, cette égalité passe par l'éclosion des autogouvernements de petite taille, seule possibilité d'amortir en souplesse (résilience) les effets de l'effondrement des sociétés complexes (J. Tainter) prétendues modernes et civilisées. Et le tout avec des moyens très économes en énergie et ressources minières, des moyens basés sur tout ce qui pousse et donc se renouvelle naturellement du seul fait de la captation de l'énergie des rayons du soleil. Bref une vie juste ne peut qu'être une vie à très faible empreinte écologique, la seule dont le niveau est égalitairement partageable entre tous les habitants humains et non humains de cette planète. Or sur notre planète à taille finie, l'espace bio-productif utilisable est de 12 milliards d'hectares, soit actuellement 1,8 ha par personne, mais en termes d'empreinte écologique, cette surface maximum est déjà largement dépassée : 9,6 ha par habitant des U.S.A., 7,2 au Canada, 5,3 en France, 3,8 en Italie. Mais 0,8 en Inde et 0,5 à Haïti (S. Latouche 2012).

Quelles décisions in extrémis ?
La rupture radicale pour orienter les sociétés vers l'abandon du rêve occidental de puissance, rêve déjà en place dans les premiers empires en Chine, en Perse et en Égypte, ne pourrait résulter que d'un virage brutal et immédiat au vu du peu de temps qui nous reste avant l'effondrement : demain tous les publicitaires sont en prison, et tout ce qui distrait et divertit, interdit. Les mass-médias se consacrent uniquement à tétaniser les masses jadis abruties pour les désintoxiquer du rêve stupide du consumérisme. Plus rien vient de loin. Arrêt immédiat de tout véhicule, bateau ou avion à moteur thermique. Interdiction des toitures non productrices d'énergie pour fournir en électricité tous les habitants vivants en dessous ou à côté. Interdiction des toitures non cultivables en petit maraichage sur terrasses : il faut déminéraliser le paysage urbain en le revégétalisant. Confiscation immédiate de tous les biens des riches pour financer le retour à une vie besogneuse et décente tous les misérables (dotation conditionnelle d'autonomie) et pour financer le remplacement de
suite du nucléaire par les énergies renouvelables et miniaturisables, y compris la remise à l'honneur de l'énergie musculaire animale et humaine. Tout cela bien-sûr sans envisager de faire la même chose, la même gabegie énergivore mais dans un contexte de simplicité démocratiquement décidée. Arrêt de l'usage des énergies fossiles jusqu'au retour à la concentration préindustrielle des gaz à effet de serre...

Mais Bertrand Meheust explique bien dans "Politique de l'oxymore" et "Nostalgie de l'Occupation" pourquoi on ne prend pas le chemin de ce virage pourtant absolument indispensable au plus vite pour éviter des centaines de millions de morts. Si nous sommes effectivement tous dans un gigantesque Titanic condamné au naufrage : ne faut-il pas avant tout imaginer comment échapper à la noyade et mettre les chaloupes à la mer ? Organisons-nous maintenant en multiples groupes sécessionnistes pour basculer dans une vie totalement nouvelle et jouissive, avec nos enfants formés dès aujourd'hui aux métiers d'avenir : la vannerie, la poterie, le maraichage, la traction animale et les petites manufactures municipales de recyclage des métaux pour fabriquer des vélos...

C'est cela ou le "collapse"... l'effondrement sanglant qui nous feront regretter les deux "petites" guerres mondiales du XXe siècle.

Thierry Sallantin , juin 2012

militant écolo depuis 1967, présent à l'Unesco en septembre 1968 lors du premier congrès mondial sur la situation de la Biosphère; lauréat du Concours Général de géographie en 1970; boursier Zellidja 1971 (Niger), puis ethnologue amazoniste...
Ce texte est retrouvable dans une version un peu plus courte et une bibliographie moins complète sur la Toile, par exemple sur le site de "Netoyens" à la rubrique "réfléchir" sous le titre : "Le développement durable, c'est le problème, pas la solution."

Pour une version imprimable :


*Références bibliographiques* :
Françoise Dufour 2010 : De l'idéologie coloniale à celle du développement.
L 'Harmattan
Pierre Achard 1989 : La passion du développement. Thèse Paris VII
Pierre Achard (sous la dir.de-)1977 : Discours biologique et ordre
social.ed. du Seuil Lynn White JR 1966 : Les racines historiques de notre
crise écologique. In D. Bourg, PH. Roch (dir.) Labor et Fides
Jacques Grinevald 2010 : La thèse de Lynn White JR sur les racines
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méthodes douces d'artificialisation des forêts en décolonisant notre
imaginaire d'occidentaux ne jurant que par l'AGER (guerre à la nature).
Nouvelles interrogations autour des notions de SYLVA, AGER et HORTUS.
Exemples des agricultures Wayampi (Guyane française) et Yanomami
(Vénézuéla). En ligne sur le site de "morikido"


*Comment traduire "sustainable development" ?*

J'habite à côté de la forêt de Brunoy, un peu au sud de Villeneuve Saint Georges, cette forêt de Brunoy que le roi Philippe VI de Valois voulait protéger et bien gérer par *son ordonnance de 1346*, celle-là même qui est à l'origine du concept créé en 1980 par les deux organisations internationales de protection de la nature IUCN et WWF :
*sustainable development*

car ces deux organisations cherchaient alors une expression un peu langue de bois, un peu contradictoire et hypocrite pour dire "tout et son contraire" : à la fois protéger et détruire la nature, à la fois favoriser l'économie tout en favorisant aussi l'écologie, hypocrisie volontaire pour plaire à tout le monde, se fâcher avec personne, ce qui est le principe des expressions diplomatiques. En clair il fallait rassurer les pays du Tiers-Monde, en colère depuis le première conférence de l'ONU sur l'environnement, en 1972 à Stockholm, car ils ne voulaient pas qu'on les bride dans leur espoir de se "développer" au nom des mesures de protection de l'environnement. D'où le stratagème alors choisit : caresser les Etats et le monde des entreprises dans le sens du poil en fabriquant pour leur plaire une expression qui contient leur mot-fétiche : "développement"...et y accoler un qualificatif évoquant les impératifs écologiques de la gestion prudente pour maintenir l'harmonie au sein des écosystèmes...

Petite histoire du mot anglais "sustainable",dont on remarquera les deux "s" = sus. Il vient du vieux français utilisé dans ce texte de 1346 = sous tenable, soustenir, avec deux "s", et en français actuel, un seul "s" = soutenir, soutenable, soutenabilité (sustainability). Le roi demandait à ses fonctionnaires appelés "Maîtres des forêts" de bien gérer (to manage = ménager, prendre soin) la forêt de Brunoy en établissant les quotas de coupes de bois = ne pas couper trop, pour ne pas entamer le capital de bois, laisser le temps à la forêt de repousser. Cette bonne gestion, prudente et écologique permet de respecter la capacité naturelle de renouvelabilité de la ressource en bois pour tenir compte des besoins des générations suivantes. Ainsi la forêt existera toujours, elle pourra se "soustenir", soutenir perpétuellement, pour le bienfait des générations futures. Une bonne gestion est une gestion soutenable.

Le mot "sous-tenir" signifie à l'origine "tenir par en dessous", en prenant la précaution de se placer exactement en dessous, pour avoir la charge à porter, tenir, bien équilibrée au centre de gravité. Même sens pour "supporter", porter par en dessous.

Donc dès le début ce mot fait appel à une notion d'équilibre. D'où le sens actuel de "précaution écologique", d'équilibre écologique...

Le 24 mai, conférence en anglais de Dennis Meadows à Paris. C'est lui qui nous a raconté comment à 27 ans en 1972 il avait participé à la rédaction du fameux rapport au Club de Rome que j'avais lu avec la passion de mes 19 ans à l'époque;
sur internet en tapant sur google : "le club de rome confirme la date de la catastrophe" et aussi = "Is it too late for sustainable development" on découvre les propos de Dennis Meadows tenus à Washington au Smithsonian Institution le premier mars 2012, à l'occasion du 40e anniversaire de ce fameux rapport = "The limits to Growth". J’ai pu rencontrer Dennis Meadows juste après cette conférence, on a sympathisé, il m'a donné son adresse. Il a expliqué à cette conférence pourquoi il était hélas désormais trop tard pour lancer le "sustainable development", car de toute façon cette expression est contradictoire : il a expliqué que le développement ne peut pas être soutenable. Il a précisé que pour lui l'expression "sustainable development" est un oxymore, ce que nous étions quelques uns, avec Serge Latouche (par exemple dans la revue "Tiers-Monde n° 100) à dire dès la fin des années 1980...
Seule la stabilité est soutenable, pas ce qui se développe, croît, augmente, gonfle, grossit. Donc il faut d'abord arrêter le développement. Et ensuite inventer des modes de vie qui gaspillent moins : des modes de vie soutenables, à faible empreinte écologique. Juste ce qu'il faut pour vivre, avec sagesse et simplicité, ce qui est aussi le sens du mot français "se sustenter", repris par la langue espagnole pour traduire "sustainable". Les portugais aussi ont choisi de ne pas dire « durable ».

Personnellement, je remplace "développement" par "enveloppement". Cette idée commence à se répandre : Edgar Morin et Michel Maffesoli l'utilisent. Toute cette histoire pour dire que la bonne traduction de "sustainable", c'est "soutenable" : ne jamais dire pour traduire ce mot : "durable", adjectif qui plaira au monde des affaires, troublé par le succès médiatique du Sommet de Rio en 1992, bombe qu'ils cherchèrent alors à désamorcer en rédigeant "l'Appel de Heidelberg" la veille du début de la Conférence internationale à Rio. C'est pour cela aussi que début juin 1992 les deux
hommes d'affaire Maurice Strong et Stephen Schmidheiny créèrent le Business Council of Sustainable Development, et depuis ce club des plus grosses multinationales aide les plus gros pollueurs à se faire pardonner leurs crimes environnementaux. Maurice Strong, pdg de sociétés canadiennes œuvrant dans l'hydroélectricité et le pétrole est aussi depuis 1972 le Secrétaire Général nommé par l'ONU pour coordonner toutes les conférences internationales sur l'environnement. Il a été remplacé à ce poste fin 2010 par le français Brice Lalonde. C'est lui qui a créé en 1983 dans le cadre de l'ONU la commission "Environnement et Développement", et c'est à ce moment là que les milieux d'affaire ont trouvé que l'astuce sémantique créée par IUCN et WWF trois années avant : "sustainable development", était une bonne expression pour réintroduire les priorités économiques dans ces discussions sur l'environnement. Maurice Strong placera à la tête de cette commission l'ancienne ministre de la Norvège Gro Harlem Brundtland, et c'est par son rapport de 1987 "Notre avenir à tous" qu'elle rendra célèbre l'expression "sustainable development". Quant à Stephen Schmidheiny, président du plus grand groupe mondial spécialisé dans l'amiante, il a été condamné en février 2012 à Turin à 16 ans de prison au grand procès italien des victimes de ce minerai aux fibres cancérigènes. Préférer "durable" à "soutenable est normal dans la logique managériale car pour ceux qui se soucient avant tout de leurs bénéfices et vivent rivés au seul court terme, ce qui doit durer, c'est la machine économique, elle doit continuer à se développer le plus longtemps possible, pour que la compétitivité des entreprises soit durable. Les francophones qui cherchent d'abord des bénéfices durables utilisent désormais le qualificatif "durable" à toutes les sauces, car il est devenu un vocable indispensable pour faire du "green-washing", une simple astuce dans les politiques de communication, une coloration verte à la mode, l'art de se faire passer pour "écolo" tout en faisant tout pour maintenir la rentabilité des investissements, de façon "durable".
Le qualificatif "soutenable" fait moins penser à la durée car il tient compte des impératifs d'équilibre écologique pour que la pérennisation puisse se dérouler en toute harmonie. Et ces impératifs sont complexes, multi-factoriels, plein de boucles de rétro-action. Faire seulement "durer", c'est bien plus simple (et simpliste !) : juste continuer sur le seul axe du temps. Rien changer pour continuer à faire des affaires. Coûte que coûte, durer, et faire taire ces "écolos" qui osent demander aux tribunaux de faire payer les pollueurs...

Dire "durable", c'est faire injure à la langue anglaise qui possède le mot "durable" dans sa langue et ne l'a pas choisi, préférant "sustainable", qui a une longue tradition d'usage dans le vocabulaire anglais pour traiter des sciences de la gestion des forêts. De plus lors de la première parution en langue française du Rapport Brundtland "Notre avenir à tous", éditions du Fleuve, Québec, en 1988, c'est bien le mot "soutenable" qui avait été choisi.
C'est faire aussi injure à l'origine française, attestée dans ce texte ci-dessous de 1346, du mot "sustainable" (soutenable, soutenir, soutenabilité)
Voici le texte d'origine :

*Ordonnance de Brunoy, roi Philippe VI de Valois, 1346*

*"Les Maîtres des forêts enquerreront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et ferons les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que les-dîtes forêts et bois se puissent perpétuellement soustenir en bon état."*

Thierry Sallantin


Lauréat du Concours général de géographie, boursier Zellidja (Niger, Azaouak, Touareg), ancien élève de Pierre Aguesse en écologie puis de Robert Jaulin et Pierre Clastres en ethnologie. Ethnologue amazoniste…